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Sans attendre une minute de plus, Joakim revient dans l’hôpital aussi vite que ses jambes le lui permettent et vu que l’équipe n’est pas encore sur place, il se permet de s’en aller demander lui-même l’autorisation de faire faire une IRM à sa « patiente ». Par chance, le directeur de l’hôpital se trouve déjà sur place et vu que l’adolescent l’a clairement dans la poche depuis le début, il se dépêche de lui répéter sa demande, l’air suppliant, pour que celui-ci l’accepte presque aussitôt avec un grand sourire.

C’est ensuite en se rongeant les ongles que Joakim doit attendre l’arrivée d’au minimum un diagnosticien car n’étant qu’un visiteur ici, il ne peut se rendre lui-même en salle d’IRM -protocole oblige-.

Peu après et dès qu’il arrive enfin à mettre la main sur l’un de ces hommes, celui-ci n’aura pas le temps d’avaler son expresso du matin qu’il sera trainé en moins de deux par l’adolescent pour faire l’examen tant espéré et attendu. Joakim lui demande de chercher la preuve que sa sœur ne soit pas plutôt son frère, tout en lui indiquant les parties exactes du corps dont il aimerait avoir les scans.

Ne pouvant pénétrer lui aussi dans la salle d’IRM, Joakim revient alors dans celle de diagnostiques pour patienter jusqu’aux résultats du fameux examen et l’homme diplômé qui le fait dans la salle, pendant ce temps, tombe de haut. Il est complètement ébahi de voir que sur le moniteur d’IRM, un élément que ni lui, ni ses collègues, ni leur dizaine d’années d’ancienneté à tous, n’avaient su remarquer avant l’arrivée du jeune prodige de la médecine. Mais comment le gamin avait-il su ? Comment avait-il pu imaginer que sa sœur pourrait être un hermaphrodite ! Strictement rien n’avait pu les mettre sur une telle voie ! Comment l’avait-il deviné, comment avait-il eu le feeling pour vouloir scanner cet endroit-là du corps de la patiente, comment… Quel avait donc été le déclic de ce gosse trop doué ?

 

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Le diagnosticien n’en revenait pas et c’est encore sous le choc qu’il revient en salle de recherches pour confirmer la crédibilité des dires du jeune Bauer et alors que toute l’équipe s’exclame devant la nouvelle, aux anges d’avoir enfin l’illumination qui allait leur permettre de boucler le cas, Joakim, lui, s’endort sur le canapé de la salle.

Touchés et aussi tellement impressionnés par sa persévérance, l’ensemble de l’équipe décide de libérer la salle de leurs présences pour le laisser s’y reposer, seul, dans l’obscurité et le silence. Après ces quatre jours intensifs, le gamin l’avait bien mérité, son repos du guerrier…

Ayant résolu leur plus gros cas, ils n’avaient de toutes façons plus besoin de leur salle de recherche pour aujourd’hui et c’est donc avec respect qu’ils posaient une couverture sur leur adolescent prodige, tout en l’allongeant délicatement sur le canapé, avant de filer dans la chambre de leur malade pour lui révéler son diagnostique, puis la marche à suivre désormais…

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=== 9h00… ===

Erika émergeait de sa nuit quand deux des diagnosticiens pénétraient dans sa chambre pour lui révéler la nouvelle qui allait changer son existence à tout jamais.

C’est pour cette raison que c’est le plus diplomate des deux hommes qui prend la parole en premier, avec le plus de douceurs possible. Allez dire à un adolescent qu’il n’est ni garçon ni fille, et l’on en reparle. 

– Tu es atteinte d’hermaphrodisme masculin. Tu vois, au départ, nous sommes tous des filles et l’on se différencie ensuite en fonction de nos gênes. Les ovaires se transforment en testicules et descendent, mais dans un cas sur 150 000, le fœtus avec un chromosome XY, c’est-à-dire un garçon… Devient autre chose. En gros, tes testicules ne sont jamais descendus et se sont atrophiés avec le temps, parce qu’au départ, tu as été insensible à la testostérone. Le hic, c’est que ton corps s’imagine désormais être un homme, tout en étant persuadé qu’il est une fille ! Vu ton âge, c’est clairement ton entrée dans la puberté a qui a accéléré ce dérèglement génétique. 

