~ 063 ~

Temps de lecture : 3 minutes

 

*

 

Après la fin des cours, en milieu d’après-midi, Trisha et Amy réalisent que les jardins de leur lycée semblent plus agités que d’ordinaire…

Les Drifterz utilisent les lieux comme terrain pour leur parkour du jour. Le regard de la rousse, pétillant d’amour et d’admiration, se précipite immédiatement sur Joakim, tandis que celui de son binôme évite Noah pour rester dans le vague, ou sur n’importe qui, ou n’importe quoi. Cette attitude entraîne une suspicion évidente : 

— Est-ce qu’il y a quelque chose dont tu voudrais me parler ? 

— De quoi ?

— Toi et Noah, tu es sûr que ça va ?

— Oh, tu ne vas pas recommencer avec ça ! souffle Amy en réponse, agacée.

— J’ai vraiment l’impression que tout n’est plus comme avant entre vous, tu as l’air distante avec lui et il n’a plus l’air de t’émerveiller…

— N’importe quoi ! On a juste terminé l’étape du tout beau tout niais, où on piaille d’excitation en permanence.

— Mouais… Vos « débuts » n’auront pas duré un mois… Tu vas me dire que vous êtes déjà un vieux couple ?

— En plus, je ne vois même pas sur quoi tu te bases pour dire qu’on n’est plus comme avant. Si c’est parce que je ne m’enjaille plus dès qu’il saute partout, ça ne veut rien dire… C’est juste que ça ne m’émoustille plus. Il est croisé avec un kangourou, même quand on est juste tous les deux, et ça m’insupporte. Mais ça, tu ne peux pas comprendre, car ton mec, lui, il sait se tenir en société.

— Tu vas un peu loin, rit Trisha avec étonnement, ce n’est pas parce que Noah est énergique qu’il est ridicule, au contraire ! 

— Alors, vas-y, sort avec lui, je t’en prie ! Laisse échapper son binôme avec aigreur en se surprenant elle-même une fois que ses lèvres ont lâché sa bombe.

— Je vois, soupire la rouquine en continuant de fixer son petit ami qui escalade un mur avec le blondinet du Crew. Il te saoule, tu en as marre de lui, tu ne le supportes carrément plus. Tu as prévu de rompre ?

— Non, car je l’aime bien. Je suis bien avec, il est adorable, cool, gentil… Mais tu ne peux pas me comprendre, parce que, toi, tu as chopé l’inaccessible qui a, en plus, une classe folle. Tu peux donc te vanter fièrement à ses côtés, en sachant que tout le monde t’envie encore davantage qu’à l’époque « Joey » ! Tandis que moi, je me coltine l’autre…

La compagne du jeune Bauer écarquille ses grands yeux bleus et dévisage sa meilleure amie d’un air ahuri :

— C’est moi ou tu idéalises Joakim ? Et où est-ce que tu vois que je me pavane à ses côtés ? C’est à peine si l’on est ensemble, au lycée, quand il daigne y venir ! Il est si distant qu’il m’arrive même de me demander si l’on est réellement un couple, ou si je suis sa poupée gonflable qu’il appelle quand il s’ennuie, quand il a un trou à meubler dans son temps libre ! Tu dois arrêter de l’idéaliser en rabaissant ton copain plus que parfait, car tu ne pouvais pas rêver mieux que lui !

— Je sais, et c’est justement ça le problème, il est trop parfait.

— Moi qui pensais que tu avais changé et avais pris goût aux canards, plaisante la rouquine pour égayer leur conversation. Bref, il va falloir que tu le quittes…

— Nan, je te dis que j’aime bien sa présence.

— Oui, mais non, tu ne le respectes pas et il ne doit pas être ta peluche qui occupe tes longues soirées d’ennui. C’est dégueulasse !

— Bah si, il le peut. La preuve !

— Arrête, c’est pas drôle, s’agace Trisha en fusillant sa meilleure amie du regard.

— Ne t’inquiète pas, s’il était malheureux, il m’aurait quittée, lui sourit-elle avec fierté. Il me garde parce que je suis un bon coup, et moi, parce que c’est un canard dévoué ! Tout le monde y trouve son compte !

 Son interlocutrice feint de rire, mais cette conversation la dérange au plus haut point. En effet, dans le comportement de son binôme, elle revoit la façon dont Joakim la traite elle-même… Les deux se ressemblent énormément et semblent considérer leurs partenaires comme des jouets à utiliser quand ils le désirent.

~ 064 ~

Temps de lecture : 3 minutes

 

*

 

En fin d’après-midi, trois Drifterz se rejoignent à la plage, car Mickaël Davis souhaite s’entretenir avec deux membres de son Crew, finement choisis : Zack Muller et Andreas Cobain. Il a en effet élaboré un plan pour sauver son meilleur ami, incarcéré à tort.

Il dirige donc rapidement la conversation sur Joakim, qu’il trouve désagréable lorsque leur bande se rassemble. Andreas, encore bouleversé par le coup bas du concerné, mord illico à l’hameçon. « C’est presque trop facile », songe le brun aux cheveux bouclés, ravi.

