~ 048 ~

Temps de lecture : 5 minutes

 

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Quelques heures plus tard, dans sa chambre à la décoration très féminine, Trisha se maquille avec nervosité devant sa coiffeuse. Elle souhaite que l’invitation de Joakim tienne toujours, puisqu’elle ne l’a plus revu depuis mercredi. Soixante-douze heures à penser à lui, en s’interdisant de questionner Noah à son sujet et quatre mille trois cent vingt minutes à prier pour qu’il ne se soit pas payé sa tête.

Quelqu’un de normal aurait possédé des réseaux sociaux pour pouvoir être contacté, mais normalité et Bauer ne riment pas ! Soupirant avec un brin d’espoir, elle se demande si son crush l’attendra en bas de son immeuble ou s’il prendra la peine de monter sonner à sa porte. S’IL VIENT ! Elle réfléchit alors à l’endroit où elle devrait le retrouver, à vingt et une heures.

Partagée entre un sentiment d’excitation et d’angoisse, elle hésite à se démaquiller pour enfiler son plus moelleux pyjama. Elle oublierait alors tout d’un certain énergumène qui s’apprête sans doute à lui poser un lapin…

Le cœur battant la chamade, elle aimerait qu’il ne se soit pas moqué d’elle, car le reflet du miroir de sa coiffeuse lui dévoile une splendide jeune femme qui ne le laissera surement pas indifférent !

— Tu es sublime, ma chérie, la flatta soudain sa mère en pénétrant dans sa chambre. Tu feras en sorte qu’il te ramène après la soirée par contre. Tu m’appelleras s’il ne souhaite pas le faire. D’accord ?

— Oui, bien sûr, si l’invitation tient toujours ! 

— Comment ça ?

— Ça fait trois jours que je ne l’ai plus revu !

— Mais tu ne le vois pas tous les jours, au lycée ?

— Non, il n’y va pas tous les jours. 

— Eh bah ! En voilà un qui ne se sent pas très concerné par sa graduation ! Et ses parents, ils ne disent rien ? Surtout qu’il va se faire virer, à force !

— En fait, il obtient de bonnes notes malgré ses absences, au point qu’il se permet parfois de rendre une copie blanche ! rit Trisha, il s’en sort vraiment bien.

— Eh bien, tant mieux si tout lui réussit en étant fainéant ! Mais évite quand même de prendre exemple sur ce drôle d’énergumène !

— Oh, t’inquiète pas pour ça ! sourit Trisha en scrutant l’heure sur son téléphone portable. Il est censé arriver dans un quart d’heure… Je me demande s’il viendra en bas ou à la porte ? s’il vient…

— Aucune idée, mais tu seras bientôt fixée ! Au fait, ce n’est pas pour changer de sujet, mais est-ce que tu sais ce que devient Joey, avec tout ça ? 

— On ne s’est pas reparlé depuis la rupture, donc non, je ne sais pas du tout comment il la vit…

— Je ne parlais pas de ça, mais de ce qui arrive à son père. Tu as vu les infos hier soir, ou faut que je te brieffes ?

Brett Sanders. Le célèbre chirurgien californien vient de tomber entre les mains de la justice pour trafic d’enfants, pédopornographie et autres. Un réseau entier révélé au grand jour et l’homme hurle encore son innocence, alors que toutes les preuves se liguent contre lui. Son avocat bataille actuellement pour tenter de le faire écoper de vingt ans de prison ferme, au lieu d’une peine à perpétuité…

Trisha n’a pas le temps de réagir à la phrase que la sonnerie de l’appartement retentit soudain.

— Oh mon dieu, c’est lui ! piaille-t-elle.

Son cœur manque un battement alors qu’elle rougit déjà comme une pivoine. Stressée, elle s’admire une dernière fois dans le miroir de sa coiffeuse et demande :

— Ça va, je ne suis pas trop mal, non ?

— Tu es resplendissante, s’exclame Maya Hill avec un sourire malicieux. Va le rejoindre, vite !

