~ 178 ~

Temps de lecture : 4 minutes

 

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En parallèle de l’indifférence de Joakim à son égard, Trisha s’épanouit à Click Models.

Ici, elle s’entend avec tout le monde, et même avec cette prétentieuse et égocentrique de Clara Goodman. Passées les premières heures à la côtoyer/supporter, Trisha trouve que l’on peut finalement survivre à la présence de celle qui se croit reine, entre ces murs.

« Il faut s’y faire, ou l’enterrer loin d’ici, mais cela semble être interdit par quelques lois », rit Jay dans un chuchotement à destination de son amie rousse.

« Au fond, Clara n’était pas méchante, il faut juste… savoir lui imposer au plus vite sa personnalité ainsi que son autorité, car cette fille de député a tendance à vouloir écraser ses collègues en leur rappelant constamment sa supériorité sur le commun des mortels. » Jay coache ainsi sa comparse rousse afin qu’elle s’en sorte au mieux au sein de l’agence.

Il se garde cependant de lui apprendre qu’il y a quelques mois, lui et Clara ont failli sortir ensemble  : il l’a courtisée avec acharnement, pour lui annoncer, une fois qu’elle n’attendait plus qu’un baiser de sa part, qu’il ne mélangeait jamais travail et amour, et qu’ils devaient en rester là.

La jeune femme blonde ressent donc énormément d’aigreur au quotidien pour celui qui a joué avec elle, testant juste ses nombreux charmes sur sa personne. Clara le considère profondément narcissique et manipulateur.

Mais, par chance, pour elle ainsi que son image, sa mésaventure avec le mannequin de ses rêves n’a jamais été révélée aux autres Click Models. 

Clara conserve cependant sa rancœur et de sérieux sentiments pour son beau brun. Parfois, elle tente de réfléchir aux raisons qui l’ont incité à cesser de la courtiser. Elle aimerait comprendre… Eux qui s’entendaient à merveille et semblaient incroyablement bien assortis ! Au lit, ils auraient pu faire des étincelles ! Clara se sait réputée pour être un bon coup ! Jay Kellers serait-il gay ? L’idée peut la faire exploser de rire. Non. Impossible ! Jay Kellers est la virilité incarnée, un macho suant la testostérone à des kilomètres !

Un peu plus tard, et tandis que les modèles prennent un café pendant la pause de la demi-journée, Jay observe attentivement sa collègue rousse pour lui offrir un sourire et un air intrigué. Il ne quitte pas du regard le bracelet qu’elle porte sur sa main gauche.

— C’est ton préféré, celui-là, non ? lui demande-t-il rapidement. Tu le portes avec toutes tes tenues, même pendant le shooting, et tu n’arrêtes pas de le tripoter nerveusement.

Le premier cadeau que la jeune fille a reçu de son petit ami.

Alors qu’elle le lui apprend, son visage s’assombrit et Jay en analyse aussitôt l’état de son couple.

Cela arrange bien ses affaires. Il change donc subtilement de sujet pour redonner le sourire à son amie, tout en jubilant intérieurement. « C’est dans la poche ! » songe-t-il.

Parmi les amitiés qu’a nouées Trisha ici, notons celles avec les habilleuses et en particulier avec Betty Roukay, une géante rousse maniaque du tri qui peut devenir folle si l’un de ses mannequins chéris a le malheur de jeter « en vrac » une veste sur la penderie des trenchs, par exemple. L’oreille droite de Jay se souvient encore de la fois où il a eu le malheur d’aller se servir seul dans l’armoire des Baggys. Betty est alors apparue derrière son dos telle un personnage d’anime japonais, les yeux embrasés par une fureur rare, pour lui rappeler que ses doigts potelés n’avaient rien à faire sur cette penderie, à part perturber son rangement exemplaire et piquer le travail des habilleuses ! Jay avait ri, ce jour-là. Même en braillant, Betty savait se rendre attachante.

Betty aimait aussi jouer à la maman avec les modèles. 

Dès que l’un de ses chouchous a un petit souci familial, voire amoureux, elle le cerne aussitôt pour courir le consoler, le conseiller, afin qu’il puisse assurer son shooting correctement sans laisser ses émotions le submerger durant une séance. 

Trisha l’adore aussi pour ça, vu qu’en ce moment, elle n’a plus grand monde auprès de qui se confier…

~179 ~

Temps de lecture : 2 minutes

 

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Erika et Riley se promènent sur la plage de Pacific Coast, sous un ciel nuageux qui leur donne envie de manger de la glace, tandis que certains optent plutôt pour un café chaud. Elles s’amusent très vite de leur originalité qui fait d’elles des êtres uniques !

Elles s’amusent également à commenter leur environnement et les gens qui les entourent, entre deux baisers.

