~ 051 ~

Temps de lecture : 5 minutes

Deux minutes plus tard, Trisha se laisse dégringoler en arrière, sur le lit de son éphèbe qui se place au-dessus d’elle, entre ses cuisses. Folle de ses lèvres, elle lui tient le visage de ses mains pour continuer de l’embrasser. La température monte…

« La naïveté est une façon de vivre intelligemment le présent » [Gustav Parking]

Se délectant de ses baisers, elle promène sa main gauche sur son torse afin de le lui caresser en suivant la ligne de ses muscles saillants, de ses pectoraux, de ses tablettes de chocolat… Jusqu’à l’élastique de son boxer qu’elle aimerait désormais voir sauter…

« Un bon escroc est un farceur ironique qui se joue de la distraction, de l’impertinence, de la naïveté ou de la nervosité de ses contemporains. » [Henri Jeanson]

Entre deux échanges, Joakim dépose une pluie de baisers humides et sensuels sur la poitrine généreuse  de sa partenaire… Elle en gémit de plaisir.

— La vache, on s’était donc trompé avec Noah, tu as une plus belle paire que cette gourde d’Amy…

— Je rêve ou tu arrêtes de m’embrasser pour m’avouer que tu mates les seins de ma pote ? feint de s’offusquer Trisha en ramenant son visage contre le sien pour s’emparer à nouveau de ses lèvres.

Elle lui murmure entre deux baisers, alors qu’elle lui caresse le tatouage de tigre qu’il porte sur l’épaule :

— Attention à ce que tu dis, Bauer, je suis très jalouse !

— Je saurais me faire pardonner, t’inquiète… 

 

 

*

 

 

Quelques heures plus tard, elle se réveille aux côtés de son nouvel amant, le cœur battant à tout rompre en pensant à la nuit inoubliable qu’elle vient de passer.

CT - 51

Le soleil se lève à peine à l’horizon et la rouquine admire ses rayons qui se reflètent sur l’océan, à travers la fenêtre de la chambre de son partenaire. « Quelle vue magique ! » Heureuse, elle ramène son regard sur le corps ferme et athlétique de celui qui lui a fait redécouvrir le sexe, la veille.

CT - 51

Elle rougit et se mord la lèvre inférieure de désir ; elle se souvient de son cunnilingus, de ses vifs et énergiques coups de reins, de leurs orgasmes mutuels… 

CT - 51

Trois fois… entrecoupées de pauses d’une dizaine de minutes seulement… Trois fois… « Sa meilleure amie n’en reviendra pas ! », songe-t-elle en se délectant des muscles saillants de son éphèbe. Son homme. Elle le veut désormais et espère qu’il ne la verra pas uniquement comme l’aventure d’un soir…

CT - 51

— Déjà réveillée ? lui susurre-t-il soudain en ouvrant un œil.

Il lui caresse délicatement les cheveux alors que sa tête repose contre son torse. 

— Oui… Tu as l’air d’avoir dormi comme un bébé ! lui renvoie-t-elle en relevant la tête avec un sourire radieux.

Son visage trahit son bonheur, alors qu’elle le constate doux et câlin. Aux anges, elle commence à entrevoir la possibilité de quelque chose de sérieux entre eux…

— Et c’est peu de le dire ! Bref, debout ! lance-t-il en sautant de son lit d’un bond pour s’étirer si fort qu’on pourrait penser qu’il tente de gagner quelques centimètres en taille. 

Trisha l’imite en esquissant une mine boudeuse. Elle songe qu’il n’y a que les goujats qui se pressent ainsi après une nuit d’amour. « Relation sérieuse, mon cul. »

— Je peux utiliser ta salle de bain ? lui demande-t-elle dans un soupir, avant d’enfiler sa robe noire récupérée sur le sol.

Elle attrape ensuite son sac à main où se cache sa deuxième meilleure amie : sa trousse à maquillage.

— Oui, bien sûr, viens, lui propose-t-il immédiatement en ouvrant la marche devant elle.

Arrivé devant l’endroit désiré, il la plaque soudain contre la porte pour l’embrasser longuement, sans dire un mot, avant de la libérer de son emprise pour retourner dans sa chambre où il va se revêtir de ses habits quotidiens.

