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Temps de lecture : 3 minutes

 

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♪ Peace or Violence – Stromae ♪

Les jours qui suivent, Joakim retombe dans ses travers. Il se remet à emprunter les voies sordides de la perfidie et du subterfuge, les chemins de la trahison, de l’infidélité assumée, sans aucune vergogne.

Il glisse… L’ignorant petit homme.

Pourtant, en redevenant progressivement celui qu’il était avant de rencontrer sa rousse, il se sent redevenir lui-même. Il sort ce soir, SANS elle !

Et ça lui a manqué…

Il regrette de s’être éloigné de Kristofer ces dernières semaines, car se laisser entrainer dans une vie de couple routinière ne lui ressemble pas. Il ne peut jouer les gentils garçons sages et bien rangés, constamment prêts à tout pour satisfaire leur dulcinée.

Sa rousse n’est qu’une diablesse qui a réussi, par on ne sait quel tour de magie, à lui faire adopter un style de vie qui n’est pas le sien. Il se vautre un peu plus dans le canapé de Kristofer en songeant que ce fauteuil lui a manqué. Il soupire et grogne, entre deux gorgées de sa huitième bouteille de bière.

Il y a deux ans, alors que cette même musique de Stromae résonnait déjà dans leurs oreilles, à lui et à Kristofer, il demandait à son ami, l’air sceptique. « Que signifie réellement le V d’un signe peace ? « Est-ce un signe de paix ou de violence ? Est-ce que quelqu’un sait ce qu’il fait ou ce qu’il avance ? Son ami s’interloquait sur sa question. « Il en a de bonne, lui, alors ! Qu’est-ce qu’il en sait ! »

Oui, Joakim est un adepte des questions surprenantes. Les véritables différences entre le bien et le mal, leurs similitudes, tous les sujets l’intriguaient, parfois de façons carrément perturbantes. Cela amusait d’ailleurs beaucoup ses parents, lorsqu’il était enfant. Lorsque certains gamins demandaient « comment fait-on les bébés ? », Joakim questionnait sur l’éventualité qu’un jour, l’électricité disparaisse  : comment feraient alors les hommes pour pallier à ce manque ? Bien entendu, n’ayant jamais de réelles réponses à ses questions, Joakim finissait par se faire une raison de la bêtise du monde qui l’entourait.

Une ravissante blonde s’approche soudain de lui. D’un mouvement vif, mais cependant très délicat, il lui attrape un bras et la tire dans sa direction pour la forcer à lui tomber dessus. 

Elle s’asseoit aussitôt sur ses genoux et l’incite à continuer dès qu’il lui glisse une main sous sa robe moulante.

Tous les deux, ce ne serait pas la première fois qu’ils « jouent au docteur », lors d’une soirée de Kristofer. Émoustillée, brûlante de désir, elle se love contre lui pour l’embrasser passionnément. Leurs nuits endiablées lui ont manqué. Un peu plus et elle finissait par croire que son idiote rousse avait réussi à l’enchaîner définitivement. « Encore heureux que certains ne changent jamais… » songe-t-elle dans un gémissement de désir et alors qu’il lui caresse l’entrejambe, à travers sa culotte.

« Quelqu’un sait ce qu’il avance et ce qu’il fait ? »  

 

[Tout n’est qu’effervescence dans ce monde qui n’a aucun sens.]

~ 176 ~

Temps de lecture : 3 minutes

Kristofer exulte, ce soir. Tout en trinquant avec son fidèle allié, il lui avoue qu’il est ravi de le retrouver. Leurs soirées lui ont manqué  ! Joakim acquiesce. Son ami a totalement raison. Il reconnait que la couleur du costume qu’il a enfilé pendant ces dernières semaines était trop blanche pour lui aller au teint. Celle qui lui correspond le mieux étant plus obscure…

Peace of Violence…

[Les hommes ne sont ni blancs, ni noirs, ils sont tous gris.]

