Catégorie : Histoire (ツ)

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Pendant ce temps, Erika déprime sur son exclusion des Rolling Deep. Elle traine chez elle avec nonchalance et n’a envie de rien, sauf de trainer sur le canapé devant la première série télévisée qui passe ; ou émission musicale, voire de danse. Elle en regarde une aujourd’hui et manque de tomber dans les pommes lorsqu’elle reconnait, sur le plateau de l’émission concernée, Molly et Jonathan.

La blondinette qui a remporté le dernier Starquest fut invitée pour interpréter une chorégraphie, aux côtés du danseur de son choix.

Le cœur d’Erika vole en éclats de voir son ancien ami aux côtés de la blondinette qui excelle sur ce plateau télé. Elle ne peut le nier, Molly est parfaite, harmonieuse, et le moindre de ses pas appelle ceux de son partenaire. Erika le trouve d’ailleurs terriblement attirant, alors qu’il sublime le titre de Mika. Ses muscles saillants s’affichent sans pudeur sous un débardeur qui les dévoile, et le fait qu’il se soit rasé le crâne le rend plus sexy que jamais. Erika note aussi une petite barbe mal rasée sur un faciès devenu terriblement viril. Jamais encore elle ne l’avait trouvé aussi attirant et cela la choque tant qu’elle en éteint la télévision à la fin de la chorégraphie, pour se précipiter à vélo chez sa meilleure amie.

Elle ne saurait expliquer pourquoi elle se précipite ici, au moment où elle se réalise remplacée par son prétendant, mais une chose est sûre : elle n’a qu’une envie actuellement, c’est de se jeter dans les bras de celle qui lui est toujours restée fidèle…

Riley ne la repousse pas, bien au contraire, elle accepte de la réconforter, puis ose soudain un geste incroyable…

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— Ri..Riley… ? Qu’est-ce que… ? Bafouille maladroitement Erika, le cœur battant, dès que sa meilleure amie lui rend enfin ses lèvres.

L’adolescente cligne des yeux d’un air interloqué et cherche désespérément quelques réponses dans ceux de son interlocutrice qui vient surement de lui faire une plaisanterie de très mauvais goût.

— Je crois que je n’ai pas besoin de te faire un dessin. Et comme tu peux le voir, je ne peux plus être ton amie, Erika, parce que je veux être plus que ça. Alors, si tu ne partages pas cette idée, tu dois t’en aller maintenant, et m’oublier, annonce calmement Riley, sans l’ombre d’une hésitation et avec une assurance qu’elle a rarement possédée.

Erika en reste dubitative.

Dos au mur, elle balbutie quelques interrogations, tout en faisant un pas en arrière. Un frisson lui parcourt l’échine et ses doutes et angoisses se bousculent dans son esprit, quand soudain, sa réflexion s’arrête brusquement et son corps décide pour elle. Elle a un choix à faire et une chose est sure, ce n’est pas en restant bêtement plantée qu’elle le fera, alors…

Maladroitement, elle se laisse tomber sur son interlocutrice pour l’embrasser timidement, le cœur battant à tout rompre. Après tout, cela n’engage à rien. Cela ne mange pas de pain. Il faut simplement se laisser aller… Ne pas vraiment réfléchir. Se laisser porter par cette vague étrange emplie de sensations nouvelles. La vie est faite d’aventures…

Et puis elle pourrait accepter l’éventualité de la perdre, elle aussi.

Cuz all that you are… / Parce que tout ce que tu es

Is broken inside… / N’est qu’une brisure

But they’ll never know… Mais ça, ils ne le sauront jamais.

They’ll never know… / Non, ils ne le sauront jamais.

Ravie du déroulement des évènements, Riley approfondit tendrement son baiser, tout en l’enlaçant avec tendresse. Dès la fin de leur echange, elle lui prend délicatement la main pour l’emmener dans sa chambre ; sa demi-sœur ne devrait plus tarder à rentrer et elle ne veut pas qu’elle les surprenne.