Elle rit et se dépêche d’aller ouvrir, tandis que sa mère la regarde de loin foncer pour accueillir le jeune Bauer à l’extérieur de chez elles ! Au grand malheur de la quadragénaire qui aurait apprécié voir son probable futur beau-fils en chair et en os !

Trisha n’a pas le temps de prononcer quoi que ce soit à son éphèbe qu’il l’attrape soudain par la taille pour l’embrasser passionnément dès qu’il l’aperçoit. Pudique, elle pousse la porte de chez elle d’une main pour la refermer : elle ne souhaite pas qu’une certaine curieuse assiste au spectacle de sa langue qui entame un langoureux ballet avec celle de son partenaire.

— Tu es très belle, lui murmure Joakim dans un souffle et contre ses lèvres.

Trisha lui rend son compliment en observant sa tenue qu’elle trouve terriblement sexy, grâce à une veste grise, ouverte sur un tee-shirt blanc, sur lequel retombent deux plaques en métal, attachées par un long collier. 

— On doit se dépêcher, lui sourit Joakim en lui pointant l’ascenseur du regard.

— J’étais persuadée que tu ne viendrais pas, tu sais.

— Oh ? Eh bien, tu t’es trompée ! lui renvoie-t-il en entrant dans l’élévateur derrière elle.

Il appuie ensuite sur le bouton « rez-de-chaussée ».

— J’aurais moins stressé si on avait échangé nos numéros ! ose-t-elle pour lui faire passer un très explicite message.

Un gentleman corrigerait vite cet oubli !

— Sans doute, lui répond-il simplement alors qu’ils pénetrent dans le hall de l’immeuble.

À l’extérieur, la rouquine découvre une sportive rouge garée à quelques mètres.

— Euh, elle est à toi ? s’horrifie Trisha, car elle n’a jamais vu cette moto devant chez elle auparavant.

— Oui, pourquoi ? Ne me dis pas que tu as peur !

— Pas particulièrement, mais regarde ma tenue et mes talons !

En effet, la robe moulante et très courte de la jeune fille ne se prête pas vraiment à diverses cabrioles sur un tel engin…

— Bah… soupire Joakim avec indifférence, monte en amazone.

— En plus, il n’y a qu’une place sur ta moto, non ?

— Oui, c’est une sportive.

— C’est mignon, tu as l’air de penser que je m’y connais en moto !

— Assieds-toi, tu es très fine, ça va passer. Accroche-toi à moi.

— Hmmm… si tu le dis… obéit Trisha en s’installant difficilement derrière lui.

Elle se demande l’intérêt de posséder une bécane d’égoïstes, quand il en existe avec deux sièges. Agacée, elle regrette d’avoir mis tant de temps devant sa coiffeuse pour lui plaire, alors que lui semble se ficher de son inconfort et de son malaise.

~ 049 ~

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— Je vais rouler doucement, lui assure Joakim d’une voix plus chaleureuse.

Il s’amuse de la voir se tortiller derrière lui pour essayer de se caler correctement. Il se retient d’en rire.

— T’inquiètes, c’est pas grave. Je serais coiffée comme un hérisson à l’arrivée, c’est tout, boude-t-elle. Une heure de brushing pour rien, pas de soucis. Et avec un peu de chance, je ne perdrais pas un talon en com…

— Tu n’as besoin ni d’une coiffure ni d’artifices pour être la plus belle, l’interrompt Joakim en se retournant vers elle pour lui tendre son casque. Tiens, mets ça.

— Oh, merci. Mais, et toi ? sourit-elle en rougissant, touchée par ses compliments.

Elle se love ensuite contre son dos et l’agrippe doucement.

« Finalement, il reste gentil, au fond… », songe-t-elle, émue, tandis qu’il démarre son véhicule, sans un mot de plus.

— Il y aura qui, ce soir ? lui demande-t-elle en relevant la visière de sa protection de tête.

Elle parle fort pour qu’il l’entende, tandis qu’il roule à une vitesse très raisonnable ; lui qui d’ordinaire se plaît à frôler la contravention…

— Que tu connais ? Euh… personne, répond-il en s’arrêtant à un feu.