Trisha en reste bouche bée et se remet lentement des émotions déclenchées par ce nouveau baiser, une fois seule dans la salle de bain. Elle rougit encore et ne sait plus sur quel pied danser avec ce mi-goujat, mi-gentleman. « Pourquoi est-ce si difficile de réussir à y croire… »

Elle ressort de la pièce après un brin de toilette ainsi que quelques retouches à son makeup. 

— Tu es magnifique ! la flatte Joakim en apparaissant devant elle.

— Merci. Tu sais parler aux femmes !

— Du coup, je vais devoir te ramener, car j’ai beaucoup de choses à faire, j’espère que tu ne m’en voudras pas.

Il prend le chemin de l’escalier et lui indique de le suivre.

— Pas de soucis, t’inquiète.

Le sourire de la rouquine s’efface et sa déception croît de nouveau alors qu’elle songe que ses craintes deviennent réalité. « Il ne la considère que comme un plan cul… »

Joakim, qui n’a encore jamais gardé une fille chez lui jusqu’au lendemain matin, la presse en direction du garage, de peur qu’elle ne croise son jeune frère. Il redoute en effet le regard des autres sur son cadet…

Sans dire un mot, il monte sur sa moto à une vitesse qui ferait pâlir d’envie Bip bip. Il tend son casque à sa rousse et lui ordonne de grimper. 

— C’est bon, t’inquiètes, je me magne ! lui grogne-t-elle en fronçant les sourcils avec agacement.

— OK, cool alors, lui répond-il d’un air surpris par les flammes qui semblent sortir de ses pupilles.

Il a l’impression que sa vie est en danger, qu’à tout moment, elle pourrait lui planter sa manucure dans les yeux.

Pas un mot ne s’échange sur le chemin du retour et Joakim apprécie ce silence qu’il trouve agréable, quand Trisha, de son côté, fulmine et l’envoie rôtir en enfer…

~ 052 ~

Temps de lecture : 3 minutes

Une fois arrivée à destination, Trisha bondit hors du véhicule inconfortable et détesté, sans demander son reste. Elle se force malgrè tout à sourire à celui qui l’a ramenée ici :

— Bon eh bien, merci pour le retour, ainsi que la soirée… souffle-t-elle de mauvaise humeur.

— Il y a un problème ? la questionne Joakim d’un air perplexe.

— Euh… Non, pourquoi ? 

— Cool, alors, dans ce cas, je te dis à lundi. Salut !

— Ouais, c’est ça, à lundi ! maugrée Trisha alors qu’il se prépare à repartir.

Elle n’en revient pas qu’il ne réalise pas sa colère. Agacée, elle reprend alors, dans un grommellement teinté d’une palpable déception :

— Oui, en effet, il y a un problème !

— D’accord, et lequel donc ?

— Qu’est-ce qu’on est, tous les deux ?

— À ton avis ? lui renvoie-t-il avec un sourire en coin.

Il sort la béquille de sa moto pour ramener ses deux jambes du côté de son interlocutrice afin de lui attraper le bras pour la coller contre lui :

— Tu n’en as pas une petite idée ? lui souffle avec désir tout en glissant sa main droite sous sa robe jusqu’à sa culotte.

— Est-ce qu’on est ensemble ?

— Ça m’en a tout l’air, non ?

— Je ne suis pas un plan cul, alors ?

— Euh… non.

— Dans ce cas, et sachant qu’on est dimanche, pourquoi est-ce que tu me raccompagnes comme un paria en me lâchant un ridicule « à lundi » ? boude-t-elle en lui déposant un doux baiser sur les lèvres.

— Parce que j’ai des choses à faire là, maintenant, et je te l’ai dit.

— À croire que tu es ministre de l’Intérieur… râle-t-elle avec ironie. Bref, tu m’appelles aujourd’hui, au moins ? Et puis retire ta main, il y a des gens qui passent !

— J’ai pas ton numéro, lui soupire-t-il en obéissant.

Il extrait son portable de sa poche et le lui tend :

— Vas-y, entre-le.

— Ça roule, s’exclame la jeune fille avec entrain.

Ce petit geste qui sonne très « couple » à ses yeux lui procure une joie infinie. Ravie, elle reprend très vite :

— Nom du contact : Call me ! Comme ça, tu ne pourras pas m’oublier !

— Mais j’en avais pas l’intention. Et sur ce, je dois vraiment te laisser. Alors, rentre bien, et à demain.

— D’accord, j’attends ton coup de fil !

