~ 094 ~

Temps de lecture : 5 minutes

 

*

 

Le lendemain, Noah et Alex se prélassent non loin d’une plage après un petit free parkour en duo, initié par le blondinet ce matin. Il met à exécution sa décision de se concentrer désormais sur ses vrais amis plutôt que sur un ingrat fini qui, au fond, ne le mérite pas !

Soudain, et alors que les deux jeunes hommes reprennent leur souffle en plaisantant sur divers sujets de leur âge, un vieil ami perdu de vue arrive dans leur direction :

Lee Kuan. L’un des breakdancers d’un crew qu’ils apprécient beaucoup ; les Tigers.

— Tiens, deux vieilles branches qui trainent dans le coin ! s’exclame t-il.

— Hey, Lee ! Salue amicalement Alex, agréablement surpris.

Il bondit vers le nouvel arrivant pour lui offrir une accolade. Noah l’imite juste après et les trois hommes se pressent ensuite d’échanger quelques banalités, avant que leur camarade leur propose que leurs deux crews se fassent un petit duel amical, comme au bon vieux temps ! Il y a longtemps que les Tigers n’ont plus affronté les Drifterz !

Alex et Noah se hâtent d’accepter cette alléchante proposition. Ils en meurent aussi d’envie ! 

Le rendez-vous est donc fixé pour le lendemain. Les deux crews s’affronteront sur une place publique qui sera décidée le soir même ! Ils se préviendront tous sur WhatsApp.

À ce moment-là, et sous son sourire enjoué, Noah prend la décision de ne pas prévenir Joakim de ce duel amical. Pour une fois, le jeune Bauer n’aura pas son plus fidèle allié pour l’informer de tout. Cet idiot sera alors surpris, voire choqué ! Et cela ravit le blondinet désireux de lui donner une bonne leçon de vie. Il est temps que son binôme se réalise un peu seul, sans lui, car sa copine, aussi adorable soit-elle, ne le remplacera jamais ! 

 

*

 

Quelques heures plus tard, dans un night-club de Venice, Amy Wills s’est mise sur son 31 et se prépare à s’offrir une soirée en solitaire. Elle apprécie cela, de parfois s’envoler loin des siens, s’isoler, s’éloigner, faire de nouvelles rencontres et découvrir de nouveaux univers. Amy Wills est une nomade sociale. Quand d’autres préfèrent s’entourer de toujours la même bande d’amis, elle affectionne d’en découvrir d’autres. Ainsi, elle change souvent de vies. Incarne des rôles. Elle a ses phases… Il est délicat de la cerner, voire encore de l’assagir. Elle n’obéit qu’à un seul maître : elle-même. Elle est seule maîtresse de son destin et de ses choix. Qu’ils soient bons ou mauvais, ils restent les siens à elle et à elle seule. Cependant, et malgré le fait qu’elle assume sa vie nocturne sans la moindre honte, elle s’évertue pourtant à la dissimuler au maximum en ne laissant paraître d’elle que son côté lycéenne mignonne et rigolotte ! En société, ce côté-là a toujours un effet plus positif que l’image de quelqu’un qui vit la nuit. Elle ne tient pas à dévoiler au monde ses côtés sombres. Contrairement à sa mère, elle s’accroche encore à sa propre image.

Ainsi, dans le but de garder secrets ses plus noirs desseins, elle a une boîte de nuit de prédilection, à Venice, où elle n’a jamais croisé la moindre de ses connaissances habituelles. Et pour cause, ce nightclub n’est pas du tout le genre de ses amis lycéens et elle est certaine qu’elle n’en croisera jamais un seul entre ces murs !

— Charlie* ! Si je ne t’avais pas croisé ce soir, je m’en serais sans doute inquiétée ! s’amuse amicalement la blondinette en arrivant au bar lorsqu’elle constate une jeune fille qu’elle croise souvent ici. 

*Charlie, crossover avec Niny

— J’ai bien cru que tu ne viendrais pas ce soir ! sourit la brunette aux cheveux longs.

— Eh oui, je suis une femme pleine de surprises, je sais, mais je suis là maintenant, acclamez-moi, public bien-aimé, votre déesse est arrivée ! ! s’exclame de nouveau Amy, avant de reprendre avec taquinerie : — Alors, ma belle, tu as pêché du lourd, ce soir ? Ton mec marié est passé ?

