~ 187 ~

Temps de lecture : 6 minutes

 

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♪ See another day – CRASH ♪

  

Trisha Hill sort de cours en fin d’après-midi et se rend à Click Models. Cette journée l’a agacée, car une fois de plus, ni son petit ami ni même Amy Wills n’ont daigné se rendre au lycée aujourd’hui. La rouquine commence à en avoir assez de la guerre froide qui persiste entre elle et sa meilleure amie. Elle attend avec impatience de la croiser en face à face et, si cela ne se produit pas, elle se rendra en personne chez la blondinette. Elles ont besoin de parler…

[…] crush my bones, put me on fire. Brise-moi les os, jette-moi dans le feu.

Blow me away with guns for hire. Tire et laisse-moi me vider de mon sang pour pas grand-chose.

Chain me down and leave me dying […] Enchaîne-moi et laisse-moi crever à petit feu.

Elle marche d’un pas lourd vers l’entrée du bâtiment, le cœur lourd et l’air ailleurs. Sa relation avec son petit ami battant de l’aile en ce moment, elle peine à se séparer de cet état de morosité qui la dévore chaque jour un peu plus. Il lui manque tant… Sans même qu’il le réalise et s’en préoccupe. Alors que toutes ses pensées vont vers lui, à chaque instant…

[…] It’s all over me, I just can’t run away. C’est tout autour de moi, je peux juste pas m’en échapper.

I’m in misery, if I’m still here to see another day […] Je suis foutue si je reste ainsi un jour de plus.

Elle entre ainsi dans Click Models, tel un zombie qui vient de réaliser que The Walking Dead, c’est fini. Son supérieur n’attend pas pour se précipiter vers elle, l’air guilleret :

— Trisha, ma belle Trisha, comment vas-tu en cette belle journée ? Tu m’accordes une minute ?

Prononçant cela, Fernando la pousse légèrement, vers l’extérieur de l’entreprise. Il sort avec elle. Trisha ne comprend pas la manœuvre, mais salue tout de même son boss avec politesse. Elle lui offre un sourire crispé et craint qu’il reprenne la parole.

[…] It’s all over me, I just can’t run away.

I’m in misery, if I’m still here to see another day […]

— Alors, alors, ravissante rouquine, où en étais-je… ? chantonne-t-il d’un air enjoué.

Il reprend très vite, avec fermeté et rigueur. Son visage n’a plus du tout l’air enjoué :

— Ah oui ! Je voulais que tu prennes ta journée, au revoir !

— Pa… pardon ? bafouille Trisha, l’air honteux, désemparée Excusez-moi si j’ai fait ou dit quelque chose qui vous déplait, je m’excuse, je…

— Trisha, belle Trisha, as-tu vu ce qu’il y a derrière cette baie vitrée sur ma droite ? questionne Fernando en interrompant ses jérémiades qui le dérangent.

— Je… eh bien, c’est l’agence… hésite timidement Trisha, impressionnée par son boss qui débite ses tirades d’une traite et avec fermeté.

— Bien, chérie, bien ! Derrière la baie vitrée, il y a Click models, le monde de la beauté. Et de l’autre côté, qu’est-ce qu’il y a ?

— Euh… la ville ?

— La ville ! Le dehors ! Le déplaisant ! Le laid ! Le banal ! L’extérieur ! La laideur ! Tu saisis ?

— Euh…

— Alors ton air de chiot dépressif, tu lui dis d’aller voir ailleurs si j’y suis !

[…] It’s all over me, I just can’t run away.

I’m in misery, if I’m still here to see another day.

It’s all over me, I just can’t run away […].

La rouquine en reste bouche bée. Désemparée, elle réalise à quel point son mal-être du moment est palpable et c’est avec une honte infinie qu’elle tente de plonger, l’air penaud, dans le regard de son patron.

— Oh là là, la tête que tu te paies, allez, dégage, va prendre l’air, laideron, tu as ta journée ! Fais ce que tu veux, va à la piscine, va te faire coiffer, manucurer, prends soin de toi ou autres chichis féminins pour te redonner du peps, parce que je te préviens, ne reviens pas ici tant que tu n’es pas à l’image de Click Models ! La mocheté ne passe pas mes murs, sorry ! Et si tu es incapable de retrouver la gueule que tu avais quand tu as signé ton contrat, j’attends ta lettre de démission ! Sayonara, poupée !

Fernando repart à l’intérieur à la fin de sa phrase en laissant derrière lui une jeune fille plus humiliée que jamais qui repart lentement d’où elle est venue.

La rouquine est abasourdie. Le cœur en miettes et l’ego meurtri, ses pas sont lourds et elle retient péniblement ses larmes. Quelques battements de cils l’aident à lutter dans ce but, quand Jay, qui a assisté à la scène de loin et à travers une baie vitrée, sort discrètement de l’agence pour venir dans sa direction, l’air souriant et chaleureux.

