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Quelques heures plus tard, Joakim file à moto au café de Miguel, son ami devenu orphelin suite au décès de ses deux parents, il y a déjà deux ans de cela.
Arrivé sur place, il gare son engin contre le mur de l’établissement et part s’installer sur la terrasse. L’endroit étant pour le moment vide, il se doute que son ami, qui a sûrement entendu sa moto arriver, ne mettra pas plus de trente secondes pour rappliquer.
Miguel Sanchez est un jeune homme courageux que le travail n’effraie pas. Par chance, puisqu’il doit subvenir, quasiment seul, aux besoins des frères cadets. Depuis la mort du couple Sanchez, l’enfant aîné de la maison avait dû devenir adulte plus tôt que prévu, en héritant plus tôt que prévu de l’entreprise familiale pour empêcher un oncle avare de la récupérer à sa place. Miguel ne pouvait laisser cet héritage tomber entre les mains de quelqu’un qui n’en connait pas la valeur sentimentale. Pour la mémoire des siens, il se devait de protéger envers et contre tout ce café croisé bistrot.
Touche-à-tout et habitué à exceller dans tous les domaines, Joakim vient très souvent l’aider lors des services ou même après pour s’occuper des comptes. Ainsi, et grâce à ses nombreux coups de mains, Miguel arrive encore à suivre quelques cours au lycée.
Si Miguel n’a pas encore tout plaqué, c’est grace a la presence de celui qu’il considère depuis longtemps comme son meilleur ami.
Son plus fidèle allié dans la vie.
L’amitié des deux jeunes hommes s’est consolidée pendant cinq longues années, après avoir démarré de façon impromptue au cours d’une fraiche soirée de janvier. Les deux adolescents nerveux et bagarreurs s’étaient battus comme des poux à cause d’une broutille. Un regard de travers. À cette époque, ils avaient douze ans et ne résolvaient leurs conflits que par les poings. Ils devinrent très vite aussi inséparables que les doigts d’une seule main. Miguel était surnommé « ouistiti délavé » à cette époque et ce surnom lui faisait d’ailleurs coller quelques coups dans de nombreux faciès. Aujourd’hui, l’appellation l’amuse plus qu’elle ne le vexe, mais c’est surtout parce qu’elle n’est employée que par les Drifterz. Un autre se permettrait une telle familiarité serait aussitôt envoyé dans l’hôpital le plus proche avec de quelques fractures.
Kristofer entra dans leurs vies deux ans plus tard, et sa personnalité calme et tranquille tranquillisa celle de Joakim, qui gagna peu à peu en self-control, en déteignant très vite sur Miguel. Pourtant, et malgré que Kristofer soit celui qui ait été la source de l’assagissement de ces deux têtes brûlées, aucun trio ne s’est jamais formé entre les trois jeunes hommes. Miguel restait réfractaire à l’idée de se lier de trop près au millionaire dépravé et prétentieux, tout comme Kristofer, élitiste, ne pouvait s’abaisser à fréquenter quelqu’un qu’il jugeait trop bas, à son goût, dans la hiérarchie sociale. Joakim resta malgré tout lié à ces deux amis, en vivant avec chacun d’entre eux des expériences de vies bien différentes.
— Il faut que tu la surveilles, cette gamine. Depuis quelques jours, elle met son nez partout et pose trop de questions à ton sujet, informe Miguel avec anxiété son ami.
— Je vais m’en occuper, certifie Joakim, l’air serein.
— Je ne m’inquiète pas pour toi, je sais qu’elle ne va pas faire long feu, mais fais tout de même attention et sois indulgent, ce n’est qu’une gamine. Au fond, je me demande si elle sait vraiment ce qu’elle fait… Alors fais-lui simplement peur, qu’elle prenne un peu ses distances, je sais pas… Et agis vite, ne la laisse pas trop fouiller, car elle pourrait avoir l’idée de le faire du côté de Kris’, et là ça pourrait aller très mal. Tu sais qu’elle est venue me parler pour analyser le niveau de notre relation, alors ça ne me surprendrait même pas qu’elle nous fasse suivre et débarque au restau un jour.
— Elle n’a peur de rien.
— Ah, mais carrément, ça se voit qu’elle cherche à savoir ceux qui te sont le plus proche, faut vraiment que tu nous la mettes hors circuit ! Elle pourrait faire des ravages. T’imagines si elle creuse notre relation avec Kristofer et remonte certaines affaires ?! blêmit Miguel.
— Relax, ou tu vas me faire un ulcère. Je vais me charger de son cas, je te dis. En attendant, qu’est-ce qu’il fout là, lui ? Désigne soudain Joakim du regard en fixant un homme en costard qui entre dans le café de son ami.
Le jeune Bauer l’a aussitôt reconnu, le propriétaire d’une chaine de restaurants qui souhaitait acquérir le café de son comparse il y a quelques mois déjà.
— J’en sais rien, je vais aller voir, renvoie Miguel avec angoisse, mais en essayant cependant d’avoir l’air serein devant son comparse. Je te rappelle plus tard, si tu veux.
— Ouaip, j’y vais. Je vais aller casser de la danseuse.
Miguel rit et charrie une dernière fois son ami avant de filer à l’intérieur de son bistrot.