Il pose un pied à terre et attend qu’il passe au vert.

Trisha en profite pour continuer la conversation :

— Il y aura surement le fameux Kristofer, du coup !

— Toi, tu as trop trainé avec le crew, souffle Joakim d’un air blasé.

Dès qu’il pourra repartir, il accélérera jusqu’à ce que le vent contre ses oreilles l’isole de ces insipides ragots féminins… « Il n’a pas signé pour ça, bordel ! »

— Je plaide coupable ! s’amuse Trisha.

— Dis-leur d’aller se faire foutre quand tu les entends parler de moi.

La jeune fille rit d’un air gêné, puis reprend.

— Oh, mais ils ne disent jamais rien de grave…

Le feu passe au vert et Joakim redémarre, à une vitesse qui force désormais la rouquine à s’agripper plus fermement à lui, en silence.

— On est arrivés, informe le jeune homme dix minutes plus tard.

— Waouh ! Je savais que tu habitais à Santa Monica, vu que Noah nous a dit un jour que vous étiez voisins, mais waouh ! Tu es carrément sur la plage ! s’émerveille-t-elle en relevant de nouveau sa visière pour admirer l’océan sur lequel se reflète la lune.

Son partenaire dégaine sa clef qui ordonne aux portes automatiques du garage de s’ouvrir. Il range rapidement sa sportive à l’intérieur et ajoute :

— En effet. Le sale blond vit dans la maison à gauche.

— Oh, énorme ! Mais en fait, comment ça se fait que des fois, même lui, n’a plus de nouvelle de toi pendant des jours, alors qu’il est juste à côté ?

— J’ai besoin d’un Doliprane… souffle Joakim en s’étirant après avoir rangé sa moto. 

— Tu es en train de me dire que je parle trop, là, ou je rêve ?

— Tu ne rêves pas, rit Joakim en traversant le couloir intérieur de chez lui pour aller ouvrir la porte principale de sa maison.

— En fait, je vais faire comme si je n’avais rien entendu ! La bave du beau gosse n’atteint pas la merveilleuse princesse ! renvoie Trisha sur un ton faussement hautain.

Elle le suit et ajoute, heureuse : 

— Votre salon est joli ! J’adore ces baies vitrées partout !

— Tu ne t’arrêtes décidément jamais.

— Et si je le faisais, tu te sentirais comment ? Parce que moi, je peux te le dire ! 

— Ravi ?

— Que tu es petit, Joakim Bauer, petit ! Tout petit ! Minuscule ! réplique Trisha en mimant une voix de sorcière de contes pour enfants.

Ils rient, grimpent au deuxième étage, puis empruntent un passage extérieur qui mène à une large salle insonorisée, dédiée aux fêtes de la famille. Piste de danse, décorations festives, cabine de DJ, fauteuils en alcôve, lumières de boite de nuit : l’endroit parfait pour tout type de célébrations…

Prenant la main de sa rousse, Joakim l’entraine au fond de la pièce et se rapproche pour lui parler contre l’oreille à cause du volume de la musique avec lequel Kristofer semble jouer…

— Tu m’excuses deux minutes ? En attendant, fais comme chez toi.

Sa phrase terminée, il abandonne la demoiselle pour s’en aller discuter avec son ami.

Trisha patiente sagement sur un tabouret de bar, devant une table en verre, intimidée par l’endroit et par ces visages qu’elle ne reconnait pas. Des invités du gérant de l’empire Peninsula. Pas réellement des camarades, juste de la masse afin de créer une foule festive.

Alors qu’elle s’apprêtait à envoyer un message à Amy pour savoir comment se déroule sa soirée de son côté, avec Noah et d’autres Drifterz, elle sursaute en réalisant qu’une jeune fille s’adresse à elle :

— Coucou, tu es sa nouvelle poupée, je suppose ? lui grince Erika avec une grimace de dégoût.

Elle observe son frère aîné d’un air blasé.

