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— Travaille bien ! Ordonne chaleureusement un vieil homme à sa petite protégée qui l’enlace chaleureusement. Elle va bientôt détaler en direction de la bouche de métro la plus proche.
C’est par ce moyen de transport qu’Ashelia Wilson se rend tous les jours à son lycée, le « Crenshaw Highschool », sur la onzième avenue, à Los Angeles.
Cette jeune fille de dix-huit printemps a vécu l’intégralité de son enfance dans un orphelinat californien.
En effet, sa mère biologique, dépressive à cause d’un homme qui ne reconnaissait pas son propre enfant, s’est finalement décidée à abandonner son bout de chou, un an après la naissance de celle-ci, devant un établissement salvateur. La femme meurtrie détruite par un amour à sens unique ne trouvait plus la force d’être le parent de ce bébé qui lui rappelait sans cesse son ex-fiancé. Elle n’avait aussi plus la santé de prendre soin de qui que ce soit et ne voulait pas infliger une vie horrible à une innocente qui n’avait rien fait pour mériter cela. Elle abandonnait donc sa fille dans un orphelinat situé dans la même ville que son père. Parce qu’un jour, lorsqu’elle irait mieux et serait prête à reprendre sa vie en main, elle reviendrait chercher son enfant pour s’en aller toquer à la porte de l’homme qui les a oubliées. C’était cette promesse qu’elle faisait au-dessus du couffin de son bébé, tout en lui murmurant qu’un jour, elle trouverait elle aussi sa place en ce monde. Que des gens sauraient l’aimer et lui apporter tout l’amour qu’elle mérite. Elle était inondée de larmes en gémissant cela. Croyait-elle vraiment à ses propres mots à ce moment-là ?
C’est alors qu’Ashelia, fillette au caractère difficile, vécut une enfance tumultueuse, enchaînant les foyers et les allers-retours à l’orphelinat, mais gardant toujours l’espoir de voir réapparaître, un jour, sa vraie maman devant la grille noire de l’établissement qui l’avait recueillie. Elle y croyait dur comme fer, car on lui a certifié que celle-ci avait dit qu’elle reviendrait la chercher.
Ashelia devait donc se montrer patiente. Elle se devait de l’attendre !
« This is my temporary home… »
Quelques années plus tard, la jeune orpheline fêtait ses douze ans et atterrissait chez Garrett Wilson, un vétéran aigri à la retraite qui ne souhaitait pas finir ses jours seul. L’homme n’avait plus de famille depuis longtemps et désirait combler ce manque avec cette adolescente qu’il décidait à prendre sous son aile. Ses grands yeux bleus ; pourtant sauvages et indomptés ; l’avaient ému, un jour où il visitait l’orphelinat à la recherche d’un coup de cœur. Qui aurait pu croire que ce jour-là, son choix s’arrêterait sur une gamine capricieuse…
À ce moment-là, Ashelia avait déjà cessé de se leurrer d’illusions au sujet de sa mère. Elle ne saccagerait donc pas cette nouvelle relation avec ce monsieur afin de retourner le plus vite possible à l’orphelinat. Elle était lasse d’attendre une femme qui, au fond, n’était qu’une génitrice pour elle.
À douze ans seulement, Ashelia Muller acceptait de se réaliser seule au monde dans une vie où elle n’avait pas sa place ; le jour où la directrice de l’orphelinat la jugeait en âge d’apprendre ses véritables origines. Sa mère les lui avait confiées.
Enfant non désiré du chanteur « Maaron » et d’une mère dépressive qui n’a plus donné signe de vie depuis très longtemps. Personne de son orphelinat n’était capable de lui dire quoi que ce soit d’autre sur sa génitrice. Elle semblait avoir disparu de la circulation peu après l’abandon… Malgré ses promesses faites à l’époque sur le fait de revenir chercher sa fille. Elle n’avait même pas laissé son nom de famille.