— Pas encore, je l’attends justement ! s’amuse naïvement Charlie, un large sourire jusqu’aux oreilles esquissé. Son air candide émeut Amy qui éprouve toujours un profond attendrissement pour cette jeune fille un peu trop innocente ; sa vie n’a pas dû être rose tous les jours… La blondinette s’est pourtant toujours refusée à chercher à en savoir plus sur son amie de beuverie. Son histoire l’indiffère. Elle ne veut pas se montrer trop curieuse envers quelqu’un qui semble aimer s’isoler en soirées pour strictement les mêmes raisons que les siennes. « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse ! »

— Eh merde, manquait plus que lui, souligne brusquement Amy en s’extirpant de ses pensées lorsqu’elle remarque l’arrivée de Joakim et Kristofer dans le night-club.

Son sang ne fait qu’un tour et son cœur bondit dans sa poitrine. Elle en reste bouche bée et se fige, choquée par sa présence ici.

D’un seul mouvement, elle se retourne avec hâte en direction du bar en priant pour que le jeune Bauer ne l’ait pas aperçue. Croiser ce crétin entre ces murs est bien le pire qui peut lui arriver ce soir, et elle ne comprend pas comment cet abruti a pu avoir l’idée de sortir ici, à Venice ! Elle rage intérieurement tandis que sa comparse brune lui sourit, l’air amusé, tout en ne quittant pas Joakim du regard :

— C’est lui qui te met dans des états pareils ?

— Ne le regarde pas ! râle doucement Amy, honteuse, tout en cherchant nerveusement un moyen de se sortir de ce guêpier.

Croiser ici le meilleur ami de Noah est bien le plus gros coup de malchance qui peut lui tomber dessus. Elle est verte ! Il faut absolument qu’elle s’entretienne avec ce crétin pour qu’elle s’assure qu’il ne compromette pas sa relation future avec son petit ami.

— Il faut que j’aille le voir. Ciao Charlie, amuse-toi bien ! termine-t-elle avant de détaler.

C’est avec assurance qu’elle file désormais en direction de la table où se sont installés Joakim et Kristofer, dans une démarche sexy au possible, tandis que la brunette qu’elle laisse derrière songe avec empathie et tristesse que personne ne peut décidément échapper au plus grand fléau de ce monde ; l’amour à sens unique.

~ 095 ~

Temps de lecture : 4 minutes

Arrivée devant les deux hommes, Amy lance avec un petit air hautain, tout en dévisageant Joakim :

— Toi, ici !

— Et tu t’es sentie obligée de venir à ma table ? rétorque le jeune Bauer avec mépris. « Non, mais pour qui se prend-elle, cette petite conne ? », songe-t-il avec dégoût.

Kristofer laisse échapper un petit rire moqueur et se lève pour s’éloigner en direction de la piste de danse.

Il a reconnu un ami à l’autre bout de la boîte de nuit et rit intérieurement de la malchance de son camarade. Il fallait qu’il croise la cruche blonde en venant ici : son comparse est vraiment le type le plus maudit de Los Angeles !

— Qu’est-ce que tu fais là ? reprend Amy en s’asseyant près du jeune Bauer qui reste stoïque, impassible.

Le contraire aurait presque été étonnant, songe Amy avec amusement, tout en ayant subitement envie de l’affronter, lui qui l’excède tant. L’air serein, elle ajoute alors, souriante :

— Je viens souvent ici et je ne t’ai jamais vu. Alors, pourquoi ce soir ? Trisha n’apprécierait pas, tu sais !

Un sourire naît sur son visage, car elle adore le provoquer ainsi, ce sale goujat qui l’exaspère autant qu’il l’excite… « Il est vraiment beau », pense-t-elle en se pinçant discrètement la lèvre inférieure.

— Je n’ai aucun compte à lui rendre, ce qui n’est pas ton cas vis-à-vis de Noah. rappelle sereinement Joakim en se servant un verre de whisky.

La bouteille qu’ils ont commandée avec Kristofer est posée sur la table devant lui. Il soupire alors, avec une politesse forcée par son éducation : 

— Tu en veux un ? 

— Pourquoi pas, accepte Amy sans attendre, avant de reprendre avec un soupçon d’angoisse. Je peux compter sur toi pour ne rien dire à Noah, hein ?

— Qui sait.

— Tu as beau être insensible, je sais bien que jamais tu n’oserais faire autant de mal à ton meilleur ami, taquine Amy avec un clin d’œil. Nos présences ici resteront nos petits secrets !

— Mais tu peux pas fermer ta gueule, un peu ? s’énerve Joakim en buvant une gorgée de son whisky.

