~ 154 ~

Temps de lecture : 3 minutes

 

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♪ Song of your heart – Snatam Kaur ♪

— Coucou, tu m’as presque loupée ; j’étais sur le point d’éteindre mon portable pour me coucher ! sourit affectueusement Trisha.

Elle a pris cet appel le cœur battant dès qu’elle a vu le prénom de son petit ami s’afficher sur l’écran.

— Je suis devant chez toi, tu m’ouvres  ? J’ose pas sonner, vu l’heure, lui soupire t-il.

— Hein ? Tu es ici ? ! s’interroge aussitôt la rouquine en se précipitant vers l’entrée de l’appartement.

Elle ouvre avec hâte à son interlocuteur devant la porte. Il raccroche la conversation dès qu’il l’aperçoit et lui sourit. Elle reprend aussitôt :

— Tu aurais pu me prévenir, je ne suis pas du tout présentable, boude-t-elle en rougissant de honte à cause de sa tenue. Qu’est-ce qui se passe  ? Pourquoi viens-tu à une heure pareille  ? ! Et qu’est-ce qui t’est arrivé, encore  ?

Elle l’inonde de questions, angoissée, sceptique, alors qu’il pénètre à l’intérieur pour se diriger vers sa chambre. Agacée, elle le suit sans attendre, de plus en plus stressée dès qu’elle remarque quelques blessures sur son visage.

— J’avais juste envie de te voir, mais si je te dérange, je peux m’en aller, grogne Joakim, vexé par une réaction pas vraiment chaleureuse, tout en pénétrant dans cette pièce qu’il apprécie tant.

Parfois, lorsqu’il se prélasse entre ces murs, il peut y ressentir une sérénité unique. Le doux parfum de celle qui occupe cette chambre en la transformant en un cocon doux et chaleureux. C’est en ressentant cette sensation d’apaisement qu’il se laisse tomber sur le lit de sa compagne. Il tend très vite un bras dans sa direction.

— Allez, viens  ! L’appelle-t-il en esquissant une bouille de chiot battu pour qu’elle se précipite contre lui.

— Tu t’es battu ? Avec qui  ? soupire sa rouquine en allant ouvrir l’un des tiroirs de sa coiffeuse pour en extraire du désinfectant et du coton.

Elle revient ensuite vers lui pour le soigner, mais il l’agrippe soudain par le bras dès qu’elle s’approche.

— Arrête de remuer, bougonne-t-elle en essuyant les égratignures sur le visage de l’idiot qui se débat pour la prendre dans ses bras.

Elle rougit alors qu’il ouvre soudain la bouche pour l’embrasser fougueusement.

— J’y crois pas  ! Tu empestes l’alcool  ! Espèce d’irresponsable  ! Tu es complètement saoul et tu es sûrement venu ici à moto  ! ! Gronde-t-elle, furieuse.

Elle fronce les sourcils et se débat pour le repousser. Dieu qu’il l’énerve  ! Il râle, l’air bougon, puis la force à se coucher sur le lit, à ses côtés, avant de l’enfermer entre ses bras musclés. Le tout sans lui demander son avis  ; il la garde ainsi couchée contre lui, captive. Il a besoin de sa paix…

Tendrement, il la maintient ainsi. Avec douceur et fermeté, il la cajole. Avec délicatesse, il lui dépose ensuite une pluie de baisers dans le cou.

Puis, soudain, et alors qu’il se laisse sombrer dans un sommeil profond provoqué par ce fort taux d’alcoolémie qu’il a dans le sang – offert par une bouteille de vodka achetée à l’épicerie du coin –, un mot s’échappe furtivement de ses lèvres…

« Je t’aime… »

Sur le coup, Trisha a l’impression d’halluciner et ses yeux s’en écarquillent de surprise. Elle en sursaute, puis reste immobile dans les bras de celui qui vient de lui faire une incroyable déclaration. Choquée, elle le regarde dormir innocemment contre elle. Les yeux pétillants d’amour et de tendresse, elle se repasse la scène dans son esprit, tout en essayant de se persuader qu’elle ne vient pas de la rêver.

… You are becoming the song of your heart… how beautiful it is… How beautiful it is… As the flower blossoms forth…

~ 155 ~

Temps de lecture : 4 minutes

 

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♪ Bad Romance – Princess ♪

« Oh… Caught in a bad romance… »

« Oh… Caught in a bad romance… »

À quelques kilomètres de là, Amy cogne furieusement le mur de sa chambre.