— Ce soir, on fête l’anniversaire de l’autre cruche, mais j’ai invité quelques d’amis moi aussi, tu veux venir ? propose Riley, l’air enjoué, une fois dans son antre.

— Moi, aller à la fête de Molly ? grince aussitôt Erika, presque avec dégoût. Je préférerais encore me couper un membre, je crois !

— C’est plus un prétexte pour faire la fête qu’autre chose, lui assure Riley en riant. Ne crois pas que je vais la calculer non plus ! Nos parents ne sont pas là, ça va être une soirée de folie ! Allez vient, stp !

— Mais il y aura surement les Watcha Say… grince Erika, amère.

— Certains, oui, enfin je pense, je n’en sais rien, soupire Riley, haussant les épaules. Mais tu t’en fiches, car tu seras avec moi ! On restera avec les autres, et puis voilà. Allez, dis oui !! S. T. P. !!! Pour moi !!

— Manipulatrice… Mais d’accord, Ok. Soupire Erika, un peu perdue et rougissante, esquissant ensuite un petit sourire timide, tout en dévisageant de la tête aux pieds son  interlocutrice. Dis, tu m’en veux beaucoup si je te dis que les cheveux lisses, ça ne te va pas du tout ?! Enfin, c’est pas moche non plus, mais ça te…

— Pas la peine de faire ta petite tête! rit aussitôt Riley pour l’interrompre dans sa tirade, avant de sauter sur ses lèvres rosées et pulpeuses, l’air souriant et heureux. Promis, je vire mon lissage avant ce soir, mais toi, de ton côté, tu me coiffes tes merveilleux cheveux et tu révèles ta beauté naturelle ! Marché conclu ?!

L’air gêné, Erika bafouille une acceptation timide entre deux battements de cœur. Elle ne sait plus où se mettre tant sa gêne est immense, mais paradoxalement, cet enchevêtrement de sentiments nouveaux et étranges ne lui déplait pas tant que cela non plus…

Très vite et après quelques discussions échangées, les deux jeunes files éclatent de rire dans une osmose telle que la jeune Bauer n’a jamais eu avec personne d’autre. C’est ce qu’elle se dit à cet instant, dans un soudain moment de lucidité qui la rend soudain très heureuse. Elle est à sa place, entre ses bras…

« Aimer, c’est le métier des femmes. » [Claude-Joseph Dorat]

 Si l’amour était un délit nous serions deux coupables. Moi de t’adorer, et toi d’être adorable.

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*

 

Quelques heures plus tard, Joakim file à moto au café de Miguel, son ami devenu orphelin suite au décès de ses deux parents, il y a déjà deux ans de cela.

Arrivé sur place, il gare son engin contre le mur de l’établissement et part s’installer sur la terrasse. L’endroit étant pour le moment vide, il se doute que son ami, qui a sûrement entendu sa moto arriver, ne mettra pas plus de trente secondes pour rappliquer.

Miguel Sanchez est un jeune homme courageux que le travail n’effraie pas. Par chance, puisqu’il doit subvenir, quasiment seul, aux besoins des frères cadets. Depuis la mort du couple Sanchez, l’enfant aîné de la maison avait dû devenir adulte plus tôt que prévu, en héritant plus tôt que prévu de l’entreprise familiale pour empêcher un oncle avare de la récupérer à sa place. Miguel ne pouvait laisser cet héritage tomber entre les mains de quelqu’un qui n’en connait pas la valeur sentimentale. Pour la mémoire des siens, il se devait de protéger envers et contre tout ce café croisé bistrot.

Touche-à-tout et habitué à exceller dans tous les domaines, Joakim vient très souvent l’aider lors des services ou même après pour s’occuper des comptes. Ainsi, et grâce à ses nombreux coups de mains, Miguel arrive encore à suivre quelques cours au lycée. 

