~ 078 ~

Temps de lecture : 7 minutes

 

*

 

Au même moment, dans la maison voisine, Erika Bauer vient de revenir de New York avec son école de danse.

Désespérée par sa compétition ratée, elle a couru s’enfermer dans sa chambre pour y pleurer toutes les larmes de son corps.

Masochiste, elle remet sur sa télévision la prestation qui lui a valu sa victoire aux nationales il y a deux ans.

Elle se déteste et meurt de honte quand elle se revoit remporter ce trophée, puis devenir, grâce à lui et petit à petit, l’icône des Watcha Say.

On lui adressait la parole, les yeux brillants d’admiration, après cette victoire, et elle marchait ensuite fièrement, telle une reine, aux côtés de ses camarades Watcha Say, qui la considéraient alors comme l’étoile montante de leur école. Celle que toutes rêvaient d’égaler ! Celle que l’on montrait en exemple ! Elle possédait ce petit statut privilégié… Qu’elle vient de perdre brutalement cette année ! Car Molly Gray le lui a dérobé en s’illustrant à son tour, et à Starquest, en plus ! L’adolescente ne s’en remet pas. Quelle humiliation ! Son estomac en fait des pirouettes et elle s’en mord la main pour s’empêcher de hurler dans toute la maison.

 

*

 

Pendant ce temps, Joakim, assis sur le lit de sa rousse, émerge d’une sieste et l’observe se préparer d’un air sceptique : elle vient de terminer son maquillage devant sa coiffeuse, après s’être vêtue d’une robe courte et moulante. Perplexe, il se demande les raisons d’une telle tenue.

— Tu vas quelque part ? questionne-t-il rapidement dans sa direction, tandis qu’elle prend la pose devant son miroir.

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— Je vais retrouver Alex, Amy, Noah, Hajer et Aïdan. On va manger dehors, lui répond-elle avec innocence.

— Pardon ? Tu me laisses ici, tout seul ? C’est une blague ? grommelle-t-il aussitôt, choqué.

Il n’en revient pas de son audace, alors qu’il reste chez elle un jour de plus ! « Faites du bien à Martin ; il vous chiera dans la main ! » Songe-t-il avec dégoût. « Déjà qu’il ne l’a quasi pas vue de l’après-midi. Elle exagère ! »

— Tu ne peux pas venir dans ton état, lui sourit-elle tendrement en se rapprochant pour lui déposer un baiser sur le bout des lèvres. Repose-toi bien, je ne tarderai pas !

— Tu sors le grand jeu pour manger avec la bande ! 

Il lui répond avec une moue boudeuse et la regarde marcher de façon sexy jusqu’à la porte de sa chambre. « Elle roule du cul, en plus ! »

— Je sors toujours le grand jeu, quoi que je fasse ! réagit-elle avec malice et amusement. 

Elle quitte ensuite la pièce sans un mot et plus, tandis qu’il reste perplexe et perturbé par son attitude.

« Elle a osé le planter là ! » Pour la première fois depuis le début de leur relation, il n’est pas le centre de son existence !

Son iPhone vibre soudain sur la table de nuit. Il prend aussitôt l’appel de sa sœur.

— Papa a dit que tu révises chez un ami… râle-t-elle dès qu’il décroche. 

— Oui, je bosse sur un projet de sciences. Pourquoi ?

— Il parait que tu n’as pas regardé Starquest avec eux… Et ça m’étonnerait que tu l’aies regardé de ton côté…

— En effet, mais, vu le résultat, ça vaut mieux. Tu ne crois pas ?

— Je… Mais t’es dégueulasse ! Tu m’avais promis…

— Je devais réviser.

— Mon œil, oui, ironise Erika en geignant, tu es méchant, tu m’avais promis…

— Si tu es désespérée parce que tu as été naze, y a pas écrit « bureau des plaintes » sur mon front.

— Quoi ? Non ! Je m’en fous de ces résultats qui mentent ! crache sa cadette avec dégoût en hoquetant entre deux sanglots. Mais toi, tu es méchant parce que tout passe toujours avant moi, pour toi !