En effet, ce soir, elle a tenté de joindre son amant à plusieurs reprises, mais celui-ci n’a fait que lui raccrocher au nez. Il y a cinq minutes, et alors qu’elle tentait un huitième appel, elle a remarqué que la ligne de son amour sonnait occupée… Réalisant cela avec effroi, elle essayait alors d’appeler sa meilleure amie, pour clarifier ses doutes avec horreur  : son amant l’ignorait pour parler à son idiote rousse… Les téléphones des deux renvoyaient le même signal.

Want your ugly. I want your disease… I want your everything. As long as it’s free… I want your love.

— Quelle connasse  ! rage-t-elle à haute voix, dans un cri de colère qui fait réagir sa mère, de l’autre côté de la cloison :

— C’est le début de la fin  ! se moque-t-elle.

I want your drama… The touch of your hand… I want your leather-studded kiss in the sand… I want your love… Love-love-love… I want your love.

Amy s’effondre au sol pour fondre en larmes comme jamais. En effet, lorsqu’elle en arrive à haïr sa meilleure amie, avec qui elle a tant partagé par le passé, et lorsqu’elle se met à frapper un mur si fort que ses jointures deviennent douloureuses tout en souhaitant les pires atrocités à l’autre « merde rousse », cela confirme que sa mère a bel et bien raison sur ce coup-là. « Le début de la fin… ». La blondinette en ressent de la honte.

You know that I want you… And you know that I need you… I want it bad, your bad romance…

Pourtant, et malgré qu’elle haïsse le fait de l’aimer autant, ce connard de Bauer, elle ne peut s’empêcher de le désirer ardemment et plus que tout, toujours plus fort. À ses côtés, elle savait être entière et réelle, tandis qu’auprès du monde, elle n’était qu’un artifice. Une poupée qui s’articulait par habitude, tout en ne ressentant que lassitude. Elle a tant besoin de lui. De ses bras. De sa présence. De ses caresses, mais aussi de sa fermeté. De ses baisers, de ses répliques cinglantes, sarcastiques, agaçantes, mais aussi de sa douceur, de son torse collé contre le sien… Joakim Bauer est désormais son monde et représente, pour elle, plus qu’une âme sœur. Elle pourrait se damner pour lui, s’il le lui demandait…

I want your love and… I want your revenge… You and me could write a bad romance… I want your love and all your lovers’ revenge… You and me could write a bad romance…

Comment cela pouvait-il être possible, de l’aimer aussi fort tout en souffrant autant… Jamais encore Amy n’a subi pareille peine de cœur et cette douleur lancinante qui la brûle aujourd’hui entre les côtes, jamais encore elle ne l’a ressentie avant lui. ce crétin qui savait à la fois la ramener à la vie ou la briser comme personne. Comment cela a-t-il pu se produire  ? Comment elle, qui n’a jamais été adepte des histoires sérieuses, a pu devenir à ce point obnubilée, domestiquée, par un seul homme  ? Elle qui a toujours détesté la monogamie, la fidélité niaise, est devenue en si peu de temps sa chose…

I want your horror… I want your design ‘cause you’re a criminal… As long as you’re mine… I want your love.

I want your psycho… Your vertigo stick… Want you in my rear window… Baby, you’re sick… I want your love.

— L’amour n’est décidément que la pire merde qui puisse exister… Se met-elle à gémir en pleurant, en rythme avec son cœur qui se brise un peu plus à chaque instant.

You know that I want you… And you know that I need you… I want it bad, bad romance.

~ 156 ~

Temps de lecture : 3 minutes

 

*      *

*

 

Il fait si chaud, ce matin, que personne ne veut être qu’enfermés dans une salle de classe  ! Amy s’ennuie tellement qu’elle jubile dès que la sonnerie qui annonce la pause retentit. C’est comme si le ciel exauçait ses prières ! Elle s’étire avant de se lever. Sa meilleure amie l’attend pour qu’elles rejoignent les Drifterz dans la cour. La blondinette n’est pas motivée par l’idée  ; et pour cause, Joakim est absent aujourd’hui. Elle n’a donc aucune envie de trainer avec les autres idiots de son crew… Elle grimace et soupire, tout en se laissant glisser sur sa table de cours.

