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=== 9 Juin, 15h30… ===

Malgré que Joakim n’allume quasi plus son téléphone depuis le drame qui s’est produit la veille, Trisha avait finit par être mise au courant de la situation par le biais de Noah et c’est donc en étant terriblement inquiète qu’elle se presse a l’hôpital pour voir son petit ami en chair et en os afin de s’assurer que moralement, il tenait le coup. Elle voulait être là pour lui et lui rappeler qu’il n’était pas seul dans cette épreuve… Alors qu’une fois de plus, il l’avait exclue de sa détresse, mais elle ne lui en tenait toujours pas rigueur. L’on ne changeait pas du jour au lendemain, n’est-ce pas ? Elle devait se montrer patiente….
Une fois arrivée à l’hôpital, la jeune fille se retrouvait embarquée dans une vraie galère, car personne ne voulait la laisser monter à l’étage des bureaux et donc, de la salle de diagnostiques. Cet étage n’étant habituellement pas autorisé au public… Qu’on lui répétait encore et encore pour l’agacer prodigieusement. Audacieuse, elle demandait alors si un membre de la famille d’Erika Bauer se trouvait sur place et lorsqu’on lui répondait que le père de l’adolescente l’était, elle demandait aussitôt qu’on l’appelle et Raphaël accourait vers elle sitôt qu’on le prévenait, pour annoncer aux médecins et infirmiers croisés vigiles ; gardiens sans âmes des étages supérieurs ; que la rouquine était avec lui, cette amie proche de la famille. Agissant ainsi, Raphaël abusait clairement de la faveur qu’on lui faisait de rester si longtemps dans le couloir des bureaux de l’hôpital, mais il s’en fichait.

Une fois de retour devant sa machine a café fétiche, parce qu’elle lui permettait de tenir durant toutes ces longues heures d’attente, Raphaël expliquait brièvement à Trisha que son fils était en train d’aider à chercher ce qu’avait sa sœur, parce qu’il possédait une certaine facilité dans la compréhension de la médecine et de… Raphaël s’embrouillait très vite dans son mensonge et au final, il préférait avouer le tout avec sincérité et honnêteté à la jeune fille puisque tôt ou tard, la rouquine le découvrirait d’une autre bouche et il était certain qu’elle prendrait très mal le fait que le père de son petit ami se soit payé sa tête.

Trisha se figeait dans une expression de surprise en apprenant la nouvelle, mais un sourire ému et beaucoup de fierté effacèrent très vite ce premier sentiment puisqu’au fond et à ses yeux, son petit ami avait toujours été supérieur aux autres adolescents qu’elle pouvait côtoyer. Finalement, apprendre aujourd’hui que le concerné était un petit génie ne la surprenait pas tant que cela et son impatience pour s’en aller le serrer dans ses bras en devenait palpable !

Elle s’éloignait donc de Raphael pour filer le long du couloir en direction de la salle de diagnostiques et ce, même si le concerné venait de la prévenir que Joakim n’était pas particulièrement chaleureux lorsqu’on allait l’observer à travers la baie vitrée… Raphaël ne voudrait pas que la jeune fille se fasse traiter comme lui l’avait été par son fils, la première fois qu’il était allé l’espionner derrière la vitre.

Mais plus borné que Trisha, l’on ne faisait plus. Elle voulait le voir, elle tenait absolument à lui parler ! Ses yeux pétillaient déjà d’admiration, de fierté et d’amour, mais la flamme qui animait son regard s’éteignait très vite dès qu’elle réalisait que la remarquant derrière la grande baie vitrée de la salle, Joakim ne s’attardait pas un seul instant sur sa personne, allant même jusqu’à détourner le regard pour l’ignorer totalement avec sa froideur des mauvais jours.

L’adolescent était bien trop occupé en ce moment pour prendre la peine de seulement se souvenir de son existence, car pour être honnête, à l’heure qu’il est, elle avait à ses yeux autant d’importance que le H de Hawaï.

L’humiliation de Trisha était à son paroxysme alors qu’elle réalisait être la dernière roue du carrosse de celui qu’elle aimait tant et si au fond, elle était terriblement heureuse pour lui de le voir ainsi dans un environnement qui semblait le combler, elle le détestait aussi avec hargne de l’avoir ainsi humiliée.

Mais pour qui se prenait-il, à la fin ? Génie d’accord, mais respect d’abord ! Un regard, un sourire, un signe de main, cela ne mangeait pas de pain et son statut de petite amie lui offrait tout de même le minimum des considérations ! Surtout qu’elle avait fait pas mal de kilomètres pour venir s’inquiéter pour sa petite personne ! Ingrat un jour, égoïste toujours ! Il ne changerait jamais, décidément !