— Ma pauvre, tu viens de découvrir que Fernando n’est pas toujours fun ! Tu veux qu’on aille à la plage pour te changer les idées ? Je prends ma journée avec toi !

— Ça ira, merci, tu vas t’attirer des problèmes et je préfère rentrer chez moi, j’ai besoin de rester seule.

— Moi, m’attirer des problèmes ? Impossible, je surfe au-dessus des problèmes et aucun ne m’atteint ! sourit Jay avec un clin d’œil. Allez, ne proteste pas et suis-moi, on se casse d’ici tous les deux et on s’éclate ! Tu n’as pas le droit de me refuser ça, tu ne voudrais pas me briser le cœur, tout de même ?!

[…] I’m in misery, if I’m still here to see another day.

To see another day

To see another day […]

[…] Make my day you fucking liar. Tu remplis mes jours de mensonges, sale enfoiré.

To take you out is my desire. Il faut que je te vire de mes priorités.

Amusée par son ami et heureuse de sa sollicitude, Trisha accepte finalement sa proposition, l’air ému. Ils vont filer à la plage tous les deux. Elle espère que cela lui remonte le moral de penser un peu à elle pour une fois. Elle a besoin de prendre l’air. De tenter de réapprendre à exister sans lui, parce que la fin de leur histoire lui parait désormais inévitable et elle doit savoir rebondir après lui…

N’ayant pas de maillots sur eux, Jay retourne discrètement dans l’agence de mannequinat pour en emprunter, tel un ninja habile, deux de la toute nouvelle collection. 

« Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; ceux qui sont fidèles en connaissent les tragédies. » [Oscar Wilde]

~ 188 ~

Temps de lecture : 5 minutes

 

*

 

 

♪ Crush crush crush — Paramore ♪

 

I got a lot to say to you. //Eh toi, j’ai beaucoup de choses à te dire !
Yeah, I got a lot to say. //Yeah, beaucoup de choses à te dire !
I noticed your eyes are always glued to me.//Si tu crois que j’ai jamais vu tes yeux englués sur moi !
Keeping them here makes no sense at all//Allez, arrête de faire que mater et ose un peu t’avancer !

Les deux collègues rejoignent peu après Manhattan Beach, et Trisha sait qu’elle plait à son magnifique ami depuis le premier jour. Cela ne lui déplait pas, car il est son genre et l’attirance pourrait être réciproque si elle n’était pas déjà en couple.

They taped over your mouth, scribbled out the truth with their lies//Ils ont enregistré sur ta voix, griffonné la vérité avec leurs mensonges.
Your little spies // Tes petits espions
They taped over your mouth, scribbled out the truth with their lies// Ils ont enregistré sur ta voix, griffonné la vérité avec leurs mensonges.
Your little spies // Tes petits espions

Crush, crush, crush, Crush, crush!

Coup de cœur, coup de cœur, coup de cœur !

Elle soupire à ce souvenir, mais songe qu’entre l’attitude de Jay et celle de son homme avec elle, il y a un canyon. Elle en a assez de passer son temps à trouver des excuses au concerné quand il n’en a aucune. Elle ne veut plus passer au second plan et être la dernière de ses priorités. Lassée de son irrespect constant, elle décide d’agir de la même façon que lui en ne se préoccupant que de sa propre personne. Elle ne se battra plus pour leur relation et s’attend à ce qu’elle prenne fin. Son cher et tendre n’est qu’un homme parmi tant d’autres ! Nul n’est irremplaçable !

« L’absence de toute sagesse fait le charme de la vie. » [Œuvre : Sentences — Ier s. av. J.-C.]

Nothing compares to a quiet evening alone // Rien ne serait comparable à une nuit tous les deux !
Just the one, two I was just counting on //Juste une, ou deux, je penserais que tu ferais le premier pas !
That never happens // Mais c’est jamais arrivé !
I guess I’m dreaming again // Je suppose que je me fais de fausses idées !
Let’s be more than’ this // Allez merde, soyons plus que des amis !

Cet idiot la délaisse depuis trop longtemps, persuadé qu’il ne pourrait jamais perdre sa sublime dulcinée ! Trisha souhaite lui donner une bonne leçon, à ce crétin qui n’a jamais réalisé sa chance !

« L’art de séduire est né de l’art de plaire. » [L’égoïsme, I, 10 – 19 juin 1777]

If you want to play it like a game // Puisque tu sembles vouloir le prendre comme un jeu
Come on, come on let’s play // Viens mon grand, viens, on va jouer !
[…]

Elle n’est plus sa groupie aveuglée. Désormais, pour la reconquérir, il devra ramper. Il devra lui rappeler qu’il ne veut pas la perdre. Il devra l’aimer et lui prouver qu’il vaut mieux que Jay Kellers. Il devra se remettre dans la file d’attente. Parce que la rouquine a bien envie de s’amuser, aujourd’hui… Elle se pince les lèvres en admirant la perfection physique de Jay. 