— Oh la Drama Queen, tu as fini ? Va t’entraîner au lieu de me péter les oreilles, LA Dance Magic approche à grands pas et il ne faudrait pas que tu sois minable à cette compétition-là aussi. Tu vaux mieux que ça.

— M’en fous de la danse, j’en ai marre de tout. Je ne vaux rien… C’est Molly, maintenant, la reine, et moi, je… je…

— Ferme-la, un peu. Tu es bien meilleure qu’elle, quand tu veux.

— Aux yeux de tous, maintenant, je suis derrière Molly ! Je la déteste, je la déteste ! J’ai envie de quitter les Watcha Say pour leur montrer que je peux être meilleure qu’elle, sans eux !

— Eh bah fais-le.

— Sérieusement ? s’intrigue Erika devant la réaction de son frère. Tu penses que, si je postule dans une autre école, je serais prise ?

— Pourquoi pas ?

— Parce que je pensais aux Rolling Deep, s’exclame joyeusement Erika, ragaillardie. Mais c’est une école très réputée, tu n’imagines pas le niveau qu’il faut pour passer leur audition ! Je t’en avais parlé à l’époque !

— Tu as tout à gagner et rien à perdre en tentant ta chance.

— C’est sûr, mais…

— Bref, je dois te laisser, miss Gros Égo, j’ai du boulot ! Alors, bon vent et va postuler !

— D’accord, à demain ! s’exclame joyeusement l’adolescente.

Joakim conclut sa conversation et se relève du lit de sa petite amie pour s’asseoir devant son bureau afin d’utiliser son laptop.

Il doit effectuer une recherche et efface toutes traces de son passage dès qu’il a terminé…

Dix minutes plus tard et après un certain appel, il sort de la chambre pour se dégourdir les jambes. 

— Le prince se déciderait enfin à quitter l’antre ? le nargue Maya dès qu’elle l’aperçoit entrer dans le salon. Viens t’asseoir !

Il obéit sans attendre et s’installe sur le canapé à ses côtés, devant la télévision qui diffuse sa série préférée — Desperate Housewives — dépité par ce visionnage, il dirige son regard vers le sol, sur le moelleux tapis à longs poils que ses petons déchaussés apprécient beaucoup.

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— Au fait, qu’est-ce que tu penses d’Alex ? lui demande soudain son acolyte d’infortune.

Un sourire narquois accompagne sa question et cela ne plaît pas du tout à Joakim, car d’habitude, le maître du sarcasme, c’est lui.

— Comment ça ? répond-il alors, l’air détaché en apparence. Je ne m’intéresse pas aux hommes, j’aurais pensé que ça paraissait évident.

— Tu laisses ta belle sortir avec un charmant damoiseau qui en pince pour elle ? poursuit Maya, follement amusée.

Elle souhaite l’inquiéter et le redescendre de son trône.

— Je ne vois pas ce que je crains, soupire Joakim, indifférent.

— C’est dommage que tu ne le voies pas, alors ! Parce que Trisha s’est faite drôlement belle pour sortir, ce soir.

— Elle fait ce qu’elle veut, on n’est pas mariés, grince le jeune homme sur une pointe d’agacement.

— Oh, ne t’énerve pas, petit chou ! Je disais ça comme ça, car, bien entendu, un prince tel que toi n’a rien à craindre, voyons ! sourit Maya en s’enfonçant confortablement dans son canapé. 

Elle reprend très vite en promenant son regard dans la pièce :

— Comment tu trouves notre appart ?

— Sympa.

— Mal élevé, va ! La réponse attendue est : Oh, madame, la déco de ce salon est juste incroyable ! Ah, ces hommes, il faut tout leur dire !

Joakim esquisse un rictus amusé. Elle n’a pas tort, car cet appartement luxueux qu’elle habite avec sa fille n’a rien à envier aux demeures de stars de Santa Monica ou Beverly Hills. « Lui posait-elle sa question pour réconforter un probable complexe d’infériorité ? » Elle qui ignore pourtant l’identité de sa mère dans le monde de la musique…

— Et ce tatouage de tigre, quelle est sa signification ? lui demande-t-elle ensuite, curieuse.