– Je..Je.. Baffouille Erika de surprise et dégout, – mais je.. Je ne suis pas une fille alors ?! Qu’est-ce qui va m’arriver alors ?! Je suis quoi ?!

– Tu es les deux sexes à la fois et tu vas maintenant avoir un choix à faire. Soit décider que l’on coupe définitivement ces testicules atrophiés, car le fait qu’elles agissent aussi en tant qu’ovaires dérègle complètement ton système hormonal, tu le comprends bien. Après l’opération, ton corps comprendra, en quelques sortes, qu’il est féminin et il agira comme tel, en arrêtant de produire de la testostérone. L’inconvénient sera que tu n’auras plus d’ovaires..

– Et l’autre solution… ?

– L’autre solution est moins lourde dans l’immédiat, car elle consiste à te faire suivre un traitement qui rendra tes testicules viables, ce qui, à long terme, fera de toi un homme à part entière. Ta production de testostérone sera doublée et celle d’œstrogène quasi-stoppée.

– Toute ma vie, j’ai été une fille, mais désormais, je n’en serais plus jamais une entièrement ? Et je ne vois pas comment est-ce que je pourrais être un vrai garçon.. Je n’ai physiquement pas ce qu’il faut pour l’être…

L’adolescente regarde son entre-jambes, l’air gêné et désespéré.

– Tu peux être une fille et avoir une vie tout à fait normale, même sans ovaires. Tout comme tu peux aussi être un garçon, à part entière. Pour le genre de choses auxquelles tu songes, il y a des opérations qui s’en chargent. Comment font les transsexuels, à ton avis ? Eux, contrairement à toi, ils n’ont génétiquement pas ce qu’il faut pour… Et pourtant ! Explique l’homme en blouse avec un sourire en coin plus amusé qu’autre chose par la principale préoccupation de sa patiente. Ah ces ados, tous les mêmes !   

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=== 9h30… ===

Encore un peu éméché par une soirée très arrosée, Kristofer rentre au loft de son ex après avoir passé la nuit dehors. Sortant ainsi de façon frivole et puérile, il espérait titiller la jalousie de son Shane en lui faisant croire qu’il allait s’amuser puis découcher chez quelqu’un d’autre, mais l’idée qui semblait ingénieuse sur le papier se révélait catastrophique au final puisque c’est l’arroseur qui se retrouva trempé de la tête aux pieds.

En effet, pénétrant dans le bureau de son ex pour le saluer, Kristofer le surprit en plein ébat avec un autre, à même la moquette. Choqué sur le coup et fou de rage et détresse ensuite, le pauvre Kristofer tourna les talons en moins de deux pour décamper du loft presque au pas de course tandis que Shane, sous sa gêne d’avoir été surpris dans une position assez humiliante, n’était pas mécontent du fait que désormais, son ex comprenne qu’entre eux, tout était bel et bien terminé aujourd’hui. Shane ne voulait pas que le concerné se leurre d’illusions en s’imaginant qu’en venant vivre chez lui, il aurait de nouveau une chance de recoller les morceaux entre eux et si pour faire ouvrir les yeux en grand au concerné, il devait se la jouer cruel et choquant, alors soit, il le ferait. Cela ne lui ferait pas de mal de recevoir une bonne leçon, de toute façon.. Il en avait besoin. 

Désemparé et complètement sous le choc, plus blessé et perdu que jamais, Kristofer revient au plus vite dans sa propre maison en se retenant de fondre en larmes en chemin. C’est une fois sur place qu’il se permettra de pleurer comme un enfant, criant de rage et désespoir, tout en déchirant la moindre photo de son ex qu’il pouvait retrouver ; celles sur médias électroniques n’y échapperaient pas non plus. Iphone, ordinateur, elles y passaient toutes.

Il ne voulait plus rien posséder qui lui rappellerait ce salaud qui avait apparemment pris un pied fou entre les fesses d’un connard de première. Ah, mais il allait lui apprendre à en lécher un autre que lui, ah, il allait lui apprendre !!! S’il voulait jouer, ils allaient faire mumuse ensemble car lui aussi pouvait se donner à un autre, lui aussi pouvait, lui aussi pouvait…

Mais en attendant, il allait se contenter de tremper ses draps de larmes.

L'Améthyste