Si Miguel n’a pas encore tout plaqué, c’est grace a la presence de celui qu’il considère depuis longtemps comme son meilleur ami.

Son plus fidèle allié dans la vie. 

L’amitié des deux jeunes hommes s’est consolidée pendant cinq longues années, après avoir démarré de façon impromptue au cours d’une fraiche soirée de janvier. Les deux adolescents nerveux et bagarreurs s’étaient battus comme des poux à cause d’une broutille. Un regard de travers. À cette époque, ils avaient douze ans et ne résolvaient leurs conflits que par les poings. Ils devinrent très vite aussi inséparables que les doigts d’une seule main. Miguel était surnommé « ouistiti délavé » à cette époque et ce surnom lui faisait d’ailleurs coller quelques coups dans de nombreux faciès. Aujourd’hui, l’appellation l’amuse plus qu’elle ne le vexe, mais c’est surtout parce qu’elle n’est employée que par les Drifterz. Un autre se permettrait une telle familiarité serait aussitôt envoyé dans l’hôpital le plus proche avec de quelques fractures. 

Kristofer entra dans leurs vies deux ans plus tard, et sa personnalité calme et tranquille tranquillisa celle de Joakim, qui gagna peu à peu en self-control, en déteignant très vite sur Miguel. Pourtant, et malgré que Kristofer soit celui qui ait été la source de l’assagissement de ces deux têtes brûlées, aucun trio ne s’est jamais formé entre les trois jeunes hommes. Miguel restait réfractaire à l’idée de se lier de trop près au millionaire dépravé et prétentieux, tout comme Kristofer, élitiste, ne pouvait s’abaisser à fréquenter quelqu’un qu’il jugeait trop bas, à son goût, dans la hiérarchie sociale. Joakim resta malgré tout lié à ces deux amis, en vivant avec chacun d’entre eux des expériences de vies bien différentes.

— Il faut que tu la surveilles, cette gamine. Depuis quelques jours, elle met son nez partout et pose trop de questions à ton sujet, informe Miguel avec anxiété son ami.

— Je vais m’en occuper, certifie Joakim, l’air serein.

— Je ne m’inquiète pas pour toi, je sais qu’elle ne va pas faire long feu, mais fais tout de même attention et sois indulgent, ce n’est qu’une gamine. Au fond, je me demande si elle sait vraiment ce qu’elle fait… Alors fais-lui simplement peur, qu’elle prenne un peu ses distances, je sais pas… Et agis vite, ne la laisse pas trop fouiller, car elle pourrait avoir l’idée de le faire du côté de Kris’, et là ça pourrait aller très mal. Tu sais qu’elle est venue me parler pour analyser le niveau de notre relation, alors ça ne me surprendrait même pas qu’elle nous fasse suivre et débarque au restau un jour. 

— Elle n’a peur de rien.

— Ah, mais carrément, ça se voit qu’elle cherche à savoir ceux qui te sont le plus proche, faut vraiment que tu nous la mettes hors circuit ! Elle pourrait faire des ravages. T’imagines si elle creuse notre relation avec Kristofer et remonte certaines affaires ?! blêmit Miguel.

— Relax, ou tu vas me faire un ulcère. Je vais me charger de son cas, je te dis. En attendant, qu’est-ce qu’il fout là, lui ? Désigne soudain Joakim du regard en fixant un homme en costard qui entre dans le café de son ami.

Le jeune Bauer l’a aussitôt reconnu, le propriétaire d’une chaine de restaurants qui souhaitait acquérir le café de son comparse il y a quelques mois déjà.

— J’en sais rien, je vais aller voir, renvoie Miguel avec angoisse, mais en essayant cependant d’avoir l’air serein devant son comparse. Je te rappelle plus tard, si tu veux.

— Ouaip, j’y vais. Je vais aller casser de la danseuse.

Miguel rit et charrie une dernière fois son ami avant de filer à l’intérieur de son bistrot.