Il n’a aucune réponse glorieuse à lui offrir pour justifier ce que subissait son épaule gauche, il y a trois ans et après une fête d’anniversaire qui rassemblait tous les Drifterz. L’alcool avait coulé à flots ce soir-là et son paternel avait mis six mois à lui pardonner son manque de maturité.

— Pas très bavard, le p’tit père, rit son interlocutrice devant son mutisme.

Il en soupire d’irritation et se relève pour repartir s’allonger, quand elle reprend encore :

— Tu as l’air d’aller mieux, j’ai l’impression que tu as moins mal !

— Ça va, oui. Je rentrerais chez moi demain. Merci pour tout. souffle-t-il en revenant dans la chambre.

Il se recouche peu après, agacé de penser encore à sa petite amie. L’image de son comparse Alex s’impose sans cesse dans son esprit alors qu’il l’imagine échanger des baisers passionnés avec elle. Une visualisation qui l’ulcère et le dérange, puisque cela ne lui ressemble pas de se sentir aussi frustré pour une femme. Il hausse finalement les épaules et ferme les yeux pour s’endormir. « Il doit arrêter de songer à une idiote. Ils ne sont pas mariés et il se fiche de cette folle ! »

~ 079 ~

Temps de lecture : 8 minutes

 

*

 

Quelques heures plus tard, par une douce matinée où elle ne doit pas à se rendre au collège, Erika suit son cours de danse du jour, auprès de ses collègues Watcha Say.

Son humeur reste morose tandis qu’elle s’entraine avec ses camarades, en vue de LA Dance Magic.

Elle n’en peut plus d’entendre que le prénom Molly dans toutes les bouches.

« Molly, la merveilleuse finaliste de Starquest ! Et nianiani, et nianiania ! » La rancœur de la jeune Bauer ne redescend pas.

Son professeur de danse en rajoute une couche, toutes les cinq minutes environ. Ils souhaitent décidément tous qu’elle explose !

« Suivez Molly. »

« Imitez Molly ! Soyez son ombre ! »

« Soyez Molly ! »

« Épousez les mouvements de Molly ! »

La brunette frustrée voudrait tous les bruler. Elle ne peut se voir reléguée ainsi au rang de suiveuse.

Impossible. Jamais son égo n’accepterait une telle humiliation ! 

Elle ne peut digérer la perte de sa position d’idole, de modèle pour les nouveaux.

Énervée, blessée, agacée, elle se déconcentre alors et enchaîne les fautes pendant la répétition.

« Erika ! Remue-toi un peu et reviens dans le rythme ! »

L’adolescente ne s’était plus fait réprimander depuis des mois et sa rage atteint son paroxysme au moment où son professeur annonce l’heure de la pause. Elle en suffoque de colère. « Le premier qui ose lui dire quelque chose qu’elle n’apprécie pas aujourd’hui passera un sale quart d’heure ! » 

Boudeuse et aigrie, elle suit du regard tous ses amis qui partent aussitôt s’agglutiner autour de Molly, leur nouvelle idole, leur étoile, leur favorite. Alors qu’il n’y a pas si longtemps de cela, c’était elle la star de cette école où elle a grandi et fait ses premiers pas de danse.

Désespérée et avec masochisme, elle ressasse ses souvenirs de « petite reine ».

Elle la déteste ! « Cette connasse qui lui a piqué sa gloire ! » se répète-t-elle en restant à l’écart de ses camarades, s’asseyant loin d’eux pendant la pause.

Elle la méprise, cette sorcière qui lui a tout volé. Elle la maudit et se reproche cette compétition ratée. Elle hait profondément tous ceux qui osent complimenter et flatter une folle qui ne gagnera probablement plus rien désormais !

