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Quelques heures plus tard, en pleine nuit, chez Kristofer, une soirée endiablée se déroule…
Fière de se trouver ici, aux côtés de son compagnon, Trisha arbore un sourire radieux. Aux anges, elle le remercie pour le cocktail qu’il lui prépare, devant le bar du grand salon de la pièce.
À quelques mètres du couple, le propriétaire des lieux rit avec l’un de ses invités, met de l’eau dans son vin et accepte chez lui une rousse qu’il déteste. « Ah, Joakim, tu n’as pas intérêt à me la ramener, celle-là ! », songe-t-il avec dépit alors qu’il la regarde glousser avec son camarade.
La présence de la demoiselle étonne aussi les autres convives, car Joakim ne vient jamais accompagné.
Ils s’intriguent donc de cette étrange nouveauté, tout en se questionnant sur leur hôte qu’ils voient danser avec Shane Helms. Ces deux-là semblent rabibochés, mais l’entourage du millionnaire reste sceptique. « Combien de temps tiendront-ils ensemble, cette fois ? » se demandent-ils tous.
Derrière le bar, Trisha se colle tendrement à son compagnon pour lui susurrer des mots doux. Son air enjoué perturbe les curieux.
« Comment Bauer osait-il emmener une femme là où il a déjà baisé toutes celles de la pièce ? » Ils rient tous intérieurement de ce culot décomplexé.
La rouquine n’imagine pas une seule seconde ces nombreuses railleries. Heureuse d’avoir été invitée par son homme, elle profite de sa soirée et ne le lâche pas d’une semelle, l’enlace souvent et l’embrasse régulièrement. Elle rayonne d’un bonheur pur.
Un peu plus tard, alors qu’elle s’isole au petit coin pour se repoudrer le nez, Joakim s’assoit sur l’un des canapés rouges du salon pour souffler.
Shane arrive aussitôt dans sa direction pour le taquiner :
— À quand le mariage ?
— La ferme.
— Hey, parle mieux à celui qui est venu t’aider l’autre fois, quand tu avais des soucis avec les méchants lycéens tout pas beaux !
— Ne me chauffe pas…
— Ça va mieux, tes petites côtes d’amour toutes meurtries ?
Joakim reste silencieux, mais gratifie son interlocuteur d’un regard noir qui trahit son envie de le frapper.
— T’énerves pas, petit bout, rit Shane d’un air amusé. Moi qui voulais juste te prévenir que j’ai vu quelque chose qui concerne ta douce maman…
À quelques mètres de là, Trisha revient des toilettes et remarque Kristofer dans sa cuisine, de dos, occupé à se préparer un encas. Elle grimace de dégoût et le dévisage avec mépris.
— Tu veux ma photo ? lui lance celui-ci dès qu’il se réalise observé.
— La photo d’un pauvre type collé aux basques de mon mec ? Non, merci, renvoie la jeune fille avec un air de défi.
Choqué, le millionaire se retourne vivement dans sa direction :
— Tu peux répéter ?
— Maintenant que je vois vos petites soirées, je peux analyser et comprendre votre relation : une épave paumée agrippée aux mollets de mon copain, car il n’a rien d’autre dans la vie.
— Pardon ? s’étouffe à moitié Kristofer. Fais bien attention, petite pute, parce que Joakim ou pas, je peux très bien te jeter de chez moi à coup de pied dans le cul et te détruire !
Le propriétaire de la demeure serre les dents pour garder son calme. Furieux, il reprend :
— Et arrête de faire ta belle, car il n’est sorti avec toi que pour démolir ton ex… Putain, si tu savais toute l’histoire, tu ne t’en relèverais pas, pauvre fille va ! n’ose plus jamais m’adresser la parole ! C’est un conseil !
— Tu ne m’impressionnes pas, Kristofer, poursuit la demoiselle en se rapprochant de lui. Tu es peut-être le roi de ces soirées sordides et malsaines, mais à mes yeux, tu ne vaux rien. Tu n’es qu’une merde qui tente d’entrainer dans sa chute son ami. Arrête de l’appeler en permanence pour lui demander de te rejoindre, fous-lui la paix.
— Pauvre folle va… pouffe le jeune homme, choqué par sa bêtise.
Une boule se forme pourtant au fond de sa gorge, car cette idiote a visé juste sur pas mal de points…
— Je comprends que tu me détestes, ajoute-t-elle avec fierté, toi qui as pour habitude de le garder pour toi tout seul, tombe désormais sur un os !
— Ferme-la, petite conne ! cingle-t-il. Tu penses réellement avoir une quelconque importance pour lui ? Laisse-moi rire ! Tu ne sais rien de lui, tu ignores de quoi il est capable, tu n’es que son jouet. Tu me fais pitié. Tu penses être de notre monde, de SON monde, mais tu n’es qu’un pantin. Un vide-couilles. Sache que, si je souhaite qu’il te jette de sa vie, il le fera sans hésiter ni même se retourner.
— Chiche.
— Tu n’auras bientôt plus que tes yeux pour pleurer, alors continues de l’idéaliser, ça n’en sera que plus jouissif lorsqu’il t’ouvrira enfin les yeux ! Tu tomberas de haut, ma belle, et ne t’en relèveras pas.
— Pourtant, si je suis encore là aujourd’hui, c’est bien que tu n’as pas réellement les moyens de nous faire rompre ! N’est-ce pas ? s’amuse Trisha. Je sais que tu as essayé, j’ai vu certains de tes messages. Tu lui as demandé de me virer, avec un smiley de con qui rigole ! Et pourtant, je suis toujours là, avec la ferme intention de le protéger de toi !
Elle termine sa phrase en tournant les talons pour revenir vers son petit ami.
Son iPhone sonne soudain alors qu’elle arrive près du canapé où elle le constate encore assis.
— Oui ? Oh, Noah, salut !
Joakim se fige lorsqu’elle prononce ce prénom. D’un bond, il se relève et lui mime quelques signes de main qui semblent exprimer un « non ».
— Oui ! Oui ! Euh… non, en vérité, euh… balbutie-t-elle dans une tentative d’interpréter les signaux brouillons de son homme.
— À demain, bye, lui renvoie son interlocuteur avant de raccrocher.
Le Driferz blond n’a pas besoin d’en entendre plus et souffre de réaliser sa présence aux côtés de son binôme, quand lui, son frère de cœur, n’a jamais été ainsi intégré à cette vie secrète, réservée à l’élite…
Dès la fin de son appel, la rouquine s’assoit timidement près de son compagnon, qui la gronde pour sa maladresse auprès de son cousin ! Honteuse, elle balaie la pièce du regard et remarque que certaines convives se moquent de leur petite dispute…
— Je ne pouvais pas savoir ! Excuse-moi, minaude-t-elle l’air penaud. Je suis vraiment désolée…
— Tais-toi, tu en as assez fait. Faudra que j’arrange tout ça demain. Après tout, il faut que j’assume de t’avoir amenée ici. Fait chier, merde.
Joakim bouillonne, furieux de ne pas avoir anticipé cet appel. Lui qui planifie tout d’habitude a commis une erreur à cause d’une tierce personne, ce soir !
À cause d’elle !
Comme le dit si bien la citation : « L’enfer, c’est les autres ! »
À quelques mètres, Kristofer jubile devant le couple en froid.