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Temps de lecture : 3 minutes

 

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À des kilomètres de là, Noah rentre paisiblement chez lui, l’air serein, tout en repensant à l’après-midi géniale qu’il vient de passer. Ce petit duel amical avec les Tigers a réellement sublimé sa journée !

Son téléphone portable sonne soudain. C’est sans attendre qu’il décroche en reconnaissant le prénom de Perrine qui s’affiche.

Elle lui propose un parkour en sa compagnie. « S’il en a encore l’énergie ! » rit-elle pour le taquiner. Le blondinet réagit aussitôt en acceptant son alléchante proposition. Il est ravi car il a adoré sa compagnie !

 

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Dans la maison voisine, chez les Bauer, Alarich vient de s’enfermer dans sa chambre pour ne pas inquiéter sa famille. Il se sent pris de vertiges et souffre de cette violente douleur au cœur qu’il reconnaît bien désormais. Elle lui arrive de plus en plus souvent depuis quelques semaines. Comme si un mal ambiant s’emparait progressivement de tout son être en le torturant avec cruauté…

Le mal… Le mal… Il est présent, tout autour de lui, il est présent et se tient fièrement à ses côtés. Il l’empoigne. L’étouffe. Le fait suffoquer. Alarich le sait. Alarich le ressent. Le mal… Le mal est là. Mais lui ne peut rien faire. Contre lui ! Il n’en a pas le pouvoir. De le repousser. De le chasser. De l’éradiquer. Ni même de l’atténuer…

Car le mal dévore. Le mal ronge. Le mal assaille, le mal tourmente.

Le mal consume. Le mal crucifie. Le mal poignarde.

Le mal éloigne. Le mal nourrit. Le mal rejette. Le mal s’entête. Le mal capture. Le mal engendre l’égoïsme. Le mal aveugle. Le mal détruit… Le mal devient personnalité.

Le mal enveloppe. Le mal enrage. Le mal nourrit son amie la vengeance. Le mal est haine. Le mal est guerre. Le mal transforme. Le mal s’allie au châtiment. Le mal devient personnalité.

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Temps de lecture : 3 minutes

 

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À un étage de là, Joakim profite d’un instant où il croise sa mère seul à seule pour poser d’un geste calme son iPhone sur le comptoir de la cuisine.

Sa mère se fige brusquement contre le réfrigérateur dès que le petit objet se met à répéter certaines paroles qu’il a enregistrées il y a quelques jours.

Le sol s’effondre aussitôt sous les pieds d’Eva Bauer qui dévisage rapidement son plus grand enfant, le regard rempli d’incompréhension, mais également de terreur. Comment le téléphone de son fils avait-il pu enregistrer une telle conversation ? Le visage d’Éva blêmit et ses yeux s’humidifient.

— Qu’est-ce que c’est que ça… ? Et puis… Ce.. Sache que ce n’est pas ce que tu crois, c’est… C’est… bafouilla -t-elle maladroitement.

Son fils est assis sur le tabouret devant elle. Il la dévisage avec une assurance ainsi qu’une froideur presque terrifiante.

— Tu n’as pas une tournée qui commence bientôt ? S’enquit-il en rangeant son iPhone dans le creux de sa poche, l’air toujours impassible. Je ne m’en souviens plus, mais je crois que tu vas bientôt repartir, non ? Demain, peut-être ? Cela serait une bonne idée, car ça éviterait que cet enregistrement ne tombe entre de mauvaises mains. Qu’en penses-tu ?

Éva en reste bouche bée, réduite au silence. Le visage blanc comme un linge, elle tente de ne pas défaillir. Ses yeux se remplissent de larmes. Sa vue se brouille et les mots se mélangent dans son esprit. Ses jambes flageolent, en rythme avec son cœur et sa respiration qui s’accélèrent. Elle cherche désespérément des arguments à lancer. Un moyen de le rassurer. De lui expliquer. De se justifier. D’ignorer ce qui semble être pourtant une évidence. Que pourrait-elle lui envoyer en plein visage pour effriter sa belle assurance alors qu’il l’attaque ainsi ?! Les mots se mélangent dans son esprit et elle n’en trouve aucun capable de s’associer pour renvoyer son fils jouer dans son youpala.