La discussion se poursuit et tous s’accordent sur le fait que le jeune Bauer blesse beaucoup de gens, sans s’en soucier réellement…

Mickaël place ici son pion le plus stratégique : il reparle des mésaventures de son meilleur ami, tombé dans l’évident piège de quelqu’un qui ne le porte pas dans son cœur.

Ses interlocuteurs l’observent désormais d’un air gêné, sans vraiment comprendre ses attentes. Ils rient de le voir accuser leur cousin des malheurs de son comparse footballer.

Joakim peut souvent manquer d’empathie envers certains, mais il n’avait aucun intérêt dans la destruction de la vie de Joey Sanders. Leur comparse va trop loin dans ses théories et il doit revenir sur terre au plus vite…

— Trisha, lance Mickaël, stressé à l’idée qu’on le pense idiot.

Zack s’esclaffe bruyamment :

— Jo n’a pas besoin de le démolir pour lui voler sa meuf ! Elle en était déjà folle ! 

— Et ce n’est vraiment pas le genre à se battre pour une nana, appuie Andreas en renfort.

Il lève les yeux au ciel, agacé par la tournure d’une conversation qu’il juge stupide.

L’apprenti stratège revient à la charge pour rappeler que son meilleur ami n’avait aucun souci dans sa vie, jusqu’à ce que le cruel Bauer commence à se rapprocher de sa moitié ! 

Sceptique, Zack soupire, tandis qu’Andreas se souvient que leur cousin se fiche de tout et de presque tout le monde…

Perplexe, le jeune Muller les écoute organiser une sorte de vengeance pour donner une bonne leçon à celui qui représente, selon eux, un danger pour le bien du Crew…

Mickaël lui propose rapidement de tenir le premier rôle dans un plan qu’il leur expose, puisque, des trois, il reste celui dont leur cible se méfierait le moins.

Blasé de se voir utilisé de la sorte, mais conscient que, dans la vie, on doit parfois se prendre quelques revers de médailles lorsqu’on se comporte mal, Zack valide naïvement le projet de ses camarades.

Il craint cependant que tout lui retombe dessus et pulvérise son amitié avec Joakim, mais, en même temps, comment refuser de se ranger du côté d’Andreas, son cousin et frère de cœur ?

« Il a le cul entre deux chaises, doit faire un choix, et… » Mickaël sent sa nervosité grimper et le rassure sur le fait que son rôle d’hameçon n’entachera ni son nom ni sa réputation…

~ 065 ~

Temps de lecture : 6 minutes

 

 

*

 

Pendant ce temps, la cible à abattre ne ressent aucun sifflement d’oreilles alors qu’il embrasse langoureusement sa petite amie à Santa Monica Beach !

À force de le supplier, la rouquine lui avait finalement obtenu de s’y rendre avec une serviette de plage sous le bras, pour admirer le coucher de soleil en amoureux !

Une fois sur place, elle lui demandait qu’ils s’achètent de quoi manger ici, histoire de se régaler devant l’entièreté du crépuscule.

L’arnaque passait crème, car Joakim ne craignait pas de rentrer après le repas du soir. Il prévoit de mentir à ses parents, d’affirmer qu’un projet scolaire à travailler chez un ami le retarderait. Un argument qui ne pourrait que combler un paternel préoccupé par ses études.

Allongé sur sa rousse pour lui dévorer la bouche, l’excitation monte. Il la prendrait bien directement sur leur serviette de plage s’ils ne se trouvaient pas devant pas mal de regards indiscrets qui vont et viennent. Sa jupe courte ainsi que son corps, qu’il estime parfait, le provoquent, mais tant pis, il ne la dévêtira pas aujourd’hui…

Sa compagne se délecte de ces échanges de baisers et, surtout, de cette main qui se glisse sous son dos pour le lui électriser. Le cœur battant, le bas-ventre en feu, elle se détache finalement de ses lèvres la première pour lui rappeler, dans un souffle :

— La température doit redescendre…

— Ouais, lui ronchonne un homme frustré pour réponse en se redressant pour s’asseoir derrière elle, les jambes ouvertes pour l’y enfermer.

Ravie, sa rousse se love contre lui et dans ses bras, plus heureuse que jamais de partager ce moment.

 

Un sentiment d’extase que Kristofer Varels ne ressent pas depuis la lecture du SMS de son comparse ; message qui lui apprenait qu’il ne passerait pas chez lui ce soir. Le gérant de l’empire Peninsula en fulmine, de se dire que d’un côté, son plus grand allié niait tout attachement à sa petite amie, quand, de l’autre, il ne la dégageait pas de sa vie ! Alors qu’elle ne devait lui servir qu’à anéantir un abruti de lycéen !

— L.A. est superbe d’ici, s’émerveille Trisha en admirant l’orange d’un crépuscule magnifique, blottie dans les bras musclés de son homme.

— J’avoue, lui répond celui-ci en bâillant.

