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La journée commençait rude et riche en émotions pour Joey Sanders. Tôt dans la matinée, l’on venait le chercher pour lui demander de se rendre dans le bureau du directeur de la prison de sécurité minimum dans laquelle il était enfermé depuis déjà quatre mois.
Dans cette pièce, on allait lui annoncer qu’aujourd’hui, il bénéficierait d’une liberté conditionnelle. En gros, « tu es dehors, p’tit gars, mais on t’as a l’œil, alors fais pas le con où tu pourrais revenir très vite. »
Sur le coup, le jeune homme n’y comprit pas grand-chose. Pas qu’il n’en ait pas rêvé toutes les nuits, du fait de sortir enfin de cet enfer, mais, désormais que le miracle se produisait, il ne le réaliserait réel qu’une fois dans les bras de sa mère qui l’enlace chaleureusement,chez sa grand-mère chez qui elle vit depuis le décès de son père.
Le coupable de l’incendie de Black Coat Press s’était apparemment dénoncé aux autorités et on l’avait immédiatement enfermé. Joey digérait cette information douloureusement, à la fois heureux de sortir, mais aussi rempli de haine d’avoir perdu quatre mois de sa vie.
=== 18h00…Domicile des Hill.. ===
Quelques heures plus tard, Joey se rend chez son ex-petite amie, celle à qui il a tant à dire, car son indifférence et son rejet lui avaient poignardé le cœur bien trop souvent, dans sa prison puante et malfamée de sordides individus qu’il avait dû apprendre à côtoyer. Trisha Hill avait été sa première petite amie sérieuse et il l’avait aimée comme un fou. C’est pour cela que le jour où il a dû accepter qu’elle ne croie plus jamais en lui parce qu’elle le pensait coupable de l’incendie d’une maison d’edition et d’une manipulation morale à son égard, son monde s’était écroulé. Il voulait donc lui dire aujourd’hui qu’il y a quatre mois, il ne lui avait menti en rien et qu’il était tout simplement victime d’une réelle supercherie. Il était le gentil, dans l’histoire… Il avait tant pensé à elle pendant son emprisonnement ; il devait le lui dire, qu’elle avait constamment occupé son esprit et qu’il avait attendu avec d’impatience ce jour où, enfin, il se retrouverait de nouveau devant elle pour avoir une vraie discussion en tête à tête…
C’est Maya Hill qui lui ouvre la porte de l’appartement et alors que sa fille n’est pas sur place ; surement en ville à traîner avec des Drifterz ou en studio pour accompagner Amy Wills, au lieu de continuer de réviser pour le Bac ! Joey esquissait un sourire en reconnaissant le prénom de la blondinette qui avait fait partie de son ancienne vie, elle aussi. Il l’avait toujours beaucoup apprécié et la considérait même comme une amie.
Polie, Maya propose à son invité surprise de rentrer à l’intérieur en lui proposant une boisson fraîche -ou chaude, c’est comme il veut, il ne paiera pas plus cher!-, ainsi que des petits gâteaux qu’ils pourraient grignoter tous les deux en attendant le retour de la rousse qui se fait désirer !
Joey ne se fait évidemment pas prier, trop heureux de retrouver entre ces murs, un fragment de son ancienne vie. L’appartement de son ex-petite amie…
La mère de celle-ci avec qui il s’était toujours si bien entendu.
L’atmosphère de ce salon qu’il avait toujours trouvé si reposant. Le moelleux de ces fauteuils qui incitait toujours à piquer un somme dessus. Joey se remémorait alors ce Noël ou lui et Trisha avait terminé la soirée dessus pour faire de délicieuses cochonneries. Ils formaient un couple magnifique et tous leurs amis les enviaient..
Peu après et profitant de la présence de son invité surprise, Maya Hill ne se montre pas avare en questions et le pauvre Joey se fait inonder d’interrogations auxquelles il répond du mieux qu’il peut, dans la mesure de ses propres connaissances…
Il ne sait pas encore l’identité réelle de celui qui s’est dénoncé pour lui, mais il semblerait que celui-ci ait apporté assez d’informations et preuves pour qu’il soit libéré en conditionnel aussi vite ; ou alors que les forces de police ne se préoccupent que du fait de boucler un dossier de plus au plus vite afin d’augmenter un quota, ajoute Maya, l’air sceptique.
Vexé et un peu blessé, Joey se hâte alors de la reprendre, l’air stressé,
– Il n’y a pas histoire de boucler ou je ne sais quoi, je suis réellement innocent. J’ai été piégé.
– Je n’en doute pas, mon grand, mais un caniche aurait pu se présenter devant eux en jappant, que tu aurais sans doute été libéré pareil. J’ai comme l’impression que notre police se touche un peu la noui…
Stressé, Joey l’interrompt pour aller plus loin dans l’argumentation du fait que sa libération est totalement justifiée,
– La personne qui s’est dénoncée a avoué ce qu’il fallait pour que tout ce que je disais, moi, il y a quatre mois, soit enfin pris au sérieux. Maya, est-ce que tu sais qu’on m’a rit au nez en février et qu’aujourd’hui, presque tout le personnel du pénitencier m’a sourit et salué ?
– Tout va bien, alors. Mis à part que tu ne sais pas qui a bien pu se dénoncer et..
– Rien ne va bien, grommelle Joey, de plus en plus stressé, – J’ai perdu une année de ma vie, de ma scolarité, parce que j’ai été piégé, Maya ! Et je crois savoir par qui.
– Ah ? S’intrigue Maya, subitement très intéressée par la conversation, – dis m’en plus, Sherlock Holmes !
– C’est Bauer. Depuis le début il avait des vues sur Trisha et vu la relation unique qu’on avait, il n’avait pas d’autres choix que de..
– Hey, loulou ! Ce n’est pas bien d’accuser sans preuves quand justement, tu viens de voir les conséquences d’une punition injustifiée !
– Oh, mais je trouverais les preuves Maya, crois-moi que je les trouverais. Car si je ne connais pas encore l’identité réelle de celui qui s’est dénoncé pour moi, cela ne sera pas difficile à trouver, car il a forcément un lien avec l’entourage de Bauer ! Ce chien, il n’y avait que lui pour…