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Encore deux semaines plus tard…

Erika se montre nerveuse aujourd’hui, et pour cause ! Dans moins de cinq minutes, elle doit monter sur scène avec Jonathan ! Le stress des adolescents est à son comble, mais ce sont des regards confiants qu’ils s’échangent, alors qu’ils attendent dans les coulisses de pousser d’un instant à l’autre le rideau pour s’élancer sous le feu des projecteurs.

Dans le public, Alarich fixe la scène, le regard pétillant. Il a hâte de voir sa sœur apparaitre et reste persuadé qu’elle excellera comme jamais ! Le lien authentique qui existe entre ses jumeaux émeut Raphaël, à ses côtés. Il les trouve adorables, tandis que Joakim, à sa gauche, reste silencieux. Il attend sagement l’ouverture du rideau. Qu’on ne lui en demande pas plus, vu qu’on l’a déjà presque forcé à venir…

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Temps de lecture : 3 minutes

Erika et Jonathan se sont énormément entrainés, pour cette compétition, pour cette danse en duo, surtout. La chanson, initialement choisie par Erika, a été bien acceptée par Jonathan, même si lui jugeait son rythme trop lent. Il changeait d’avis après quelques mouvements et figures, admettant que, finalement, elle pourrait convenir et dégager quelque chose devant les juges.

Les deux partenaires exécutent donc leur chorégraphie avec assurance.

Ils sont confiants et persuadés qu’ils termineront sur le podium. Pourquoi pas sur la première place, d’ailleurs  ? Prétentieux, quelque peu naïfs, parce que s’ils leur paraissent exceptionnels, dans la réalité, ils ennuient les juges. Certains laissent même échapper quelques bâillements, en inscrivant des notes médiocres devant leurs noms.

Un coup dur, pour les deux amis  : il leur sera reproché quelques fautes de synchronisation, une mollesse impardonnable, ainsi qu’une chorégraphie trop puérile, au vu de leur âge, et surtout, de leurs prestations passées à d’autres compétitions.

Erika subit aujourd’hui les conséquences de sa victoire aux Nationales  : les juges en attendaient beaucoup plus de sa personne et ne se montrent pas tendres avec elle. Certains vont encore plus loin dans les critiques en reprochant au duo d’avoir massacré une chanson de renom de Coldplay. une honte, selon eux. Les deux amis prennent la onzième place du classement.

Au moment de passer pour sa danse solo, Erika ressent encore plus de fierté que pour celle avec son partenaire, car la chanson qu’elle propose aux juges l’a tant inspirée qu’elle sait les illustrer de la meilleure des façons possible. Sur ce coup-là, elle a été une chorégraphe de génie et personne ne pourrait la contredire  ! Oui, ses chevilles auraient dû exploser à de nombreuses reprises ces dernières semaines, mais elle s’en fiche car sa confiance en elle est à son paroxysme  ! Sur ce solo, elle sera la meilleure  ! Cela doit d’ailleurs se voir alors qu’elle danse sur les planches, les juges doivent être comblés  ! Parce qu’elle leur montre par sa perfection à quel point ce titre a été écrit pour elle  ! Elle anime les notes de son titre telle une déesse et ne commet pas la moindre erreur  ! Elle est trop consciencieuse pour cela. Elle a été trop rigoureuse pour fauter aujourd’hui  !

Erika désire vraiment cette victoire. Elle en a besoin pour son image et pour renforcer sa confiance en elle.

Pourtant, et malgré tout l’investissement, la volonté ainsi que son implication, les juges ne sont pas cléments. Ils reprochent une attitude trop mécanique, sans le moindre souffle de vie. On la compare à un automate, mais elle frôle tout de même la première place.

Oui, malgré l’aisance et le panache de ses mouvements, une autre candidate se présentait juste après elle pour la lui voler…

Voilà comment Erika Bauer rata de peu la première place du Tremaine Tour 2013. Elle n’en était pas loin, elle était même à deux doigts de le décrocher, si cette jeune asiatique à la souplesse presque inhumaine, mademoiselle Lin Huang, n’avait pas excellé au point de séduire foule et juges.

Erika finit donc 2ᵉ. Pour la chorégraphie qu’elle a le plus travaillée de toute sa vie/carrière, elle prend la seconde place. Elle ressent, à la suite de ce résultat, la pire déception de toute sa vie. Elle a trop donné pour ce concours-là et ne méritait pas de se faire voler la vedette par une jeune fille qui participait à sa première compétition. Erika accuse la malchance. Elle n’en peut plus  ! De se battre toujours plus et d’échouer  ! Elle s’intoxique désormais de ses échecs. Elle en suffoque, de cette honte, de cette amertume, de ne plus être capable d’atteindre ses propres objectifs. Sa patience ainsi que sa santé mentale arrivent à échéance. Ce soir-là, et une fois de retour chez elle, enfermée dans sa chambre, elle s’effondre comme jamais.