Tout à coup, une insulte homophobe les fait tressaillir :

— Eh allez, les gouinasses vont nous faire un ciseau en public !

Sur le coup, Erika ne comprend pas réellement l’injure qui lui est lancée, à elle et à sa compagne, puisque les deux ne se sont échangé qu’un léger baiser, tout en s’échangeant leurs glaces pour gouter leurs parfums respectifs. « Un ciseau ? » Erika ne tente pas de saisir le sens de ce terme qui doit sûrement avoir une connotation malsaine. Au lieu de cela, elle lance un regard percutant aux deux imbéciles en face avant de leur hurler, d’un ton provocateur et railleur, « Vous avez vu vos têtes ? ». « Et après, vous êtes surpris qu’on doive devenir lesbiennes ! » Elle s’approche ensuite de sa petite amie pour lui donner un long et sensuel baiser langoureux.

Sous la surprise, Riley en titube, mais approfondit très vite l’échange. Elle est très fière de sa moitié qui s’affirme chaque jour un peu plus dans leur relation.

~ 180 ~

Temps de lecture : 6 minutes

 

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Une heure plus tard, les adolescentes rentrent chez Riley, l’air guilleret, et alors qu’elles se préparent à regarder un DVD, tout en discutant de l’organisation de l’anniversaire d’Erika qui aura lieu dans quelques jours.

Soudain, une tête blonde pénètre dans la pièce.

Molly rentre de cours et n’a que peu de temps pour se préparer, avant de retourner à son école de danse, mais elle prend tout de même le temps d’ironiser en direction de sa rivale :

— Dans la vie, il y a ceux qui niaisent et ceux qui travaillent dur pour remporter des compétitions.

Touchée là où ça fait mal, Erika bondit dans sa direction :

— Redis-moi ça, voir !! Redis-le-moi !

Elle cingle, l’air hargneux prête à cogner, le visage rougi par la colère ; un peu plus et on pourrait l’imaginer sortie d’un dessin animé. Il ne lui manque plus qu’un nuage de fumée qui sort des oreilles pour que la scène qui se passe là fasse rager de jalousie Disney.

— Parce que tu penses que tu m’impressionnes ? lui renvoie calmement Molly, indifférente, tu es tellement ridicule…

— La ferme ! J’ai fini 2ᵉ ! Moi au moins, j’ai participé !

— Ah bah si tu danses pour participer, tu n’iras jamais très loin, glousse Molly, moqueuse. T’es devenue vraiment trop nulle, je t’ai connue plus combative.

— Ça suffit, dégage, intervient Riley, agacée par le comportement de sa demi-sœur. Je sais même pas pourquoi tu viens trainer avec nous en fait.

— Je t’ai causé à toi ? soupire Molly. C’est à Erika que je parle.

— La conversation est finie alors, au revoir ! grince Erika, stressée.

— Si tu le dis, soupire la blondinette avec dépit.

Elle fait demi-tour pour se diriger vers sa chambre, l’air blasé.

Une fois seule avec sa compagne, Erika s’assoit à ses côtés, sur le canapé.

— Fais pas attention à ce qu’elle dit, elle est de plus en plus conne. réconforte Riley, l’air chaleureux.

— Oh ne t’inquiète pas, ça fait longtemps que je ne calcule plus ses crachats aigris, grommelle Erika, boudeuse. Qu’est-ce qu’elle est chiante… Elle change pas !

— Toi, par contre, tu as beaucoup changé, lance vivement Molly en revenant dans la pièce, son ordinateur portable sous le bras.

Elle vient s’asseoir auprès de ses interlocutrices, du côté d’Erika, avant de déplier tranquillement le clapet de son PC pour l’allumer. Elle le pose ensuite sur la table basse du salon, sans rien prononcer d’autre.

— Tu vois pas que tu nous déranges ?! grince Erika, énervée par son cinéma.

— Pourquoi ? Excusez-moi, mais si vous avez des trucs dégueu à faire entre vous, ça ne sera pas dans ce salon. Y a encore des gens sains et stables qui vivent ici, rappelle tranquillement la blondinette.

— La ferme… marmonne Riley, sans vraiment savoir pourquoi.

Elle peine à assumer son orientation devant les membres de sa famille. Une douloureuse pudeur persiste et sa hantise reste que le sujet n’atterrisse un jour sur le tapis d’une conversation.

Quelques clics sur son ordinateur plus tard, après avoir fouillé dans quelques dossiers, Molly lance une vidéo.

Erika se fige dès les premières images qu’elle reconnait.

