~ 015 ~

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À quelques mètres de là, dans le jardin de la maison voisine, Jeffrey Beckers s’entraine à mettre des paniers devant son fils unique, Noah.

— Alors, tu es prêt à tout déchirer demain ?! sourit chaudement le lycéen blond à son père.

— J’espère ! On joue contre Dallas et tu sais qu’ils restent notre talon d’Achille ! Rappelle le capitaine des Lakers de Los Angeles à sa progéniture adorée.

— Moi je te fais confiance ! Je sais que tu vas vendre du rêve à tes fans, comme d’habitude ! réconforte Noah avec assurance.

— Ouais bah faudrait qu’un jour, on fasse plus que vendre du rêve, if you see what I mean ! rit Jeffrey.

Il tente de prendre avec le sourire, les trois précédentes défaites de son équipe, contre celle de Dallas, justement !

 

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Du côté des Bauer et alors que Joakim se préparait à prendre sa douche pour se coucher tôt, voilà qu’il doit prendre un appel de l’un de ses plus proches amis, Miguel Sanchez. Celui-ci lui demande de le rejoindre au plus vite.

~ 016 ~

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Une requête rapidement acceptée, avant que son smartphone sonne de nouveau immédiatement après. Excédé, le jeune Bauer grogne alors que le nom du nouvel interlocuteur apparait sur son écran tactile :

— Ouais, quoi ? envoie-t-il froidement.

— Hé bah alors, tu fais quoi ? Je t’attends, moi !

Il s’agit de Kristofer, l’un de ses meilleurs amis. Joakim a d’ailleurs eu toujours beaucoup de mal à offrir cette étiquette, soit à son cousin Noah, soit à Kristofer, voire encore à Miguel Sanchez, pour finir par se dire qu’ils devaient très certainement tous la détenir, à tour de rôle, chacun dans une vie différente…

— Je ne peux pas venir, j’ai une urgence.

— Elle s’appelle « l’analphabète », ton urgence ? pouffe Kristofer d’un air moqueur.

Narcissique, élitiste et imbu de lui-même, l’héritier de l’empire Peninsula n’hésite jamais à écraser, telles des punaises inférieures, tous ceux qui ont le malheur de ne pas posséder son rang social. 

— Je passerais peut-être après. Souffle froidement Joakim en éteignant son téléphone.

~ 017 ~

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Angoissée à l’approche du concours qu’elle souhaite remporter, Erika trouve difficilement le sommeil ce soir, au point de finalement décider de se relever de son lit pour se préparer un lait chaud. 

Il est vingt-trois heures trente quand elle pénètre dans la cuisine, en faisant le moins de bruit possible. Arrivant sur place, la télévision allumée attire aussitôt son attention, car ses parents regardent avec émotion le DVD de sa victoire à Starquest, dans la catégorie Mini-Junior. Ces deux-là n’avaient-ils donc pas réalisé son stress, pour vouloir lui infliger la vision de leurs visages béats d’admiration devant ses anciens exploits ?

— Ma chérie ! s’exclame immédiatement Éva dès qu’elle l’aperçoit. Viens voir la vidéo avec nous, tu « étais trop mignonne ! »

Gênée, Erika ronchonne, puis se décide finalement à se préparer un macchiato au caramel sur leur merveilleuse machine à espressos ; sans aucun doute l’un des meilleurs achats de cette maison ! 

— Arrêtez, c’est la honte, souffle-t-elle en fixant son breuvage qui coule dans sa tasse.

En effet, « lorsqu’on décroche une première place grâce à un air de bébé attendrissant qui vole l’âme des juges, on s’en vante rarement par la suite ! » Songe l’adolescente, qui ne retire aucune fierté dans cette victoire. 

— Du tout ! Et si tu as obtenu ce trophée une fois, tu peux le refaire ! poursuit sa mère, les yeux brillants d’admiration.

— Le niveau est très élevé, cette année. Et je ne suis plus en Minijunior.

— Oui, mais tu es la meilleure, ajoute paisiblement Raphaël avec naïveté et candeur.

Il agace ainsi prodigieusement son enfant.

— Non ! Je n’ai encore jamais gagné réellement Starquest ni même terminé dans le top 3 ! grogne l’adolescente en commençant à s’exaspérer.

— Mais.. Mais il y a quatre ans, avec Jonathan, vous avez été sixième… ose timidement Éva dans la crainte de recevoir une balle perdue.

— Sixième en couple junior ! Et on a été minables, en plus, notre chorégraphie était médiocre !

— Si on t’écoute, toutes tes chorés sont ratées, et patati, et patata, mais tu remportes tout de même des compétitions, le Hall of Fame, par exemple, soupire Raphaël, las.

— Le Hall Of Fame, ça ne prouve rien ! Je sais que je n’ai pas encore le niveau pour Starquest, c’est tout ! boude toujours Erika dans la cuisine. 

— Je te signale, ma chérie, qu’il y a deux ans, tu as été deuxième aux nationales ! s’empresse d’intervenir Éva en se précipitant vers sa fille pour lui faire un câlin.

L’air affectueux, elle ajoute ensuite :

— Ne doute plus de toi ! Tu es très douée ! Et même si tu n’es pas toujours première, tu es souvent bien classée !

Et c’est justement là que se situe le souci d’une sportive ambitieuse qui considère comme une défaite, le fait de ne pas grimper sur un podium.

L'Améthyste