— Allez, dépêche-toi  ! On a plus beaucoup de temps, lui fait Trisha pour tenter de la remuer.

— J’ai la flemme de bouger, je reste ici, râle Amy. Vas-y, toi, ouste  !

— Tu boudes ? Qu’est-ce qui se passe  ? Tu t’es disputée avec Noah  ? questionne Trisha en se rasseyant auprès de sa meilleure amie, l’air suspicieux.

— J’ai juste envie d’être seule, je suis de mauvaise humeur, soupire Amy, avant de changer subitement de sujet. Au fait, t’as remarqué que Joakim sèche beaucoup en ce moment  ! Il devrait penser à sa graduation…

Des paroles en l’air. Amy se fiche de la réussite scolaire de son amour secret. Elle a juste besoin de le voir et son absence lui perce le cœur avec cruauté…

— T’inquiète pas pour lui, il sait ce qu’il fait, sourit gentiment Trisha.

— Tu es une affreuse petite amie, grimace Amy avec une expression de dégoût peinte sur le visage.

— Pourquoi ça  ? demande Trisha en haussant les épaules. Et tu peux parler, toi, quand on voit comment tu traites Noah  !

— Bah, ça n’a rien à voir, Noah est un excellent élève qui suit ses cours avec assiduité  ! Mais si ce n’était pas le cas et qu’il passait sa vie à sécher comme ça, sans rien me dire, si je ne le voyais jamais au lycée, je me poserais de sacrées questions  !

— C’est là qu’on nous différencie alors  ! s’agace Trisha, stressée. On peut parler d’autre chose, maintenant  ?

— C’est bizarre, y a quelques jours tu avais de sérieux doutes sur lui  ! Il s’est passé quelque chose entre vous pour que tu reprennes confiance en lui  ? Ou tu me caches tes problèmes avec lui  ? Tu peux tout me dire  !

— Tout va bien, je n’ai pas de soucis à déclarer avec lui, soupire Trisha en essayant de faire retomber son stress. Mais je t’avoue que j’en ai marre que tu ne fasses que parler de lui, alors que tu devrais m’inonder au sujet de Noah  ! C’est lui, ton mec  !

— My god, comment tu te la joues dès qu’il s’agit de Joakim  ! Gromelle Amy avec acidité. T’inquiète, je m’en tape de ton quetard qui ne te respecte pas, j’en parlais juste parce que je me soucie de toi, et…

— La ferme  ! craque Trisha, exaspérée. Je ne veux plus que tu te mêles de mon histoire avec Joakim. Sur ce, je te laisse, je vais me prendre un café avant la fin de la pause.

La rouquine se lève vivement de sa chaise et s’échappe de la salle après sa réplique, tandis que sa meilleure amie, plus humiliée et honteuse que jamais, ne bouge pas d’un centimètre. Elle se déteste et meurt de honte…

En chemin vers le distributeur de café, Trisha, submergée par une vague de nouvelles angoisses, attrape son téléphone pour écrire un message à son petit ami  : «  Coucou  ! Que penses-tu d’Amy ? »

De son côté, et alors qu’il a le nez dans les livres de comptes des hôtels Peninsula, Joakim la rappelle aussitôt.

Trisha sourit avec émotion dès qu’elle remarque son prénom s’afficher sur le cadran de son téléphone. Elle décroche sans attendre tandis qu’il lui lance, de mauvaise humeur  :

— C’est quoi ce message de merde  ? !

Un sourire satisfait se dessine sur le visage de la rouquine.

— C’est juste une question comme ça  ! Tente-t-elle de se justifier honteusement, perplexe que son petit ami l’ait rappelée si vite et avec tant de nervosité.

— Quand t’as des questions cons à me poser, abstiens-toi, merci. Je suis occupé là et tu me fais interrompre un truc important pour des conneries  !

— Tu interromps quelque chose pour moi ? souligne la rouquine en minaudant avec sensualité. Je ne te demande pas ce que c’est, parce que tu ne me le diras pas et de toute manière, ça ne m’intéresse pas  ! Donc je vais te laisser, en te disant à ce soir  ! Je t’appelle ou tu m’appelles, à la fin des cours  ?

— Je passe te prendre à midi, on va manger dehors. Attends-moi devant le lycée.

La rouquine jubile et ses joues qui s’empourprent trahissent son extase.

L'Améthyste

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