« Molly, tu es trop douée, si seulement j’étais aussi souple que toi ! »

« Molly, tu peux me montrer, m’aider à faire ce mouvement-là que tu réussis si bien ?! »

« J’aimerais tant te ressembler ! »

« Oh, merci, Molly, tu es géniale ! »

« Mon rêve, c’est d’arriver un jour à danser comme toi ! »

Erika détourne les yeux de la bande jugée hypocrite et pathétique. Elle fusille Jonathan du regard, qui entoure aussi sa rivale…

« Quel con ! Quel traître ! Elle le déteste. » Qu’il n’ose plus jamais l’approcher, cet ingrat !

Poussée par son énervement, à bout, folle de rage, elle se relève finalement de son banc pour se précipiter dans le bureau de sa professeur et directrice. 

Elle lui annonce son départ de leur école et celle-ci s’intrigue aussitôt, tout en haussant les épaules, l’air déconcerté. Elle semble écœurée :

— Tu me déçois, Erika, tu n’es qu’une sale gamine.

 

En effet, la jeune Bauer consternait aujourd’hui l’intégralité des Watch Say, qui la regardaient refuser la supériorité de Molly Gray en préférant fuir vers d’autres horizons. Son manque de fair-play surprend et ce sont des grimaces de dépit qui l’accompagnent alors qu’elle se change en tenue de ville pour quitter l’établissement.

 

Jonathan, contrarié par sa décision, lui court après et la rejoint à l’extérieur :

L’air sévère, il lui attrape un bras et lui grommelle :

— Vas-y, tu fous quoi ?

 

~ The Scientist – Coldplay ~

 

— Oh fiche-moi la paix, toi ! Depuis quand tu calcules mon existence, toi ? Retourne niaiser dans les jupes de l’autre idiote. T’es bon qu’à ça !

— Hein ? Tu parles de Molly, comme ça ? s’interroge le brun, choqué.

— Nan, du pape ! Bref, je dois y aller. À plus sous l’bus ! Retourne voir ta star !

— Mais je m’en fiche d’elle… balbutie Jonathan, perplexe. 

Il se gratte la tête en essayant de comprendre l’attitude étrange de son amie. 

— Allez tous vous faire foutre ! lui grogne-t-elle de nouveau en accélérant le pas.

— Erika, attends ! l’appelle-t-il encore.

Sans réfléchir, il la rattrape avec hâte et lui saisit vivement les poignets pour la tirer vers lui.

Paniquée par cette soudaine et brusque proximité, la colérique lâche son sac sous la surprise pour tenter de repousser son interlocuteur à l’aide de ses mains. Elle rougit comme une pivoine, profondément gênée par son attitude :

— Lâche-moi ! À quoi tu joues ? Bouge de là !

— Sors avec moi, demande-t-il en enroulant son bras gauche autour de sa taille.

Il lui dépose ensuite une pluie de baisers sur le bout des lèvres, tandis qu’elle le dévisage avec stupeur, bégaie, puis lui réplique avec embarras :

— Arrête tes conneries, on est potes, hein… Ça craint ! La honte ! Bouge de là !

Fébrile, son palpitant bat la chamade alors que lui reprend avec assurance :

— Des conneries ? Je ne crois pas, non…

Armé de son plus beau sourire, il plonge ses yeux bleus au fond de ses iris vert pistache qu’il aime tant…

— Je ne me sens pas bien, lâche-moi, je m’en vais ! suffoque l’adolescente, honteuse.

Elle ressent de la confusion à propos de son attitude, de ce cœur qui tambourine et de ces bouffées de chaleur qui l’assaillent. 

« Quel crétin, à quoi joue-t-il ? » se demande-t-elle avec suspicion, perdue.

— Ferme les yeux et embrasse-moi… lui susurre-t-il en la serrant un peu plus contre lui. 

Sans attendre de réponse, il se jette sur ses lèvres avec avidité et tourne doucement sa langue contre la sienne. Sceptique, sous l’effet de l’étonnement, l’adolescente ferme les yeux et, sans réfléchir, se laisse porter par l’instant.