La blondinette fronce les sourcils et l’imite aussitôt avec le verre que Joakim a corsé plus que la normale. Elle grogne immédiatement et avec colère :

— Putain, tu sais pas doser un verre ou quoi ? !

— Sans doute.

— Tu es vraiment bizarre, grogne Amy en buvant cul sec.

Ce geste surprend son interlocuteur qui l’incendie aussitôt :

— Ne compte pas sur nous pour te ramener !

 

♪ My heart will go on ~ Celine Dion ♪

— T’inquiètes, j’en ai vu d’autres ! rit-elle avec une bonne humeur soudainement retrouvée. Tu viens ? On va danser ? ! ? C’est ma chanson préférée ! ! !

— Non, merci. Tu m’as pris pour qui, là ?

— Allez, s.t.p. ! Ça n’engage à rien ! De toute manière, si tu refuses, je dis à Trisha que je t’ai vu ici, et compte à rendre ou pas, elle va être tellement furax que tu ne la toucheras pas pendant au moins deux semaines ! !

Elle piaille cela en se relevant d’un bond du canapé pour le tirer par le bras :

— Alleeeeeeeez !   Ton destin est dans cette danse ! !

Elle rit désormais aux éclats, avec une étrange innocence. Comme si elle ne réalisait pas la réalité de ses actes. Comme si elle n’avait plus peur de rien. Joakim en reste sceptique.

— Tu me fais honte, lui grommelle-t-il en retour, mais en acceptant cependant de la suivre sur la piste…

[Il y a deux sortes d’amour : l’amour insatisfait, qui rend odieux, et l’amour satisfait, qui rend idiot.]

~ 096 ~

Temps de lecture : 6 minutes

Ces trois minutes passées à danser avec ce type, qui savait à la fois l’excéder et l’envoûter comme personne, feront partie des plus beaux moments de la vie d’Amy Wills. Durant ce court instant, elle se laissera complètement aller, en laissant même tomber ses armes et ses barrières, pour se blottir très vite et tendrement contre lui. Le tout, dans le plus grand des silences. Aucun des deux ne prononcera le moindre mot. Pour la première fois depuis tellement longtemps, Amy éprouvera enfin un sentiment d’épanouissement. Entière. Légère. À sa place. Sur un nuage… Les lueurs du night-club camoufleront habilement ses joues empourprées et c’est sans la moindre honte qu’elle sentira soudain, en plongeant dans le regard du jeune Bauer, son cœur battre la chamade comme il avait rarement battu.

Mais, toutes les bonnes choses ayant une fin, ce slow langoureux s’achève à la fin de la chanson de renom de Céline Dion, et Joakim n’attend pas une minute pour revenir vers son canapé dans le but de se servir un nouveau verre. Il est assoiffé. Sa partenaire revient avec hâte s’asseoir à ses côtés, l’air guilleret. Poli, il lui sert alors à elle aussi un nouveau verre. Sans prononcer un mot, il le lui fait aussi corsé que le premier, et ce, même s’il la sait déjà saoule. Les filles ne tiennent décidément très mal l’alcool… qu’il rit en pensée, en réalisant que malgré son désormais manque de sobriété bien flagrant, sa voisine boit une fois encore son verre cul sec. Il insiste de nouveau et avec ironie sur le fait qu’il ne la raccompagnera pas lorsqu’elle ne sera plus en mesure de rentrer chez elle et qu’elle ne doit pas compter sur lui pour cela. Cependant, elle éclate de rire et se jette sur lui avec un regard pétillant d’une nouvelle intensité, ce qui surprend le jeune Bauer sur le moment.

— T’es vraiment un connard, lui sourit-elle, affectueusement en plus, juste avant de s’emparer de ses lèvres pour un baiser langoureux que Joakim ne refuse pas, allant même jusqu’à le prolonger, à la caresser vicieusement…

La température grimpant très vite, Joakim susurre alors avec perversion :

— Je connais un hôtel pas très loin…

— Qu’est-ce qu’on attend, alors ? Lui renvoie aussitôt sa partenaire, le bas-ventre déjà en ébullition, tout en lui mordillant sensuellement le lobe de l’oreille.