— Euh… Enchantée, moi c’est Trisha ! Et toi, tu es ?

— Erika. La sœur du type qui va bientôt te sauter avant de te jeter comme une merde.

— Euh… Pardon ? Je ne te permets pas, s’offusque Trisha en remettant nerveusement son téléphone dans son sac à main.

Elle n’aura finalement envoyé qu’un smiley à sa meilleure amie.

~ 050 ~

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— Barre-toi, si tu as un peu d’estime pour ta personne. Mon frère ne recherche pas en toi une petite copi…

— Dis donc, toi ! Qui t’a invitée à notre table ? s’exclame soudain Joakim avec un faux air enjoué.

Il arrive derrière sa cadette pour la saisir par les épaules et la retourner vers lui avec fermeté :

— Bon, maintenant, t’es mignonne, mais tu dégages de ma vue et tu vas t’occuper d’Alarich. Il n’est pas censé être tout seul et il ne faut pas qu’il vienne ici pour te chercher. Alors tu bouges.

— Vas-y, je t’emmerde, tu ne me donnes pas d’ordre, tu te prends pour qui là ? renvoie fièrement Erika en portant un demi à ses lèvres. 

— Pardon ? demande Joakim, les sourcils froncés en lui attrapant le bras pour qu’elle pose son verre sur la table. Répète ?

— Lâche-moi, tu me fais mal, grogne la brunette avec effroi.

Elle se défait de son emprise et quitte la salle pour fuir dans la chambre de son jumeau.

— Excuse-la, sourit Joakim en direction de sa rousse.

— C’est rien, les petites sœurs sont toujours comme ça avec leurs frères, je suppose !

— J’espère que les autres ne sont pas aussi casse-couilles, souffle Joakim d’une voix enjôleuse.

Trisha rit puis lui attrape délicatement le menton pour le ramener vers elle afin de pouvoir l’embrasser tendrement…

Joakim se laisse faire en fulminant de la tentative de sabotage de sa cadette.

Après un langoureux échange, il propose une boisson à sa rousse qui, déclinant tout alcool fort, choisit finalement la douceur d’une pina colada.

— Je vais te préparer ça, je reviens, lui annonce Joakim en se décrochant de ses lèvres affamées.

Elle se relève de son tabouret et le suit jusqu’au bar pour le regarder lui servir son cocktail ainsi qu’un whisky sec pour lui.

— Eh bien, monsieur, on boit du fort, ici ! lui sourit-elle d’un air intrigué.

—Faut au moins ça pour te supporter.

— Oh ! Toi ! rit-elle alors qu’il s’empare de sa main pour se diriger vers le canapé d’angle le plus éloigné de la pièce.

Arrivé à destination, il se laisse tomber dessus et avale presque d’une traite son whisky. 

Trisha le dévisage avec suspicion, s’assoit à ses côtés et s’exclame :

— Sacrée descente !

— Je savais que tu recommencerais à parler, j’ai donc pris les devants.

— Je ne relève même plus, tu sais !

Joakim sourit et un ange passe pendant que leurs regards se perdent sur la piste de danse. Trisha reprend peu après, dans le but de relancer la conversation.

— Du coup, Kristofer, c’est un très bon ami à toi, mais le reste de ton crew le déteste.

—Ça va, inspecteur Trisha ?

— Nickel, et toi ?

— Tu veux que je te fasse visiter la maison ? 

— Oui ! J’adorerais !

Une proposition explicite, validée par la rouquine, et à peine sortent-ils de la salle des fêtes que Joakim l’étreint vivement pour l’embrasser en l’entrainant vers sa chambre, à un couloir de là.

Folle de désir pour lui, elle lui rend chacun de ses baisers, tout en lui attrapant sa veste pour la lui enlever. Joakim répond à ce geste en lui retirant sa robe moulante sur le sol, avant de placer ses deux mains sur ses seins pour les malaxer. Trisha lui défait rapidement son pantalon en retour et tire son tee-shirt vers le haut pour qu’il se dépêche de l’enlever…

L'Améthyste