« Il faut admettre qu’il embrasse bien », songe-t-elle avec surprise, les joues empourprées. Elle en a des palpitations, mais, une fois ses vertiges passés et sa raison de retour, elle se recule soudain pour dévisager son partenaire avec embarras :

— Il faut que j’y aille, t’as eu ton bisou, t’es content, alors maintenant on oublie la connerie qu’on vient de faire ! Bye !

— Hein ? s’intrigue Jonathan en la rapprochant un peu plus de lui. Quelle connerie ?

Il ne veut pas la laisser s’éloigner ; il souhaite continuer de la serrer contre lui ! Il se sent optimiste quant à une histoire possible avec elle, puisqu’elle a accepté son baiser !

— Je suis désolée, mais je suis pas intéressée par ça, moi. On oublie tout, c’est plus pour moi, ces conneries.

Come up to meet you – Je suis venu te voir.

Tell you I’m sorry – Pour te dire que j’étais désolée.

You don’t know how lovely you are – Tu ne sais pas à quel point tu es adorable.

I had to find you – Je devais te retrouver.

Tell you I need you – Te dire que j’ai besoin de toi

— Je ne te plais pas, c’est ça ? grince le danseur brun, profondément blessé.

— Mais nan, j’ai juste pas envie de sortir avec toi. Point. Je n’ai strictement rien ressenti quand tu m’as embrassée, alors… Je pense qu’on devrait en rester là !

Elle récupère son sac jeté au sol après sa réplique et tourne les talons pour s’en aller à grandes enjambées.

Désormais hors de vue, son esprit s’apaise. Elle en souffle de soulagement, car ce baiser volé l’a révulsée. Une fois l’effet des papillons dissipé, elle n’en a éprouvé que du dépit. Cela la conforte dorénavant sur un point : L’amour, c’est nul !

Elle réalise soudain que l’une de ses chansons préférées passe sur son lecteur MP3 : The Scientist de Coldplay. D’habitude, elle chantonne toujours avec l’artiste quand elle l’entend, mais aujourd’hui, certains vers lui procurent un sentiment étrange. Elle ne se sent pas concernée par leur sens, hausse les épaules, mais ils résonnent pourtant dans son esprit. Pourquoi lui paraissent-ils écrits pour elle ?

Tell me you love me — Dis-moi que tu m’aimes.

Come back and haunt me – Reviens me hanter

Nobody said it was easy. – Personne n’a dit que ça serait facile.

Oh, it’s such a shame for us to part – Oh, ça serait une honte d’accepter que l’on se sépare ainsi.

De son côté, Jonathan retourne auprès de ses collègues danseurs, le cœur en miettes et l’égo anéanti, pour affronter leurs regards compatissants.

« C’est une conne. Tu es trop bien pour elle », entend-il très vite alors qu’il repense à ce baiser accepté, prolongé, ainsi qu’à ce visage rougissant qui ne semblait pas du tout dégoûté par sa tentative… 

Nobody said it was easy.– Personne n’a dit que ça serait facile.

No one ever said it would be so hard. – Personne n’a dit que ça serait si dur.

I’m going back to the start […] – De tout recommencer à zéro.

 

*

 

Peu après, Erika retourne chez elle le cœur lourd, car chargé d’une gêne qui la perturbe et l’embarrasse. Son frère jumeau se précipite vers elle dès qu’il l’aperçoit, pour l’enlacer. Il lui rend son sourire perdu, au point qu’elle en oublie l’indélicat moment qu’elle vient de vivre.

Elle retrouve alors son énergie ainsi que sa motivation et attrape son téléphone portable pour contacter les Rolling Deep afin de se renseigner à leur sujet. Ils acceptent effectivement les nouveaux et lui passent rapidement la direction, qui souhaite la recruter le plus vite possible, sans « entretien » ni « audition d’admission » ! La brunette n’en revient pas, mais se flatte lorsque son interlocutrice, qui dirige sa future école de danse, prétend la reconnaitre ! Elle, la grande gagnante des Nationales d’il y a deux ans ! 

