~ 193 ~

Temps de lecture : 4 minutes

— Tu t’es perdu ?  La maison de Kristofer n’est pas par ici, ironise Trisha en levant les yeux au ciel.

Joakim resta silencieux, le regard rivé sur les mouvements de post-it.

Un ange passe pendant près d’une minute.  La rouquine sent son cœur se serrer.

— Joakim, trouves-tu qu’on est bien ?  Soupire-t-elle finalement pour relancer la conversation.

— De quoi ? questionne l’interrogé, dubitatif.

Il peine à s’impliquer dans ce genre de discussions où il faut essayer de deviner les pensées des autres, ces êtres incompréhensibles.

— Tous les deux, nous, trouves-tu qu’on est bien ?  Apprécies-tu notre relation ?  répète Trisha avec calme.  Parce que tu m’esquives presque tout le temps maintenant, et…

— Je ne t’esquive pas, la preuve, je suis là.

— Et après la promenade de Post-it, tu vas me dire bonne nuit et je ne te reverrai que dans trois ou quatre jours.

— Tu es devin ?

— Et allez, il se moque, pour changer…  grommelle Trisha dans un soupir prolongé.  C’est fou, tu es vraiment incapable d’échanger trois phrases avec quelqu’un sans essayer de te moquer de lui.

— Bah….

Un ange repasse pour une nouvelle et interminable minute, puis Joakim reprend, afin d’essayer de trouver un compromis.

— Tu veux qu’on mange dehors, ce soir ?

Trisha laisse échapper un sourire furtif.  Elle apprécie la proposition, puis se relève du banc sans un mot.

Elle essaie d’y croire, malgré qu’une petite voix lui susurre qu’une fois encore, elle se fait berner par de belles et douces promesses.

Soudain, son regard se porte sur une fillette aux vêtements sales qui porte un chaton, à quelques mètres de là.

L’enfant se dirige timidement dans sa direction.

— Lui, c’est mon meilleur ami, mais il est très malade, bafouille-t-il, l’air triste.  Si je ne le soigne pas, il va mourir.  Peux-tu m’aider à le sauver ?

Les yeux de la fillette se remplissent de larmes alors qu’elle supplie son interlocutrice et Trisha, profondément gênée, touchée par l’animal qui gémit contre elle, supplie aussitôt son petit ami :

— Joakim…  Je n’ai pas mon sac sur moi, tu peux lui donner quelque chose ?

Le concerné dévisage aussitôt sa rousse d’un air sceptique, l’air ahuri, avant de sortir son portefeuille pour en extraire trente dollars qu’il se presse de donner à la gamine.

— Merci, merci, merci, que Dieu vous garde !!  piaille celle-ci.  Vous faites un couple magnifique !!  Vous êtes géniaux !

— Merci beaucoup, fait timidement Trisha une fois la gosse repartie en courant.

Elle prend tendrement la main de son petit ami en lui offrant un regard attendri.

— On rentre ? lui sourit-elle, heureuse.

— Attends-moi ici, j’en ai pour cinq, dix minutes.  l’informe Joakim. Reste ici et ne bouge pas.

Il file aussitôt après son ordre, dans la direction empruntée par la fillette.

Trisha s’intrigue de sa façon de détaler ainsi, mais elle le laisse filer sans chercher à voir le mal dans ses actions.  Il ne va tout de même pas tenter de récupérer son argent !  Elle le sait insensible, mais pas à ce point.

~ 194 ~

Temps de lecture : 3 minutes

Trisha a visé juste, car en effet, ce n’est pas vers ses trente dollars que Joakim fonce, mais plutôt vers l’enfant larmoyant qu’il sait complice d’une arnaque.

Il ressent une certaine amertume de réaliser la Cité des anges aussi sale et souillée par la perversion de l’humanité.

Caché à quelques mètres des deux racailles qui récupèrent le butin de la jeune actrice, il observe le chaton blessé qui tremble près d’eux. L’enfant soi-disant éploré l’a presque jeté au sol une fois arrivé auprès de ses comparses. « Il n’y a pas d’âge pour être une raclure… »  Joakim se glisse dans leur ruelle, le regard hostile, les poings serrés. Sans un mot, il envoie un coup de poing dans le faciès du premier malfrat, tandis que la fillette crie déjà en se remettant à pleurer. Le deuxième vaurien beugle aussitôt et fonce sur le jeune Bauer pour défendre son ami. Un affrontement à deux contre un débute. Apeurée, la fillette file sans demander son reste et en laissant le fameux chat derrière elle.