— Mais oui, ne t’inquiète pas.

Cette promesse, accompagnée d’un sourire qui semblait pourtant très affectueux, ne sera que la première d’une longue série que Joakim Bauer trahira…

« L’amour est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime. » [Chateaubriand]

~ 053 ~

Temps de lecture : 6 minutes

 

*

 

Quelques minutes plus tard, Trisha rentre chez elle, le cœur battant la chamade, le regard rivé sur son téléphone, au cas où Joakim l’appellerait déjà, car déjà en manque de sa présence, qui sait !

Sa mère se précipite vers elle pour l’accueillir :

— Ma fille ! s’exclame-t-elle avec un sourire complice, tu dois avoir passé une incroyable soirée, pour oser penser que je ne t’assassinerais pas de coucher chez un garçon que tu connais à peine !

— Oui, désolée, maman, mais ne t’inquiète pas : il vient clairement d’une bonne famille ! Il vit à Santa Monica, dans une maison en bord de mer ! explique Trisha en se dirigeant vers sa chambre pour poser son sac à main sur son bureau.

Elle reprend ensuite, penaude : 

— Et je t’ai prévenue par SMS ! 

Sur ses talons, Maya fulmine désormais, agacée par l’innocence des réponses de sa progéniture :

— Je m’en fiche qu’il vienne d’une bonne famille, aisée, ou je ne sais quoi, tu le connais à peine ! J’espère au moins que vous vous êtes protégés !

— Je sais et je suis désolée ! Je te promets que je n’étais pas en danger et oui, on s’est protégés.

— Ouais ouais, conclut Maya en poussant le front de sa fille avec le bout de son index. Tu m’as déçue sur ce coup-là et tu n’as pas intérêt à recommencer. Du coup, tu veux que je te raconte l’histoire du père de Joey ?

Trisha part se démaquiller alors que sa mère lui apprend l’arrestation du paternel de son ex-petit ami. Ses grands yeux bleus s’écarquillent devant l’information et elle en déglutit d’angoisse, mais aussi de compassion pour celui qui a partagé sa vie pendant presque deux ans. Elle reprend ensuite, désabusée  :

— Tu penses qu’il était au courant, pour Brett ? Non, ce n’est pas possible, laisse tomber, je suis bête ! Oh mon dieu, le pauvre…

 

Bien qu’elle éprouve une profonde pitié pour Joey Sanders, elle refusera de répondre à ses appels toute la journée, alors que celui-ci cherchait désespérément un réconfort dans cette période difficile de son existence.

La rouquine, désormais en couple avec Joakim, souhaite couper tout lien avec son ancien compagnon et encore plus maintenant qu’elle découvre la noirceur de ses racines. Le jeune Bauer demeure un meilleur parti pour la demoiselle élitiste, très attachée à son image. « Imaginez la honte, au bahut, si des camarades apprenaient qu’elle restait proche du fils de Brett Sanders, après une histoire pareille ! ». Un défaut que beaucoup lui reprochent d’ailleurs, au sein de son établissement scolaire, sans que cela ne la dérange. « Elle ne s’entoure que de l’excellence, oui, et ? » Joakim lui plait aussi pour cette raison, puisque toutes les demoiselles du lycée le trouvent magnifique. Elle le sait et adore se savoir enviée. 

 

*

 

Le monde de Joey s’écroule. Les yeux pleins de larmes, il lance son téléphone portable contre le mur de sa chambre après une huitième tentative d’appel. Il pleure avec désespoir alors qu’il le récupère après l’impact pour vérifier qu’il fonctionne encore…

Son meilleur ami, Mickaël, lui répète pourtant de l’oublier, cette « connasse » qui ne le mérite pas, puisqu’elle ne peut le soutenir dans un complot, une terrible injustice « qui tuera sans doute son père ! ». Oui, Joey reste convaincu qu’une incarcération, même provisoire, pour trafic d’enfants et pédopornographie, ne permet pas de demeurer en vie très longtemps au pénitencier de Folsom.

Il ne pourrait s’en remettre et sa mère non plus ! Elle qui n’arrête plus de pleurer depuis qu’ils venaient menotter son époux pour l’emmener loin d’elle…

 

*

 

Le lendemain, au L.A Highschool et peu avant que son cours de sciences ne commence, Joakim se dirige rapidement vers Trisha qui discutait tranquillement avec sa meilleure amie, dans le couloir de leur classe.