C’est sans aucune honte que Joakim ignore soudain l’appel de sa rousse. Il se fiche de ce qu’elle peut vouloir lui dire comme âneries.

Quelques minutes plus tard, il fait de même avec celui de son plan cul. Il se fiche de la moindre de ses propositions. Qu’elle aille au diable et s’achète un god !*

Ces deux folles lui sortent par les yeux, parfois. Mais pour qui se prennent-elles  ?

Il ne souhaite pourtant en perdre aucune car elles ont chacune une place dans sa vie, à certains moments, que lui seul décide.

Peace of Violence.

Qu’est-ce que j’en sais, moi  ?

« Serait-ce un signe de paix, ou bien le V de violence ? »

L’humain est incapable de bonté.

Mais par contre, excelle dans la stupidité.

« Quelqu’un sait ce qu’il avance ou ce qu’il fait  ? »

Joakim les observe, ces hypocrites heureux, mais tout aussi anéantis par la vie.

« Peace or Violence ? »

L’homme, la bête la plus étrange et ridicule de l’univers.

« Quelqu’un sait ce qu’il avance ou ce qu’il fait  ? »

Triste humanité.

[On ne fait que s’enfermer dans nos erreurs d’hier alors qu’on s’était fait la promesse de ne plus regarder en arrière.]

~ 177 ~

Temps de lecture : 3 minutes

 

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*

 

Les jours défilent, Joakim devient de plus en plus distant et froid avec sa rouquine  ; mais aussi très absent de la vie de son amante de l’ombre. Il ne va aussi quasiment plus en cours  : cet endroit sordide où il s’ennuie beaucoup trop.

« Peace Of Violence… Serait-ce un signe de paix, ou bien le V de Violence ? »

« Qu’est-ce que j’en sais, moi ? »

« Quelqu’un sait ce qu’il avance ou ce qu’il fait  ? ? ?  »

 

*

 

Un soir où Joakim est occupé à enchaîner les verres de vodka chez Kristofer, Raphaël tente désespérément de calmer Alarich qui, après s’être réveillé en sursaut, s’est mis à hurler de désespoir car il veut son frère à ses côtés, maintenant  !

Désespéré, le père de famille court alors dans la chambre de son aîné pour lui passer le message et ricane jaune dès qu’il constate la pièce vide.

Son fils fait donc le mur, puisqu’ils sont en pleine semaine et qu’il n’était pas censé sortir ce soir. Raphaël n’en peut plus. Au bout du rouleau, il réalise une fois encore le fiasco de sa vie, de sa famille.

Il craque, son existence tout entière déraille et il n’arrive plus à rien gérer, entre les murs de cette maison, autrefois habitée par une famille unie et réellement heureuse… Il fond en larmes en serrant Alarich dans ses bras.

— Pa… apa…  ? en bégaie le petit brun, surpris de voir son père s’effondrer ainsi.

— Pardon, pardon, pardon… Je n’arrive à rien, pardon d’être aussi nul… répète en boucle Raphaël, dans un semi-délire.

Il serre fort son enfant contre lui, comme si sa vie entière en dépendait, comme s’il avait déjà perdu les autres…

— -oi pas être nul, -oi être le -eilleur des -apas du monde. -ourquoi pleures  ? console Alarich dans l’incompréhension.

Un timide sourire étire le visage de Raphaël, alors que de nouvelles larmes lui inondent encore le visage. Il doit se reprendre… Mais, son corps tout entier reste collé à celui de son fils, tandis que ses bras refusent de le lâcher. Comme si, ici, dans cette position inconfortable, les genoux en feu à cause de la moquette pas réellement moelleuse, un havre de paix s’était créé autour de lui et de sa progéniture. Il pourrait rester ainsi des heures durant, à pleurer éternellement, mais Alarich met fin à son projet en lui proposant de regarder un dessin animé en sa compagnie. La tristesse de Raphaël s’estompe aussitôt. Il adore l’idée  ! 

L'Améthyste

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