— C’est, c’est…

Le premier jour de la jeune fille au sein des Watcha Say. L’adolescente brune s’en souviendra toujours, car ce jour-là, elle n’était pas la seule junior à intégrer son école de danse. Ce fut en effet sa première rencontre avec Molly Gray. Et, pour célébrer l’arrivée de ces deux fillettes, toutes les danseuses Wacha Say les avaient intégrées à une chorégraphie qu’elles s’étaient faite en dehors des cours et en s’inspirant de celle d’Hannah Montana. C’était le bon temps. Cet après-midi-là, elles s’étaient beaucoup amusées et des liens forts s’étaient noués. C’était cela, les « Watcha say »… À ce souvenir, le cœur d’Erika vole en éclats et ses yeux s’humidifient. Parce qu’aujourd’hui, la seule Watcha Say de sa génération qui reste fièrement au sein de son école, c’est Molly.

« But it’s not time to quit. » « Practice makes perfect. »

Molly n’attend pas une seconde pour lui soupirer, l’air déçu :

— En plus d’avoir fait la pire erreur de ta vie en quittant l’école, tu t’es vautrée comme une merde à une compétition que tu avais les moyens de remporter, en couple, du moins. Sincèrement, te connaissant, je n’ai pas compris comment tu as pu balancer une chorégraphie aussi terne, avec un partenaire tel que Jonathan.

— Oui, je sais qu’il te plait, marmonne Erika, aigrie et stressée face à sa prestation que l’on critique.

Ses poils s’hérissent.

— J’ai dansé avec lui et je sais donc qu’il a un énorme potentiel, mais ne t’inquiète pas, il m’indiffère. soupire Molly d’une voix rassurante, tout en provoquant Riley du regard. Ce que je voulais dire, c’est que vous aviez le potentiel pour faire mieux, alors pourquoi avoir été aussi mauvais ? Tu ne débutes plus, Erika, tu sais ce que l’on attend des danses à deux. On doit faire vibrer le public, on doit dégager une certaine tension sexuelle, et toi tu trouves le moyen de présenter un numéro pourri aux côtés d’un excellent danseur. Je ne comprends pas.

Blasée, elle se relève du sofa et récupère son ordinateur.

— J’espère que tu ouvriras vite les yeux, parce que ma rivale me manque et ça m’ennuie de te voir si naze, en ce moment. Tu vaux mieux que ça ! Alors, reprends-toi vite, parce que les Nationales approchent et je ne voudrais pas t’écraser trop facilement.

Erika en reste abasourdie sur son sofa, tandis que son interlocutrice repart dans sa chambre pour finir de se préparer pour son entraînement, pour lequel elle est déjà en retard.

« Throw it all together, that’s how we roll… »

« Do the Howdown! » Throwdown! »

— Ne l’écoute pas, tu étais merveilleuse, Erika… soupire gentiment Riley en prenant sa main. Je suis désolée qu’on l’ait croisée aujourd’hui. Si j’avais su qu’elle serait venue t’embêter, je t’aurais jamais proposé de…

— Elle a raison, dit Erika en déglutissant, l’air aigri, tout en se retournant légèrement vers son interlocutrice. « Écoute, Riley, ce n’est pas ta faute, mais je pense que tu nuis à mes chorégraphies, tu, tu… »

— Pardon ?! réagit Riley, blessée.

— Tu nous as bridés lorsqu’on répétait notre chorégraphie avec Jonathan, à cause de tes crises de jalousie, on n’a pas fait la moitié de ce qu’on voulait, et c’est pour ça qu’on a été nuls ! Ta jalousie infondée envers lui nous a bridés !

— Et ? Où veux-tu en venir… ? Marmonne Riley, l’estomac noué, craignant le pire. « Je ne voulais pas, tu sais. »

— Je t’aime, tu sais, avoue très sincèrement Erika en plongeant dans le regard de sa petite amie. Je t’aime vraiment ! Mais, il faut que je me donne à fond pour les Nationales maintenant, alors je danserai comme bon me semble avec Jonathan, que nos mouvements te plaisent ou non ! Je ne veux d’ailleurs plus que tu viennes chez moi pendant nos répétitions. Je ne veux plus que tu sois au milieu quand on s’entraîne. Je ne veux plus me faire humilier ainsi par Molly, il faut que je lui montre que je peux être meilleure qu’elle ne l’a été avec Jonathan. Elle n’a pas vu la moitié de ce que je pouvais faire au Tremaine, et ça me rend malade. Cela ne doit jamais se reproduire !

— D’a… d’accord, mais… bafouille Riley, choquée et bouleversée par la tirade plutôt sèche de sa copine à son égard.

— Je t’aime vraiment, il n’y a que toi que j’aime, reprend Erika, plus tendrement cette fois, alors, crois-en moi. Je me fiche de Jonathan, sentimentalement parlant.

— Je ferai des efforts, promis. renvoie Riley avec un sourire chargé d’émotion.

Jamais encore Erika ne lui avait avoué ses sentiments et le fait qu’elle le fasse aujourd’hui avec autant d’assurance, la touche profondément.

L'Améthyste

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