Ses nerfs craquent. Quoiqu’elle puisse faire, il y aura toujours une rivale plus douée qu’elle pour se placer devant sa route afin de lui poser un obstacle infranchissable. Effondrée, elle ne se juge plus capable d’aucun exploit ni succès. Ses beaux jours semblent derrière elle. Aujourd’hui, elle ne souhaite se battre pour n’obtenir que tristesse et humiliation. Elle a déjà trop donné  ! Elle grogne cela en jetant l’un des oreillers de son lit contre le mur d’en face, tout en grinçant des dents avec rage.

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Temps de lecture : 4 minutes

 

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N’ayant pas eu vent de la décision finale de sa petite amie vis-à-vis du contrat que Click Models voulait lui faire signer, le jour où il l’y a emmenée après leur déjeuner sur la plage, Joakim lui en reparle un soir où il dort chez elle.

Cela fait déjà quatorze jours qu’elle était supposée conclure un contrat avec cette agence de renom de mannequinat et, même si Joakim n’a pas voulu se montrer insistant jusqu’à présent, il passe désormais la seconde.

Il se souvient de cette journée, où à peine sa rouquine passait les portes de la Click Models, que tous les regards se tournaient aussitôt dans sa direction. Trente minutes plus tard, le directeur de l’établissement avait même exprimé son souhait de la recevoir en audition privée dans les plus brefs délais. Il avait remarqué quelque chose de particulier chez la jeune fille et en restait subjugué. Le lendemain, Trisha était donc retournée à l’agence pour accepter de se pavaner pendant une heure devant de nombreux appareils photo. Le verdict ne s’était pas fait attendre : Fernando Cruz, sur qui reposait le succès de cette agence de mannequinat, la voulait immédiatement parmi ses filles ! Ses yeux avaient brillé dès qu’elle avait commencé à se mouvoir entre les objectifs et il lui avait clamé « tu es faite pour ça, ma belle ».

Cette rousse sublime qui, malgré qu’elle soit débutante dans le métier, semblait être née pour le mannequinat. Elle, devant les objectifs, jouait un tour de magie aux appareils photo en ordonnant aux clichés de se succéder naturellement et presque sans pause. Les meilleurs photographes de l’agence s’étaient régalés de l’avoir pour sujet, priant déjà pour qu’elle reste parmi eux le plus longtemps possible.

Oui, Trisha Hill était née pour le mannequinat.

C’est pour cette raison que Joakim se fige avec nervosité lorsqu’elle lui soupire qu’elle « n’est pas emballée par l’idée », ajoutant même qu’elle n’a d’ailleurs pas recontacté l’agence durant ces deux semaines. « Cela lui était sorti de l’esprit, et puis sa mère n’était pas fan de l’idée… »

Joakim hallucine, sort de ses gonds. Il n’en revient pas. Comment cela peut-il être possible d’être aussi puéril ? Il gronde sa compagne avec fermeté, se montre acerbe et acide.

Chacun de ses mots cinglants et glaciaux est choisi pour l’humilier au plus profond. Il souhaite la descendre en flèche, la blesser, la forcer à se remuer, à se prendre en main. « Cette gamine sans personnalité qui ne vit que pour souhaiter être l’ombre de sa mère. » En grommelant cela, Joakim sort de la chambre de sa petite amie, l’air hargneux, pour se diriger rapidement vers Maya. Il a de la haine à déverser.

Elle va en prendre pour son grade, sur sa façon d’élever et conseiller sa fille ; des insultes fusent même. Maya réplique sans attendre, hurle à son tour, blessée comme jamais. À cet instant, elle le déteste, son abruti de beau-fils !

Pour qui se prend-il, à la fin ? Avec ses grands airs ? ! De clamer ce qu’il y a de mieux pour sa fille ! Ce sale gamin sans éducation ! Maya crie qu’elle a raison de critiquer le mannequinat !

Elle n’est pas tombée de la dernière pluie et sait comment ce monde fonctionne, contrairement à l’idiot qui souhaite juste voir sa copine se trémousser devant des caméras ! Joakim éclate de rire suite à sa réplique. Cette conversation le fatigue. Son interlocutrice n’est qu’une demeurée ! Maya explose en sanglots de rage sitôt après, elle le hait ! Et quoi qu’il puisse conseiller à sa fille, elle le refusera toujours ! Elle refusera toujours que sa progéniture tombe dans le cercle vicieux du mannequinat ! Elle ne laissera pas sa fille plaquer un avenir glorieux pour devenir une anorexique complexée qui veut plaire à un producteur vicelard ou à qui que ce soit ! Le fou rire de Joakim s’intensifie. Son interlocutrice s’enfonce dans les clichés et cela la rend plus drôle que jamais !

Tandis que les deux personnes qui comptent le plus à ses yeux s’étripent verbalement, Trisha les écoute discrètement cachée à quelques mètres. Elle prend silencieusement une décision.

 

L'Améthyste

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