De son côté, Trisha remue quelques craintes dans son esprit. Pourquoi son petit ami met-il autant de temps à revenir ? Elle s’agace. Se pose mille et une questions. Elle s’énerve contre lui. Il commence vraiment à lui casser les pieds !

« Il ne peut décidément jamais être correct plus de deux minutes ! » marmonne-t-elle dans sa barbe, lasse. Blasée, elle attrape son téléphone portable pour échanger quelques SMS avec Jay Kellers, qui, lui, au moins, ne se paie pas sa tête toutes les dix secondes !

Joakim revient vers elle peu après, le chaton dans les mains. Les yeux de sa rousse s’écarquillent de surprise alors qu’elle l’inonde de questions :

« Pourquoi a-t-il le visage blessé ? »  « Avec qui s’est-il battu ? »  « Il n’a tout de même pas levé la main sur une enfant, tout de même ?! »  « Pourquoi porte-t-il son chaton ? »  « Qu’a-t-il bien pu faire, encore ? ! »  « Va-t-il avoir des problèmes avec la police ? ! »  Sa colère et un sentiment d’angoisse montent crescendo, tandis que son petit ami lui tend le chaton en lui apprenant que l’adorable enfant en larmes n’était en vérité qu’une arnaqueuse qui avait pour habitude d’escroquer les couples naïfs. La rouquine se sent brusquement très bête en apprenant cela et son visage en perd son expression de colère. Un timide sourire se dessine très vite sur son visage, alors qu’elle se met à câliner l’animal tremblant.

— On ramène Post-It chez toi et on emmène le chaton dans une clinique vétérinaire ? proposait-elle timidement en plongeant son regard dans celui de son petit ami.

— J’ai à faire, là, alors vas-y. Je t’appelle plus tard, promis.

Plus tard, et promis. les mots préférés de son petit ami, mais Trisha lui sourit gentiment bien qu’il soit de nouveau en train de lui mentir. Elle ne veut plus discuter avec ses mensonges et préfère le laisser filer, où il veut et autant de temps qu’il veut ! Elle se préoccupe actuellement plus de la santé du chaton que du dernier soupir de son couple…

~ 195 ~

Temps de lecture : 3 minutes

 

*

 

Pendant ce temps, Erika revient tranquillement dans sa chambre après son entrainement avec Jonathan. Ils ne se sont toujours pas mis d’accord sur le titre qu’ils interpréteront aux « Nationales » et cela commence à les angoisser sérieusement ! Ils veulent trouver LE titre parfait…

Si cela continue, ils devront en piocher un dans leur liste « second choix » et cela ne ravit pas du tout la danseuse, mais, tandis qu’elle ronchonne sa mauvaise humeur, un paquet coloré posé sur son lit attire très vite son attention.

Son cœur bondit dans sa poitrine alors qu’elle se jette telle une furie dessus, déjà convaincue qu’il s’agit là d’un cadeau d’anniversaire en retard ; peut-être de son frère aîné ?

Bingo. Sous l’emballage, une clef USB, ainsi qu’une lettre manuscrite, d’une écriture de cochon qu’elle reconnaît très vite, l’air ému.

« Les juges ont toujours une préférence pour les titres originaux, alors je t’en ai sélectionné un que papa a chanté à l’époque. Tu partiras avec un avantage sur les autres grâce à cela. »

Sans attendre, la brunette se précipite sur son ordinateur pour écouter, l’adrénaline affluant, le fameux son. Elle ne visualise pas du tout le titre que son frère semble lui conseiller et est pressée de le découvrir ! 

Cinq minutes plus tard, les premiers accords d’Apologize éveillent et envoûtent ses oreilles. Elle ne connaissait pas cette chanson, mais l’adore déjà…

Comment son frère se l’était-il donc procuré ? Sur le coup, elle le trouve génial et les larmes lui montent aussitôt aux yeux.

Elle l’a terriblement mal jugé : ce frère qu’elle considérait comme égoïste vient de lui prouver qu’il a fait des pieds et des mains pour lui apporter un titre qui n’est plus commercialisé aujourd’hui. Elle se sent bête d’avoir été si immature et ingrate…

Alors, ravie, émue par son cadeau et refusant d’attendre qu’il rentre à la maison, elle s’empresse de lui envoyer un message de remerciement :

« Merci pour la chanson, tu es le meilleur et je t’aimeuh face de pou ! 😀 »

L'Améthyste

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