De son côté, Joakim n’a jamais été aussi sûr de ses convictions. Les ténèbres ne peuvent pas s’accorder avec l’obscurité. L’ombre a besoin de lumière pour exister. Son stress grimpe crescendo alors qu’il réalise cela et sa rousse commence à lui manquer. Étrange, pour le jeune homme qui n’a jamais eu besoin de personne auparavant… Il en reste figé d’incompréhension pendant une demi-heure, devant la boite de nuit, avant de se souvenir de l’idiote saoule, sous l’emprise de drogues, qu’il a laissée derrière lui, alors que plus d’un homme la reluquait déjà lorsqu’il était à ses côtés.
Blasé, il revient donc sur ses pas pour la constater plus saoule et déchaînée que jamais, à moitié avachie sur des types à l’allure louche qui n’ont clairement qu’une idée en tête. Las, Joakim se rapproche pour la tirer violemment par le bras afin de la forcer à se relever, tout en chassant à coup d’insultes et de menaces ses prétendants pervers. Ravie du retour de son prince, Amy lui saute aussitôt au cou, lui clame qu’elle l’aime, tandis qu’il la traîne avec lui vers l’extérieur sans une parole.
— Tu as eu peur pour moi ! Tu es revenu ! Je le savais !! piaille-t-elle avec énergie en essayant de marcher droit à ses côtés. Tu vois ! Tu m’aimes aussi ! Tu m’aimes !
— La ferme, tu me saoules.
— Tu fais ton grand méchant insensible et froid, mais au fond, t’es un gentil ! Tu m’aimes… envoie amoureusement Amy avec un soupçon de tristesse au creux de la voix.
Le cœur serré, elle se blottit tendrement contre lui.
— Pauvre fille, va… lui renvoie Joakim, acerbe.
— J’ai envie de toi, viens, on va dans la ruelle derrière…
Sans broncher, le jeune homme la suit sagement alors qu’elle le tire par le bras jusqu’à l’endroit indiqué. Arrivée sur place, elle lui saute dessus pour commencer à l’embrasser. Elle lui susurre de la prendre maintenant. Joakim obtempère sur le champ, enfile un préservatif et lui arrache brutalement sa jupe ainsi que son top, sa culotte, avant de la plaquer contre le mur d’un bâtiment adjacent. Il la prend juste après, par derrière et avec fermeté.
La blondinette, choquée par la position, pousse malgré tout quelques gémissements de plaisir mêlés à certains de douleur. Elle aime le sentir en elle et se le répète en pensées alors que ses coups de bassin l’écrasent brutalement contre le mur.
Ils sont ensemble… Elle n’en demande pas plus.
Elle l’aime trop pour lui crier d’arrêter de la pénétrer aussi brutalement ; alors elle se contente de serrer les dents en retenant tant bien que mal ses larmes de honte parce qu’une fois de plus, il prend plaisir à l’humilier en la traitant comme une moins que rien. Désespérée, elle s’accroche à l’idée qu’il puisse l’aimer…
Parce que le fait de le sentir ainsi en elle, par ces va-et-vient, lui donne l’ l’impression de former quelque chose avec lui. Puisqu’il pourrait très bien consommer avec une autre fille ! Mais au lieu de cela, c’est auprès d’elle qu’il accoure si souvent pour passer tant d’heures à ses côtés. Elle s’accroche à cette réalité qui la rend si heureuse, tandis qu’il se retire après avoir éjaculé dans son préservatif. Il ne couche qu’avec sa rousse, sans protection, car celle-ci prend la pilule surtout, mais aussi parce qu’il lui offre en plus une confiance aveugle.
— Rhabille-toi, je te ramène, informe Joakim en refermant sa braguette.
Son interlocutrice n’est pas en état de rentrer en taxi et il ne souhaite pas qu’elle se fasse violer par le premier type qui passe.
Émue qu’il se préoccupe de son sort, Amy lui sourit amoureusement qu’elle accepte sa proposition, tout en se rhabillant avec hâte. Elle le suit ensuite en direction de sa moto, mais au moment de s’asseoir derrière lui, elle reste figée sur place, l’air gêné.
Joakim l’enguirlande alors, agacé :
— Tu crois que j’ai que ça à foutre de t’attendre ??
— Je… je… je rentrerai à pied finalement, bonne nuit, réplique-t-elle en commençant à sangloter.
— Non, tu montes ! Tu me fais chier ! Je commence à en avoir ras le cul de tes caprices.
— Je fais ce que je veux, je veux rentrer seule ! Lâche-moi ! crache Amy, le visage inondé de larmes.
— Mais t’es pas bien, ma pauvre fille, tu te mets à chialer quand on te propose de te ramener chez toi ?! Va chier ! Rentre seule et fais-toi violer, j’en ai rien à foutre après tout !
— Tu m’as fait mal, connard ! crache Amy avec rage. Tu m’as pris comme une brute ! Alors non, je ne vais pas monter sur ta moto ! J’ai mal, putain de merde ! Tu ne peux pas comprendre ça ?! Ou t’es trop con pour même ne pas réaliser à quel point t’es un fils de pute parfois !
Finissant de crier cela, elle tourne les talons et commence à s’éloigner avec hâte, presque au pas de course et en titubant à moitié.
Perplexe, agacé, Joakim gare sa moto en vitesse et se dépêche de lui courir après.
— Je t’accompagne, lui fait-il en arrivant à son niveau, les rues ne sont pas sures.
— Qu’est-ce que ça peut te foutre de toute manière ?! lui crache Amy, toujours en larmes. Tant que tu as ta Trisha de merde, moi je peux crever, tu t’en branles !
— Tu as vraiment mal ?! questionne Joakim avec suspicion en la regardant marcher.
— Non, je dis ça pour rigoler, ça m’éclate, c’est fun ! Toi aussi, tu trouves ça fun ?? AH AH AH ! Qu’est-ce qu’on se marre !
— Oh, mais la ferme, craque Joakim en la prenant soudain dans ses bras.
— Qu’est-ce que tu fais ?! S’interroge Amy en hoquetant entre deux sanglots.
— Tu as du mal à marcher, non ? Et comme on est trop loin de chez toi pour rentrer à pied, alors on va aller s’asseoir sur la plage le temps que tu n’aies plus mal, puis je te ramènerai en moto.
La blondinette hoche la tête timidement pour lui offrir une réponse positive. Ses larmes se remettent à couler, car cette fin de soirée maltraite ses émotions. Il y a cinq minutes, elle était au fond du trou et avait envie de mourir, mais désormais, et alors qu’elle est tenue fermement par ses bras chauds et protecteurs, elle l’aime de nouveau plus que tout et n’a plus qu’une envie, se blottir encore et encore contre lui. L’aimer, l’aimer, l’aimer et toujours l’aimer… l’aimer à en crever.
Cinq minutes après s’être assis sur la plage, Joakim s’allonge confortablement sur le dos et Amy en profite pour l’imiter en se blottissant contre lui.
Elle s’endort très vite en le serrant fort dans ses bras, tandis que lui soupire en observant les étoiles, avant de finir par s’assoupir à son tour.
Le lendemain, dès l’aurore, il se réveillera le premier et la tirera de ses songes avec hâte pour la ramener chez elle à grande vitesse. Elle lui sourira un timide « on se voit tout à l’heure au lycée » en s’avançant doucement vers son visage pour lui offrir un baiser d’au revoir, mais il démarrera en trombe sa moto pour détaler à grande vitesse. Une humiliation de plus, la jeune fille n’était plus à ça près…