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Joakim revient chez lui à vingt heures, éreinté par cette journée festive.
Il culpabilise d’avoir laissé les jumeaux si longtemps, mais songe que leur aide-ménagère prépare toujours à manger avant de rentrer chez elle. Pas de quoi s’inquiéter. En cas de souci, sa sœur l’aurait appelé !
Bien qu’il se souvienne de cela, un terrible pressentiment l’envahit pourtant dès qu’il réalise le salon vide. Pas de quoi paniquer. Ils habitent un quartier calme, dans une maison protégée par trois alarmes connectées à une société de gardiennage. Ses cadets trainent surement ensemble dans la chambre d’Erika !
Il se dépêche donc de grimper les escaliers afin de les rejoindre.
— Erika ? appelle-t-il vivement en toquant à sa porte peu après.
À l’époque, il entrait sans frapper et cela lui valait des hurlements stridents qui manquaient de lui vriller un tympan. Depuis ce jour, il ne pénètre plus dans cet antre par surprise, au souvenir de cette fois aussi où un dictionnaire volait dans sa direction parce qu’il la faisait sursauter…
— Je révise ! Qu’est-ce qu’il y a ? lui répond sa cadette dans un soupir, et c’est à cette heure-ci que tu rentres, toi ?
— Est-ce qu’Alarich est avec toi ? la questionne-t-il avec une angoisse palpable au creux de la voix.
— Je révise ! Donc non ! Jolie esquive, sinon, trouduc !
Joakim ignore sa dernière réplique et se presse vers la chambre de son frère, pour constater la pièce vide. Stressé, au bord de la panique, il décide de fouiller attentivement la maison, quand son téléphone vibre soudain pour lui indiquer la réception du SMS d’un expéditeur inconnu.
« Faut pas laisser les trisos seuls sur la plage, lol ! »
Son palpitant bondit dans sa poitrine alors qu’il découvre cet odieux message. Perplexe, il réfléchit à l’identité de son auteur avant de s’élancer vers la plage à toute allure.
Il court ainsi pendant une dizaine de minutes, autour et aux alentours de chez lui. Il cherche désespérément du regard une silhouette qui ressemblerait à celle de son cadet. Son cœur s’emballe de nouveau, terrifié par ce qui a pu arriver à l’incarnation de la bonté humaine. Criant son nom de toutes ses forces, il essaie de comprendre qui aurait pu oser toucher à son frère et surtout, comment a-t-il procédé ?
Alarich ne sort jamais de chez eux sans raison et surtout pas sans sa jumelle.
« Et si une tierce personne l’avait attiré à l’extérieur, pour ensuite l’emmener ailleurs ? » Le jeune Bauer réfléchit à cette hypothèse en continuant de le chercher avec détresse dans les environs. Il prévoit d’élargir progressivement son champ d’action.