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=== 17h00… ===

Étant enfin réveillée et pour l’instant stabilisée, les médecins de la jeune Erika ramenaient l’adolescente dans une chambre personnelle afin que la concernée puisse s’y reposer plus sereinement, tout en recevant des visites dans de meilleures conditions. Son état, pour l’instant stationnaire car aucun diagnostique n’avait encore été établi, restait surveillé en permanence par des rondes de médecins et si besoin, la jeune fille serait remise en soin intensifs dans la minute.

Encore un peu groggy et très faible, l’adolescente s’occupe en écoutant les nombreux messages de ses amis sur la boite vocale de son téléphone portable. Les larmes lui montent très vite aux yeux et elle s’empresse de renvoyer des textos à tout ce petit monde, le cœur gonflé de joie de se rendre compte que tant d’amis semblaient là pour elle, dans cette épreuve.

Son père sera à ses côtés une demie heure plus tard et après qu’il ait eu la peur de sa vie en réalisant la chambre de soins intensifs vidée. L’espace d’un instant, le père de famille s’était imaginé qu’un nouveau drame venait de se produire dans sa vie et alors que ses yeux s’emplissaient déjà de larmes, une infirmière arrivait derrière lui pour le prévenir que pour des raisons de convenance, sa fille se trouvait à un étage de là, dans une autre chambre.

 

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17h30…

Dans son état, Hajer perçoit difficilement les hurlements de son père ainsi que les pleurs de sa mère. À demi-conscient, sombrant peu à peu, le jeune homme essaie de réaliser ce qui est en train de se passer sous ses yeux, ce qu’il a lui-même déclenché en se faisant prendre la main dans le sac alors qu’il tentait de piquer quelques billets dans le coffre familial. Tout ceci n’était pourtant pas censé se produire. Jamais, oh grand jamais, ses parents n’auraient dû le surprendre en effet de manque et en train de les voler. Ce ne sont désormais plus des spasmes de douleur dus à l’effet de manque qui le déchirent désormais, mais d’autres de culpabilité, détresse et honte. Si seulement il pouvait disparaître immédiatement dans un trou de souris, pour ne jamais en ressortir…

Mais qu’avait-il donc fait ?! Il fondait nerveusement en larmes en confessant subitement sa responsabilité dans l’incarcération d’un innocent, la tête agrippée entre ses mains, il pleurait comme un enfant en prétendant que depuis l’emprisonnement de Joey Sanders, il sombrait sans pouvoir en parler à personne, de cet odieux secret ; ce n’était que pour cela qu’il avait finalement eu recours à la drogue… Elle lui permettait de survivre. Ses larmes redoublaient et alors que son père ne s’arrêtait plus de lui crier sa déception. Il l’avait tellement déçu !

Comment lui, la grande fierté de sa vie, avait pu tomber aussi bas, comment avait-il pu faire accuser ainsi un innocent ou même les voler pour pouvoir consommer de la drogue afin d’oublier ses mauvaises actions ! Jamais les Riahi ne s’étaient abaissés à tant d’ignominies ! Leur lignée avait toujours été des plus respectable et Hajer les ridiculisait tous ! Où était donc passée sa bonne éducation ?! Ses envies littéraires, son désir de devenir écrivain ?! Où s’étaient donc envolées sa bienséance et ses bonnes manières ?! Avaient-elles toutes disparues pour laisser la place au besoin d’être un malfrat immonde qui se détruisait, volait et accusait injustement des innocents pour camoufler ses propres crimes ?!

L’adolescent n’en pouvait plus et seul le mot « pardon » s’échappait de ses lèvres, en rythme avec ses larmes qui lui trempaient désormais le visage, sa détresse était palpable et sa mère accourait pour le prendre dans ses bras, pleurer avec lui, tout en le réconfortant qu’Allah sauverait son âme, qu’il n’avait pas à s’en faire, tout irait bien, car Allah savait être juste ! S’il méritait son pardon, bien sur, et pour cela, il fallait qu’il se dépêche d’aller avouer ses crimes, il fallait qu’il fasse libérer ce pauvre enfant emprisonné à tort, ajoutait fermement père pour qui seul l’honneur comptait dans la vie.

Hajer devint blanc comme un linge en entendant l’ordre de son paternel et ses larmes se stoppèrent pour laisser place à sa stupéfaction. Ses parents lui ordonnaient de se livrer aux autorités s’il ne voulait pas être renié à la fois par eux, mais aussi par Allah, car il ne pouvait être toléré qu’un Riahi agisse de la sorte, l’adolescent n’avait pas été élevé de cette manière et s’il laissait un innocent pourrir en prison, il serait immédiatement renié. Hajer en tremblait de terreur et son père le rassura alors sur un point, s’il se montrait désormais digne d’intégrité, lui et sa mère feraient tout leur possible pour le soutenir dans sa rédemption. Il ne serait plus jamais seul, et même s’il doit subir une peine de prison, il recevrait autant de visites qu’il lui sera autorisé. Ils ne l’abandonneraient pas à son triste sort, bien au contraire. 

L'Améthyste