À la place, l’air complètement désespéré par son impuissance, elle reste plus muette qu’une carpe et elle le dévisage de la tête aux pieds, le regard anéanti, alors qu’il se relève de son tabouret pour la dévisager, l’air fier. Elle l’observe avec détresse en visualisant un flashback où elle le revoit sous la forme d’un adorable bambin qui venait affectueusement vers elle en trottant maladroitement, les bras grands ouverts, un large sourire peint sur les lèvres. Il l’appelait alors, avec une infinie tendresse, « mamaaan, maisonnnn, maaamannn !!! », parce qu’elle revenait chez eux après une absence de quelques heures à peine.

À une époque, elle lui manquait après seulement quelques heures passées loin de lui. Leur complicité faisait des envieux. Et aujourd’hui, c’est avec un air de mépris qu’il la chasse…

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Temps de lecture : 4 minutes

 

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Le lendemain, Raphaël a pris sa journée. Il n’est pas d’humeur à faire quoi que ce soit d’autre que de rester chez lui. Il est furieux contre son épouse qui s’en est allée il y a quelques heures à peine, pour soi-disant devoir préparer en urgence sa prochaine tournée, alors qu’elle avait encore un mois entier auprès des siens…

Le chef de famille a donc de solides raisons de fulminer. Sa douce peut parfois faire preuve d’un égoïsme abject  ! Elle ne s’en rend jamais compte, mais souvent, elle agit en véritable garce  ! Il s’énerve et ne comprend pas pourquoi elle aurait écourté si vite son retour. Dans son énervement, il en devient paranoïaque. Peut-être est-elle lui infidèle. Peut-être retrouve-t-elle aujourd’hui un amant  ! Il efface très vite ces doutes de ses pensées. Jamais sa «  Juliette  » saurait lui planter un tel couteau dans le cœur  ! Sachant en plus que le moindre fait et geste d’Éva Lee est retranscrit par les médias, elle n’oserait pas, même si elle le voulait  !

Elle doit rencontrer des soucis autres que l’adultère. Agacé, l’esprit tourmenté par son impuissance face à la situation, il se mord les lèvres tout en soupirant face à son inutilité. Blasé, il observe la salle de danse de sa fille à travers les baies vitrées du salon, tout en restant ainsi, boudeur et nonchalant.

Ce soir, l’amour de sa vie l’appellera pour lui faire le compte rendu de sa journée et il réalisera alors qu’il a été bien médisant de s’imaginer qu’elle puisse s’éloigner de lui trop vite sans aucune raison valable. Il en est certain. Il n’a aucun doute à ce sujet. Ce sont des âmes sœurs.

Mais elle lui manque déjà tellement…

 

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À des kilomètres de là, pendant un intercours, Trisha aide l’un de ses camarades de classe à comprendre un chapitre de mathématiques. En effet, son camarade Sam Exite a toujours peiné dans cette matière et son arrivée récente aux États-Unis n’aide pas ses lacunes : il ne maîtrise pas encore l’anglais et cela le désavantage grandement pour suivre correctement de nombreux cours.

Au début de l’année, la rouquine venait souvent lui prêter ainsi main-forte, même si leurs brèves « entrevues» finissaient toujours par être écourtées par l’arrivée de Joey Sanders qui venait chercher sa dulcinée pour la ramener avec lui dans le coin des «  stars du lycée  ».

Cela ne dérangeait jamais Sam, puisqu’il trouve normal que les élèves faisant partie de l’élite du lycée s’éloignent afin de rester entre «  êtres supérieurs  ». Il s’estime déjà heureux d’avoir la chance de discuter parfois avec la jeune et jolie Trisha Hill  ! Ce privilège n’est pas offert à tous  ! Il pousse soudain un soupir de lassitude en constatant que Joakim Bauer vient de revenir dans la classe pour se diriger à grandes enjambées vers la rousse.

« Ça y est, le despote vient chercher sa reine…  », songe Samuel en pensées, tandis que Trisha saute déjà au cou de son petit ami pour l’embrasser.

Pourtant, et à la grande surprise du brun, Joakim libère sa compagne après leur embassade, puis fait volte-face pour repartir d’où il vient. En chemin, il lui fait même un geste d’au revoir de la main droite. Samuel n’en revient pas. Jamais Joey Sanders ne lui avait offert cette politesse  ; il hallucine positivement sur ce comportement. Il n’aurait jamais pu imaginer le jeune Bauer sympathique  ! Lui qui ne l’a toujours croisé qu’en coup de vent et au milieu d’une troupe d’autres lycéens en reste choqué. Ravi, il lui sourit alors en retour, tout en se tournant à nouveau en direction de Trisha qui reprend ses explications. Il faut croire que les choses ont changé dans leur lycée depuis que Joey Sanders n’en fait plus partie  !

L'Améthyste

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