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~ Et puis les autres, les figurants… ~

Surnommée la « citée des anges », la ville de Los Angeles est située au sud de la Californie, dans la vallée de San Fernando. Très étirée, presque tentaculaire, elle se place juste derrière New York pour le titre de plus grande ville des États-Unis. L.A est mondialement connue pour son activité scientifique, culturelle, mais aussi pour son cinéma, ses quartiers chics ainsi que ses plages mythiques. L.A. demeure l’un des points d’entrée d’immigrants les plus importants aux États-Unis. Elle attire les populations grâce à son climat de rêve, son style de vie et l’opportunité d’y réaliser le rêve américain.

Los Angeles signifie « les anges » en espagnol. Ses habitants sont appelés « Angelenos » ou « Angelinos », ce qui signifie « les Angelins ».

La superficie de la ville étant importante, Los Angeles est divisée en plusieurs quartiers qui forment à eux-mêmes des villes indépendantes avec leurs propres mairies, polices… Parmi ces nombreux quartiers, (au nombre de 88 au total) on trouve Hollywood, célèbre pour ses studios de cinéma, et Beverly Hills ou de nombreuses célébrités sont venues résider.

Au sud de Los Angeles se trouvent d’autres quartiers et villes comme Venice, Santa Monica, Long Beach, San Pedro, Marina del Rey… Malibu.

C’est à Los Angeles, dans un quartier résidentiel de Santa Monica, que commence notre histoire.

— Tu ne rentreras pas trop tard du lycée, n’oublies pas que ta mère sera de retour en fin d’après-midi, informe Raphaël Bauer, ingénieur du son chez Universal Music, à son fils ainé qui arrive dans la salle de séjour par l’escalier menant au premier. À ce palier se trouve la chambre du couple Bauer ainsi que celle d’Alarich, l’un des cadets de la fratrie, mais aussi l’adolescent qui requiert le plus d’attention de la part de ses parents. Les deux autres pouvant être au second étage.

— Ouais, soupire Joakim avec nonchalance sans arrêter ses pas alors que son père est perdu dans ses pensées, songeant encore au moment où il retrouvera l’épouse qui lui a tant manqué.

Rêvassant, Raphaël ne réalise même pas que son fils de dix-sept ans, actuellement en dernière année de lycée, détale derrière lui. Le père de famille est toujours en train de penser au retour imminent de sa femme… En effet, sans sa moitié, son âme sœur, cet homme d’âge mûr est incomplet et vide.

C’est pour cette raison que la carrière de sa bien-aimée l’a toujours démoralisé au plus haut point, car il supporte très mal les séparations que celle-ci impose, même si ceux-ci ne sont généralement que de courte durée… « Deux mois, dans une existence, ce n’est rien ! » Tentait régulièrement de le rassurer la célèbre chanteuse Éva Lee. Mais pour Raphaël, deux mois, huit semaines, ce sont déjà trop de jours passés loin de sa femme… Ces absences répétées faisaient souffrir l’ancien guitariste/chanteur qui avait justement mis un terme à sa propre carrière pour éviter ces désagréments, qui n’étaient, selon lui, pas compatibles avec la vie de famille.

L’époux Bauer a toujours été un homme dévoué aux autres et surtout aux siens.

Ce côté «  trop bon, trop con », Joakim Bauer le connait bien. C’est l’un des traits de caractère que le lycéen exècre le plus chez lui. Promptement, l’adolescent se dirige vers le garage où se trouvent les voitures de ses parents ; en l’absence de sa mère, Joakim utilise le 4×4 de la concernée. C’est grâce à ce véhicule qu’il se rend au lycée, le Los Angeles Highschool, situé en plein cœur de L.A, en compagnie de sa cadette Erika. Une passionnée de danse comme on n’en fait plus et à qui il doit généralement lancer un « On bouge ! », pour la déloger de sa salle de gymnastique personnelle pour que celle-ci daigne enfin aller se préparer pour aller en cours. Joakim n’étant pas de nature patiente, il lui est souvent arrivé de filer seul en la laissant sur le carreau. Après tout, la station de métro la plus proche déverse à moins de deux cent mètres de leur lycée… Et il n’y a pas écrit « taxi » sur son front !