Ils se relèvent du canapé à l’unisson et filent vers la moto du jeune Bauer, puis dans une chambre d’un petit hôtel de plage… Le tout sans échanger la moindre parole. Joakim reste silencieux, Amy respecte son désir de silence, elle n’ose tenter quoi que ce soit qui mettrait fin à une soirée qu’elle considère magique…

La façon dont il l’a poussée en avant sur le lit pour la prendre par derrière, juste après s’être déshabillé et enfilé un préservatif, a quelque peu choqué Amy, mais elle arrive toutefois à prendre du plaisir dans ces brusques pénétrations. Elle ne s’attendait pas à des mots doux ni à être déshabillée sensuellement avant de passer à l’acte, mais elle doit avouer qu’elle n’espérait pas se voir ainsi considérer comme un objet sexuel. Il semble la traiter tel quel et, après l’avoir secouée pendant quelques minutes en levrette, il la retourne et lui indique de se mettre sur le dos, sur le lit. ravie, elle obéit, espérant un deuxième round en missionnaire, avec de longs échanges de baisers excitants…

[ Le manipulateur est un dealer, il vous livre ses doses, vous rend dépendants, et s’enrichit en vous méprisant. – J. Eldi]

C’est mal connaitre Joakim. Il lui attrape les jambes et les pose sur ses épaules à lui, pour les maintenir en l’air et la prendre en hauteur. Ainsi, elle ne peut approcher son visage quand lui a une pleine vue sur le sien secoué de spasmes et ses seins qui ballotent de haut en bas avec vivacité, entrainés par ses vifs coups de bassins. Elle en crie d’excitation. Ces deux positions restent une première pour la blondinette, mais elle les adore, avec lui ! Noah n’a pourtant jamais osé la prendre ainsi, sans doute parce qu’il ne vaut pas son cousin au lit ! Elle halète, gémit, sue et hurle son premier orgasme.

[ Il y a deux sortes de femmes. La femme-bibelot que l’on peut manier, manipuler, embrasser du regard, et qui est l’ornement d’une vie d’homme. Et la femme-paysage.  Celle-là on la visite, on s’y engage, on risque de s’y perdre. – Michel Tournier ]

Il passe à la vitesse supérieure et lui grimpe dessus. Ravie, ses cuisses l’enserrent rapidement. Elle adore sentir désormais son bas-ventre cogner contre le sien à chaque pénétration, elle voudrait lui attraper les lèvres pour l’embrasser, mais il lui maintient les avant-bras au-dessus de sa tête, avec sa main droite. La gauche maintient le haut de son corps en l’air pour lui donner de l’impulsion pour la secouer toujours plus. Son cœur s’affole, elle lâche un deuxième orgasme dans un cri strident. Elle est folle de lui…

[ C’est souvent avec une femme idiote qu’on peut vivre en bonne intelligence. – Albert Willemetz ] 

Dès la fin de l’acte, il s’assoit sur le rebord du lit le temps de reprendre son souffle ; elle tente de se rapprocher de lui pour lui embrasser ses épaules nues et musclées qu’elle adore. Il la repousse légèrement. Pas trop de proximité non plus. Elle comprend le message et se recule au milieu du lit.

Hésitante à prendre une douche, avec lui de préférence, elle le voit se relever et commencer à se rhabiller. L’air intrigué, mais également un peu inquiet, elle le questionne timidement :

— Qu’est-ce que tu fais ?

— Ça ne se voit pas ? Je m’habille.

— Oui, je sais, mais pourquoi ?

— Parce que je n’ai plus rien à faire ici, mais la chambre est payée jusqu’à demain, alors tu peux rester si tu veux. Bonne nuit ! termine-t-il dans une dernière tirade avant de s’éclipser de la pièce.

Il laisse derrière lui une jeune fille qui va commencer à se faire rattraper par la réalité de ses actes. Quel couteau dans le dos vient-elle de planter dans le dos de deux êtres pourtant chers à son cœur ? Elle finira la nuit dans cette chambre, plus seule que jamais et lasse de réaliser que finalement, elle ne vaut pas mieux que sa dépravée de mère. Deux êtres solitaires et destructeurs qui savent saisir leur bonheur quand celui-ci leur est accordé. Pourtant, et malgré cette sombre constatation des moins flatteuses, la jeune fille n’éprouve aucune culpabilité pour cette nuit délicieuse. Quelqu’un d’autre s’effondrerait et pleurerait toutes les larmes de son corps d’avoir été traité comme de la chair humaine, tandis qu’elle est plutôt satisfaite de ces deux orgasmes. « Elle a finalement eu ce qu’elle voulait ! Elle l’a eu dans son lit, lui ! Tout le reste n’a plus d’importance. »

L'Améthyste

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