~ 228 ~

Temps de lecture : 2 minutes

 

*      *

*

 

Les jours passent et la suspicion de Charles Ogilvie au sujet de Joakim ne s’estompe pas, bien au contraire, car désormais, c’est avec curiosité qu’il se met à l’observer au quotidien. Pendant les cours, les pauses… pour réfléchir à cet élève mystère.

Le professeur voudrait tout savoir sur l’énergumène surprenant, mais il sait qu’il ne peut le prendre à part pour lui parler de ses devoirs. Le connaissant, celui-ci se braquerait et l’enverrait balader.

 

*

 

De son côté, Jenny Clark soupire. Son cours de dessin est décidément d’un ennui ! Elle pourrait se pendre pour y échapper ! Son amie Ashelia Wilson rit discrètement, assise à la table d’à côté. Jenny se presse alors de lui envoyer un bout de papier plié, avec une brève phrase inscrite dessus.

« Je vais voir les Drifterz ce midi, tu viens ? »

Ashelia lui offre un signe de négation de la tête une fois qu’elle a lu son message, ce à quoi la naine aux cheveux roses lui renvoie aussitôt un « pourquoi ? » silencieux, mimé de la bouche.

La brunette se sent donc obligée de lui expliquer, à l’écrit, sur un nouveau bout de papier plié :

« Je suis en froid avec Aidan. »

Sans attendre, Jenny lui renvoie sa réponse par une autre missive :

« Vu la façon dont tu as saccagé tes cheveux, j’avais compris… Mais t’inquiète pas, poulette, tu sais qu’on a tous remarqué qu’Aidan est dingue de toi. Alors viens avec moi cet aprèm, et je peux te promettre que tout finira par s’arranger entre vous !! 😉 »

~227 ~

Temps de lecture : 3 minutes

 

*      *

*

 

Erika Bauer, plus désespérée que jamais à cause de la pénible crise familiale que les siens traversent, passe désormais la majeure partie de son temps libre chez sa grand-mère, aux côtés de sa mère qui y a établi son refuge.

 

L’adolescente prend lentement parti et se range progressivement du côté de sa génitrice, accusant bien souvent son père d’être le responsable de tout.

Comment pouvait-il se montrer aussi cruel ? Pourquoi ne demandait-il pas à sa mère de rentrer chez eux ? Elle le juge égoïste et égocentrique. Il la déçoit terriblement et refuse de lui adresser la parole lorsqu’elle le croise, désormais. Elle prend d’ailleurs de moins en moins de repas dans la maison familiale et préfère manger chez sa mamie, avec sa mère, aujourd’hui.

Elle a choisi son camp ! Loin de cet hypocrite qui, sous ses airs de père de l’année, est le type le plus antipathique de l’univers. Elle ignore les raisons de la discorde dans le couple de ses parents, mais imagine aisément une raison puérile provoquée par son géniteur !

Attristée par ces réactions qui accusent injustement son époux, Éva tente souvent de contredire ou gronder son enfant lorsqu’elle essaie de se mêler d’une histoire qui ne la regarde pas ; en vain, car sa gamine a hérité de son côté têtu.

De son côté, Vanessa approuve la nouvelle amertume d’Erika pour son père, comme elle n’a jamais apprécié Raphaël ! Elle jubile de trouver une alliée pour lutter contre le pigeon crétin, l’idiot du village qui, pour sauver son foyer et la stabilité de ses enfants, n’est même pas capable de prendre sur lui et de mettre de côté son égo meurtri !

Au final, l’ironie de cette situation réside dans le fait que la seule qui continue de soutenir Raphael Bauer n’est que celle dont il cherche à s’éloigner le plus possible…

~ 226 ~

Temps de lecture : 2 minutes

 

*

 

Un matin, et alors que ses élèves sont en pause de dix heures, Charles Ogilvie retourne dans tous les sens le dernier devoir de mathématiques du pire élève de sa classe, tout en réalisant un fait incroyable sur celui-ci :

Les formules de Joakim Bauer mènent à des résultats plus exacts encore que celles qui sont enseignées en dernière année. Le visage du professeur se noie dans l’incompréhension suite à cette découverte. Comment cet élève ordinaire a-t-il pu poser des développements pareils ? Jusqu’à aujourd’hui, Charles avait toujours insulté en pensées son pire élève, croyant que l’adolescent irrespectueux brodait n’importe quoi sur ses copies, en ajoutant juste le résultat idéal en bas de ses feuilles ; une conclusion qu’il pouvait avoir copiée sur son voisin de table. Classique. Les tricheurs présentent toujours un développement ridicule, suivi d’un résultat exact.

Mais, aujourd’hui, Charles vient de refaire pour la huitième fois le développement de Joakim, en le suivant au chiffre près, pour réaliser qu’il n’a strictement rien de ridicule. Bien au contraire, sa formule est d’une complexité impressionnante, mais cependant très difficile à suivre. Cela le rend aigri, presque jaloux, mais également très respectueux devant l’intelligence de l’adolescent agaçant.

L'Améthyste