Il cherche encore les raisons de sa présence, car ce genre de moments l’ennuie terriblement…

— Tu as toujours vécu à L.A. ? reprend sa rousse, en pivotant la tête pour lui déposer un léger baiser sur le bout des lèvres.

— Oui. Et toi ?

— Aussi ! Je demandais ça à cause de ton prénom, qui s’écrit avec un « k », ce qui, avouons-le, est plutôt rare !

— Inspecteur Trisha, le retour !

— Mais euh ! Je m’intéresse à mon chéri ! C’est normal !

— Mes parents sont allemands.

— Ah, tout s’explique ! s’exclame la jeune fille avec un grand sourire.

— Que projettes-tu de faire, l’an prochain ? Des universités en vue ?

— Eh bien… Je ne sais pas du tout, je pense qu’une fois diplômée, je postulerai à l’UCLA* et ensuite à un programme d’études supérieures… que je n’ai pas encore choisi. Tu m’as posé une colle ! Et j’en ai honte…

— En fait, tu prévois juste aller à l’université pour t’amuser ?

— C’est sûr que, dit comme ça…

— Tu as bien une petite idée de ton avenir professionnel, quand même. Je sais que tu n’es pas conne et que tu te montres plutôt brillante sous tes airs de chieuse. Alors, réfléchis : que souhaites-tu faire plus tard ?

— Merci du compliment, et je fais semblant de ne pas avoir entendu la suite ! Moi, chieuse ! Eh, si je l’étais, ça se saurait !

— Je t’ai posé une question, reprend Joakim en s’installant différemment.

Ses deux jambes à droite de son interlocutrice, lui toujours derrière elle, penché sur sa gauche avec son bras droit qui lui enlace le cou pour la ramener contre son visage afin qu’elle frémisse au contact de son souffle chaud et empli de désir.

— Je vais te décevoir, mais je ne sais pas du tout… Je sais que j’aime beaucoup les animaux, la lithothérapie, la mode, le contact avec les gens… Alors peut-être que je pourrais viser une carrière dans le commerce, comme ma mère, qui serait ravie, car elle pourrait m’embaucher. Elle n’attend que ça en plus !

— Je t’ai demandé tes goûts, et tu me parles de ta mère.

— Oui, mais, euh… C’est pour dire que, si moi je ne sais pas quelle direction prendre, ma mère peut m’ouvrir des portes et cela lui ferait même très plaisir, car on partage une grande complicité ! Donc, du coup, je serais heureuse de marcher sur ses pas pour la rendre heureuse !

— Intéressant. Sur ce, on rentre, l’heure tourne, lance Joakim en se relevant d’un bond.

Sa petite amie l’imite aussitôt, tout en lui demandant timidement :

— J’ai dit quelque chose de mal ?

— Non, pourquoi ?

— Ton magnifique visage est redevenu neutre et froid. Et ça, c’est quand je te saoule.

Son interlocuteur laisse échapper un rire amusé, puis reprend :

— Bien vu, mais là, non, mis à part que je te trouve pathétique à ne pas vouloir tracer ton propre chemin.

— Pa-thé…tique ? s’agace la jeune fille, blessée. Tout ça parce que je ne sais pas quoi faire plus tard ? Des tas d’étudiants sont dans mon cas, ce n’est pas un drame de se diriger vers un métier nourricier quand on en a l’opportunité !

— Tu as sûrement raison, se contente de répondre son interlocuteur dans un haussement d’épaules, tout en ramassant les cadavres de leur repas pour s’en aller les jeter dans la poubelle publique.

Sa rouquine l’imite pour l’aider, tout en lui proposant timidement :

— Tu ne veux pas qu’on reste encore un peu ensemble ? Il est tôt…

— Je dois aller chez Kristofer.

— Oh… d’accord…

— Quoi encore ?

— Tu es fâché…

— Non, j’ai dit !

— Si, tu es fâché ! Ça se voit.

— Mais non ! Tu redeviens soulante !

— C’est de ta faute, tu refais ton froid !

— Mais je ne suis pas froid ! se défend son compagnon en s’emparant de ses lèvres pour un long et tendre baiser.

— Tu m’appelles ce soir ? lui demande-t-elle encore timidement dès la fin de leur échange et entre deux battements de cœurs.

— Pourquoi ? On se verra surement demain au lycée !

— L’un n’empêche pas l’autre !

 

Las, il lui assure, dans un soupir, qu’il lui enverra un petit mot au cours de la soirée pour illuminer son visage amoureux, et alors qu’il la ramène chez elle.

 

*

 

Bien entendu, la rouquine digérera très mal qu’il trahisse encore une promesse. Elle se plaindra de lui devant sa mère, qui va lui soupirer rapidement le classique et très agaçant « Tu l’as voulu, tu l’as eu ! ».

De mauvaise humeur, énervée, frustrée, Trisha tournera en rond dans sa chambre pendant une dizaine de minutes, avant de téléphoner à son idiot de petit ami pour lui râler dessus ! 

Le goujat lui raccrochait aussitôt au nez ! À cinq reprises et avant d’éteindre son smartphone !

*University of California, Los Angeles

L'Améthyste

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