« Les folies sont les seules choses que l’on ne regrette pas » [Oscar Wilde]

They taped over your mouth, scribbled out the truth with their lies // Ils ont enregistré sur ta voix, griffonné la vérité avec leurs mensonges
Your little spies // Tes petits espions
They taped over your mouth, scribbled out the truth with their lies // Ils ont enregistré sur ta voix, griffonné la vérité avec leurs mensonges
Your little spies // Tes petits espions

Crush, crush, crush, Crush, crush!

Coup de coeur, coup de coeur, coup de coeur!

L’éventualité d’avoir la perfection au masculin sous les yeux intrigue cependant Trisha, qui n’oublie pas que, lors du jeu de séduction, seuls les atouts sont dévoilés à la partie adverse. Mais la vie et surtout l’amour étant des combats perpétuels… Il ne faut jamais refuser la moindre bataille, au risque de passer à côté d’une victoire. Au risque de se casser les dents, au risque de tomber plus bas que terre, il ne faut jamais hésiter, il ne faut jamais se contenter du médiocre en rêvant au meilleur.

« Quel ravage un être peut causer par la seule force de sa séduction. » [Sacha Guitry]

Nothing compares to a quiet evening alone // Rien ne serait comparable à une nuit tous les deux
Just the one, two I was just counting on //Juste une, ou deux, je penserais que tu ferais le premier pas
That never happens // Mais c’est jamais arrivé !
I guess I’m dreaming again // Je suppose que je me fais de fausses idées
Let’s be more than’ this // Allez merde, soyons plus que des amis !

« La séduction a toujours été une histoire de manipulation. » [François Raux]

Rock and roll baby, don’t you know that we’re all alone now // Rock and roll baby, tu sais qu’on est seuls maintenant !
I need something to sing about. // Et j’ai besoin d’un sujet à chanter.

« La vraie séduction a toujours été celle de n’en employer aucune. » 

I need something to sing about !
Rock and roll hey, don’t you know, baby that we’re all alone now !
Give me something to sing about !

« Le charme : une manière de s’entendre répondre “oui”, sans avoir posé aucune question claire » [Albert Camus]

Nothing compares to a quiet evening alone // Rien ne serait comparable à une nuit tous les deux !
Just the one, two I was just counting on //Juste une, ou deux, je penserais que tu ferais le premier pas !
That never happens // Mais c’est jamais arrivé !
I guess I’m dreaming again // Je suppose que je me fais de fausses idées !
Let’s be more than’ now // Allez merde, soyons plus que des amis maintenant !

Jouant les bimbos séductrices dans le but d’hameçonner sa proie, Trisha se sent incroyablement épanouie. Il fallait avouer que ça lui avait manqué… De réaliser l’impact de sa beauté sur les hommes. De se sentir ainsi désirée et flattée, charmée. De se souvenir qu’elle est encore capable de plaire à un autre. De se sentir magnifique. De jubiler de satisfaction en constatant les pupilles dilatées de désir de sa cible envoûtée. À cet instant, Trisha est réellement heureuse de se réaliser ainsi réelle, illuminée, magnifique, et plus uniquement assombrie à cause d’un amour ingrat.

« Il y a une certaine dangerosité du narcissisme, dans l’obsession de la séduction. » [Guy Bedos]

~ 189 ~

Temps de lecture : 2 minutes

 

*

 

Quelques heures plus tard, Zack traîne chez lui, aigri de se dire qu’il passera son samedi soir tout seul.

En effet, son meilleur ami vient de lui refuser une soirée entre amis, pour rester avec sa naine.

Furieux de cet abandon, Zack n’a plus du tout le moral pour rejoindre le reste des Drifterz dans leur nightclub préféré, comme convenu.

Aigri, il regrette que ses parents aient verrouillé le bar de la maison avant de sortir. Il ne peut donc même pas noyer son chagrin avec une bouteille de vodka ! Non mais quelle vie !

Merci, Andréas Cobain, merci… ronchonne-t-il, avant d’éteindre brusquement la télévision du salon pour filer dans sa chambre, trop énervé pour supporter les idioties rediffusées en fin de semaine.

Blasé de visualiser le pire samedi soir de sa vie se précipiter dans sa direction, il se pose devant son laptop pour jouer aux jeux vidéo.

Il lance très vite un MOBA délaissé depuis quelques mois, pour refaire quelques parties en midlane*.

La composition de son équipe tombe très vite lors de la sélection des personnages et Zack regrette aussitôt d’avoir voulu jouer à League of Legends. En effet, le personnage Yuumi vient d’être sélectionné au rôle de support. Il en a un frisson qui lui parcourt l’échine.

* 1 arène de bataille multijoueurs

*2 voie du milieu

L'Améthyste

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