Pourtant, aujourd’hui, Joakim ne fera pas le « sale con » comme sa sœur lui soupire parfois, lorsqu’il la laisse en rade, parce que ce matin, il est étonnement de bonne humeur. En effet, sa mère revient cet après-midi de cette tournée musicale de deux mois à travers tout le pays et l’idée de la retrouver ravit le jeune homme qui a toujours entretenu d’importants liens affectifs avec celle qui l’a mis au monde. Les relations avec son père, quant à elle, sont plus délicates. Joakim a beaucoup de mal à se soumettre à son autorité, qu’il ne tolère pas, n’accepte pas. La vérité est que son père l’agace au plus haut point, ce qui en surprend plus d’un, lorsque l’on connaît le caractère agréable de Raphaël Bauer. L’homme a plus d’amis que de détracteurs, et il fait habituellement bon vivre à ses côtés. Les chiens ne font pas des chats, encore un proverbe bien mensonger, pourrait-on dire ! Ces deux hommes n’ayant pas grand-chose en commun, à première vue.

C’est d’un pas tranquille que Joakim pénètre dans la salle où s’entraine sa cadette pour la prévenir de leur départ imminent pour le lycée. L’expression de son visage est, pour une fois, sereine. Il a l’air apaisé. Il prend même du plaisir à observer les quelques pas de danse de sa brunette de sœur et n’est pas pressé de l’interrompre. La musique adoucit les mœurs… Et celle de son frère, le brun qui exécute la parfaite reproduction de Moonlight Sonata de Beethoven, sur laquelle Erika s’entraine, est un régal pour ses oreilles.

Malgré sa trisomie 21, Alarich Bauer est un véritable virtuose de la musique qui n’a jamais pris le moindre cours de piano.

De nombreuses angoisses et doutes avaient évidemment assailli le couple Bauer dès que ceux-ci avaient été mis en garde, par une échographie, de la présence d’un trisomique parmi les jumeaux que la chanteuse Éva Lee s’apprêtait à mettre au monde. La petite fille semblait normale, mais son frère présentait déjà des signes flagrants de la célèbre malformation. Ce danger n’avait cependant nullement effrayé le couple aventureux et fou amoureux. Ils aimeraient cet enfant comme il le mérite… Et c’est d’ailleurs ce qu’ils ont toujours fait. Fiers aujourd’hui d’avoir toujours traité leurs trois chérubins de la même manière. Leur Alarich est heureux, ils n’en ont jamais douté. Suivi depuis son plus jeune âge par deux orthophonistes, un kinésithérapeute et l’un des meilleurs pédiatres du pays, le jeune trisomique est assuré d’une vie aussi longue que la moyenne ; et presque normale.

— J’ai une prof absente, je commence à onze heures ! Informe Erika à son frère ainé dès qu’elle l’aperçoit, pour qu’il lui réponde un simple « OK » avant de tourner les talons en direction du garage. Alarich se relève de son piano à queue juste après, en s’exclamant, l’air heureux, en direction de sa sœur jumelle.

— On va manger gâteaux ?

— On va manger DES gâteaux ! corrige affectueusement celle-ci, — mais d’accord ! espèce de ventre sur pattes !

— Maman revenir bientôt. Un tendre sourire se dessine sur le visage du jeune trisomique.

— Tu as hâte, hein ! Allez, viens, répond Erika en se rapprochant de son frère pour le prendre par la main et l’emmener avec elle dans la cuisine où les deux vont avaler quelques cookies que leur cuisinière a du finir de préparer il y a moins d’un quart d’heure. Leur délicate odeur traîne déjà dans le couloir de l’entrée.