Blessée et frustrée par son comportement, elle tournait vivement les talons en décidant de ne plus remettre le moindre pied ici ou de carrément ne plus faire le moindre pas vers lui ! Ni appel, ni sms, ni message quelconque ! Et ce, jusqu’à nouvel ordre ; et donc, jusqu’à ce que cet affreux ne vienne ramper à ses pieds en lui demandant pardon d’être aussi dégueulasse dans son indifférence, car si son père tolérait cela ; cet homme décidément bien trop gentil, songeait Trisha en colère ; elle n’avait pas l’intention d’être aussi tolérante que lui.
De son côté, Joakim se fichait complètement de ce qu’elle pouvait penser de son comportement, car elle était clairement devenue le cadet de ses soucis. C’était bien le sentiment qu’il avait voulu lui exprimer par son indifférence très calculée ; elle ne s’était pas faite d’idées à son sujet. Occupé à se battre pour sauver sa sœur, il ne pouvait se disperser pour réaliser la présence d’autres êtres humains trop collants – ou alors s’il le pouvait, il n’en avait pas envie. Cela ne l’intéressait plus. Ici, entre les murs de cette salle, il se sentait enfin complet et épanoui, évoluant enfin dans une bulle sereine qui lui apportait finalement tout ce qu’il avait toujours espéré, sans pour autant croire qu’il l’obtiendrait un jour… Tout ce qui l’entourait devenait donc dérisoire et dispensable à ses yeux, puisqu’il avait enfin tout ce qui l’importait vraiment dans la vie. La découverte ainsi que la recherche. C’est d’ailleurs pour cela que son téléphone portable allait désormais rester éteint, après qu’il l’ait allumé brièvement dans un court instant de culpabilité suite au départ de Trisha, pour raccrocher très vite au nez d’un appel entrant qui arrivait même pas trois minutes après l’allumage de son Iphone. Seigneur dieu, cet entourage devenu aussi futile qu’inutile à ses yeux, ne savait-il donc plus vivre sans lui, ou quoi ?!
Blessé par cette conversation coupée brutalement, Hajer se retrouvait nez à nez avec le désintérêt de son ami après qu’il ait, pendant toute la journée, essayé désespérément de le joindre, en tombant constamment sur son répondeur. Le jeune homme est plus seul que jamais depuis deux jours et ce soir, il subit une violente crise de manque, alors qu’il est recroquevillé sur lui-même et prit de spasmes, dans le recoin d’un squat malodorant et insalubre où aucun des autres junkies de l’endroit ne remarquent son mauvais état. Et pour cause, ils sont clairement tous dans la même condition que lui… Mais Hajer souffrant le martyr et ayant besoin de sa dose, agonise en silence en étant tiraillé par l’envie de voler une fois encore, de l’argent à ses parents, pour se procurer ensuite sa désormais seule et unique raison de vivre. Sa came. Sa précieuse dope.. Les yeux du jeune homme s’embuent de larmes et il se met à pleurer bruyamment pour exprimer sa douleur. Sa dope ! Sa dope ! Il veut sa dope ! Et si son ami daignait décrocher son téléphone, il pourrait le supplier de lui donner de quoi s’en procurer pour qu’il aille mieux, mais ce soir Joakim se fiche de tout ! Ce soir Joakim le laisse tomber ! Il l’abandonne dans sa solitude, la puanteur de cet endroit, ainsi que sa souffrance ! Pourquoi ?! Mais pourquoi donc agit-il ainsi ?! Est-ce le rôle d’un ami ?! D’ignorer la douleur de ses plus proches alliés ?! NON ! Joakim exagérait ! Après tout ce qu’il avait pour lui, vendre son âme au diable, bafouer son propre honneur, voilà donc comment il lui rendait la pareille ! En l’ignorant ! En le laissant tomber ! Titubant, Hajer se relevait enfin du sol et marchant péniblement, il s’extirpe du squat avec pour intention de voler ses parents encore une fois et en se fichant des éventuellement conséquences. Il n’avait plus que ça à faire, de toute manière.. Puisque son soi-disant grand ami et allié l’avait abandonné. Ce faux frère de cœur qui, au fond, n’attendait de lui que l’assurance qu’il ne se livre jamais à la police en révélant de bien sombres vérités. Tremblant et souffrant comme jamais de ses spasmes, les battements de cœur d’Hajer s’accéléraient en rythme avec sa rancœur pour Joakim qui décuplait. Ce faux-ami était réellement mauvais. Sans cœur ni âme ! Tellement pourri de l’intérieur qu’il méritait qu’il le laisse tomber à son tour et se précipite au poste. Faux-ami ! Faux-ami ! Chien ! Sale chien ! Connard !!!! Il allait payer ! Ce soir, il allait payer pour sa méchanceté ! Ses faux-semblants ! Son hypocrisie !!!! Oui !!!