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♪ They Will Never Know ~Ross Copperman ♪
Cette nuit, la soirée d’anniversaire de Molly Gray bat son plein et, sur place, on peut constater deux bandes bien distinctes. Les amis de la blondinette et ceux de sa demi-sœur.
Erika a « le cul entre deux chaises », ce soir. Fièrement, elle se tient du côté de sa désormais petite amie qui est radieuse aujourd’hui, tout en jetant parfois de furtifs regards en direction de l’autre bande.
C’est en détaillant avec délice les courbes de Riley qu’elle grignote le plus de friandises, biscuits salés, l’air gêné et anxieux.
Elle ne s’était en effet jamais posé de réelle question sur sa sexualité et depuis aujourd’hui, ce manquement la rattrape. Elle, qui a toujours été persuadée aimer les hommes, réalise qu’alors qu’elle trouve Jonathan sexy, il en est de même pour Riley. L’éventualité de sa probable bisexualité la perturbe…
Durant cette soirée remplie d’appréhension et de sentiments nouveaux, quelques Watcha Say viendront lui échanger quelques brèves paroles amicales.
Kayla Moore, par exemple, qui ne l’a jamais reniée, et ce peu importe ses actes et choix récents. Kaylah est une perle qui vit à cent lieux des rancœurs diverses en ne souhaitant se brouiller avec personne.
La jeune métisse a toujours aimé tout le monde et ne juge jamais personne. Son intégrité n’est plus à prouver.
La soirée se poursuit et les Watcha Say ne restent qu’ensemble majoritairement.
Erika est en déprime, sous ses faux sourires enjoués. Elle se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, elle était elle aussi un maillon de cette chaîne d’amitié indestructible. Ils avaient grandi, progressé, évolué ensemble, et rien ne pouvait effacer cela dans l’esprit de l’adolescente. Son cœur saigne ce soir comme jamais.
Oh, bébé, ne pleure pas, laisse passer cette nuit… Parce que tout ce que tu es, c’est une brisure, mais ça, ils ne le sauront jamais, ils ne le sauront jamais.
En plus, et comme pour enfoncer le clou, même Jonathan ne réalise pas vraiment sa présence. Après lui avoir adressé une banale salutation en début de soirée, il a aussitôt couru retrouver les siens. Ignorant le reste.
Ne pense pas qu’ils sont capables de changer, ils t’ont mise à la porte de leurs cœurs, loin de chez toi, parce qu’ils ne sont que brisures, mais ils ne le sauront jamais, non, ils ne le sauront jamais…
À croire qu’il avait oublié tant de choses à son sujet. À croire qu’il avait oublié avoir essayé de la séduire. Ses avances étaient-elles donc fausses ? Hypocrites ?
Ne pleure pas, ce soir, sèche tes yeux lourds.
Parce que tout ce que tu es, c’est une brisure, et il n’y a rien que tu puisses changer, rien que tu puisses dissimuler, rien que tu puisses dissimuler…
Erika lui en veut terriblement. Elle leur en veut à tous, d’ailleurs ! À tous ! Énormément, en plus. Elle les déteste ! C’est en serrant les dents qu’elle leur souhaite à tous de s’étouffer dans leur bonheur qui la brise, lui donne envie de hurler ! Elle les maudit aussi fort qu’elle les adore ! Mais cela, ils ne le sauront jamais. À quel point elle peut avoir mal, loin d’eux…
Des fleurs et des arches, c’est tout ce que vous auriez dû connaître (le bonheur), mais toi, tu es un été permanent, merveilleuse enfant, mais ça, ils ne le sauront jamais, ils ne le sauront jamais.
Riley, de son côté, ne peut s’empêcher de contempler sans arrêt son amour. Elle est si belle aujourd’hui, son Erika ! Ses yeux pétillent lorsqu’elle l’admire, le détaille de haut en bas. Plus amoureuse que jamais, elle s’agrippe souvent à sa désormais moitié, les yeux débordants de tendresse afin d’exposer à tous leur couple bien réel aujourd’hui.
Alors, ne pleure pas ce soir, repose tes yeux lourds.
Parce que tout ce que tu es, c’est cette merveilleuse enfant, et il n’y a rien qui pourra le changer. Il n’y a rien que tu peux dissimuler, rien que tu peux dissimuler.
Riley a envie de choquer ce soir. Elle cherche à surprendre, agacer, énerver… En visant particulièrement cet abruti de Jonathan… ! La jeune lesbienne lui lance des sourires narquois lorsque leurs regards se croisent. Elle se sent tellement victorieuse d’avoir gagné la guerre face à lui !
Cuz all that you are, this beautiful child, but they’ll never know, they’ll never know.
Un baiser en public devrait suffire à combler son orgueil, car elle a bien conscience que son rival et ennemi n’en perdra pas une seule miette. Le pauvre n’en reviendra pas, et son visage figé à l’autre bout de la pièce la ravira. Elle en jubile intérieurement alors qu’elle entremêle sa langue avec celle de sa petite amie.