« Enfin ! Quelqu’un qui sait à qui il a affaire ! », songe l’adolescente avec un égo regonflé à son maximum et alors qu’elle enlace son jumeau qui lui offre un sourire radieux. Il éprouve beaucoup de fierté pour sa sœur adorée !

Erika lui explique qu’on lui a demandé de faire ses preuves à LA Dance Magic, et qu’elle a bien l’intention de tous les impressionner !

Alarich rit et ses yeux pétillent d’admiration devant cet immense bonheur qu’elle dégage.  

~ 080 ~

Temps de lecture : 4 minutes

 

*

 

Au même moment, les Drifterz profitent de leur samedi en ville. Ils trainent dans un parc et s’adonnent à cette activité qui les passionne ; celle qui façonne leur crew. La bande affiche presque complet ; il ne manque que Joakim Bauer, Miguel Sanchez ainsi que Mickaël Davis.

Quelques figures de breakdance plus tard, le brun aux cheveux bouclés apparait. Il semble de bonne humeur, ravi de retrouver ses camarades.

Il ne se doute absolument pas des propos échangés sur son compte suite aux révélations de Zack et blêmit lorsqu’Aïdan l’attaque verbalement dès qu’il le remarque.

Un flot de reproches claque dans l’air. Le rouquin grogne qu’il n’est plus le bienvenu parmi eux. « Ils le méprisent tous d’avoir piégé l’un des leurs pour s’en prendre à un autre ! »

Agressif, il l’insulte et le rabaisse avec véhémence, tandis que le reste de la bande l’observe, telle la brebis galeuse qu’ils rejettent désormais, avec dégoût et dépit.

Blême, blessé par ces attaques et la perte évidente de son crew, Mickaël souhaite entrainer deux fourbes dans sa chute : « Andréas et Zack participaient au plan contre Joakim. Pourquoi ne subissent-ils pas le même rejet que lui ? »

Paniqué, le jeune Muller prend aussitôt la parole :

— Vas-y n’importe quoi, lâche mes côtes, j’ai pas cautionné ta merde, moi. 

Andreas hausse les épaules et affiche un air neutre, désintéressé et méprisant devant la bêtise de celui qui tente de les couler. « Ce crétin ne réalise pas que le côté familial qu’ils partagent avec Joakim et Noah les protègera toujours… »

Dans un accord commun, l’ensemble des Drifterz ordonne à Mickaël Davis de ne plus leur adresser la parole ni même recroiser leur chemin. Ils le traitent de lâche pour son retranchement derrière l’équipe de Joey Sanders, dans le but de se venger d’un membre de leur bande. Cette attitude les dégoûte et ils lui demandent de disparaître de leur parc, avant qu’ils n’en viennent aux mains.

À court d’arguments, le banni tourne les talons. Furieux, blessé, humilié et abandonné, il s’éloigne en crachant à ses anciens amis :

— Tous unis pour Joakim, alors que la moitié du groupe le déteste ! Bande d’hypocrites, vous êtes pathétiques !

Cette phrase a l’effet d’une bombe dans l’esprit de Jordan Smith qui lui court soudain après pour le rattraper. « Attends ! », l’appelle-t-il vivement. Il a choisi son camp.

Aïdan relance la musique et se remet à danser, l’air de rien, toujours entouré des six autres Drifterz. Andreas ne lui jette pas un regard et tourne le dos à ses camarades. Il reste fixé sur les deux trublions qui disparaissent lentement au loin et se retient de se précipiter derrière eux, car son meilleur ami se trouve encore dans ce crew… Blasé, il soupire et déteste déjà le moment où il verra Joakim revenir en héros parmi eux.

Drifterz malgré lui, alors que sa santé ne lui permet pas de s’amuser autant que ses comparses et parce que son binôme ne pourrait vivre sans cette bande… Il en soupire de dépit et ramène son regard vers la tête rousse d’Aïdan, qui laisse la place au blondinet pour qu’il exécute quelques figures, lui aussi.. 

L'Améthyste

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