Arrivé à destination, il n’attend pas pour la plaquer doucement contre le mur et se rapprocher de ses lèvres pour l’embrasser avec assurance.

Fronçant les sourcils de colère, elle esquive son baiser et le repousse. 

— Je suis occupée avec Amy, là !

— Et ben, elle va dégager, alors.

— Connard, souffle la blondinette en tournant immédiatement les talons pour s’éloigner.

Ulcérée, elle ne cherche plus le conflit et préfère filer vers Noah, à un couloir de là, pour se lover au creux de ses bras délicats et protecteurs. Pendant l’espace de deux minutes… parce qu’ensuite, elle se sentira obligée de tout lui rapporter. « Que son cousin est odieux, mal élevé, méchant et désagréable ! » Il en pouffera puis lui assurera qu’il se range évidemment de son côté, alors qu’en réalité ces critiques incessantes envers son binôme l’agacent. « Comme s’il y pouvait quelque chose ! ». Si elle ne semblait pas si tendre avec lui, il pourrait presque penser qu’elle en pince pour son frère de cœur… Vu qu’elle passe la presque totalité de leur temps ensemble, à parler de lui !

— Tu n’as vraiment de respect pour personne, soupire Trisha à son compagnon une fois sa meilleure amie partie. 

Elle a l’air agacée et ses pupilles ne pétillent plus d’excitation alors qu’elle plonge avec dépit dans ses iris verts. 

— Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu fais la gueule ? s’intrigue Joakim avec suspicion. 

— Tu dois la respecter un minimum, bougonne-t-elle, et puis… Tu devais m’appeler, tu m’avais promis.

Une immense tristesse s’échappe de ses paroles. Lasse, elle croise les bras et fuit son regard pour lui marmonner, avec une déception infinie, ainsi qu’une abdication évidente :

— De toute façon, je m’en doutais…

— Hein, c’est pour ça que tu fais la gueule ? s’interloque encore Joakim.

Il a l’air abasourdi, voire carrément choqué.

— Bah oui, quand on promet quelque chose, on s’y tient, c’est normal. Tes ex-copines se fichaient que tu ne tiennes pas tes promesses, elles ?

— Euh… J’en sais rien.

— Tss… Si tu n’étais pas aussi beau, je pourrais croire que tu n’as jamais eu de relation sérieuse ! souffle la rouquine en baissant les yeux, les bras désormais ballants le long du corps.

Joakim se rapproche un peu plus pour se coller contre elle. Son visage se penche vers le sien afin de chercher son regard et d’un air penaud, il lui murmure :

— J’ai été très occupé, hier, mais je te promets que ça ne se reproduira plus !

Il semble sincère lorsqu’il prononce cela, au point que sa petite amie en rougit d’émotion. Réconfortée, elle lui sourit tendrement, puis lui attrape son sweat-shirt pour le ramener contre elle et l’embrasser.

Pourtant, la veille et malgré le retour de ses parents, dans la matinée, Joakim trainait tout l’après-midi chez Kristofer, sans la moindre pensée pour celle qui lui passe désormais les bras autour du cou pour échanger un long et langoureux baiser de réconciliation.

Trisha ignore tout cela et se sent rassurée, alors qu’il l’enlace délicatement par la taille. « il n’est pas si méchant que ça au fond, juste très maladroit et pas doué dans ses relations… » songe-t-elle, heureuse.

Elle lui sourit et lui susurre affectueusement, dès la fin de leur embrassade et contre ses lèvres :

— Du coup, il a fait quoi dimanche, le vilain garçon qui m’a manqué ? 

— Je me suis occupé de mon frère et de ma sœur, j’ai pas eu un instant à moi. Tu parles d’un week-end ! Et toi ?

— N’assassine pas trop vite ta petite sœur, elle a l’air adorable ! s’amuse Trisha en regardant l’heure sur son smartphone. Ça ne va pas tarder à sonner, on rentre ?

— Est-ce que j’ai le choix ? Parce que si ça ne tient qu’à moi… lui renvoie Joakim avec un clin d’œil et un sourire taquin.

Son interlocutrice rit et lui prend tendrement la main pour le trainer avec elle dans la salle de classe. « Non, il ne sèchera pas aujourd’hui et encore moins en sa compagnie ! »

L'Améthyste