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— Comment ça ? lui renvoie-t-il l’air indifférent.

Raphaël, gêné par le comportement de sa fille devant une foule pareille, lui attrape discrètement la main en lui indiquant du regard une place libre où elle pourrait s’asseoir.

— Elle m’a dit qu’on l’avait menacée pour que j’intègre le groupe ! Continue de s’énerver, Erika, sans se soucier de la demande de son père. Qu’est-ce que c’est que ce délire ?! Qu’est-ce que tu as fait ??

— Parce que tu penses que tu avais réellement le niveau pour rejoindre une telle école sans aide ? soupire froidement Joakim.

— Hein ?! Quoi ?! Bien sûr que j’avais le niveau ! Je pouvais largement faire mes preuves seule ! Tu as tué ma chance dans l’œuf ! Maintenant, je comprends pourquoi la prof m’a jamais saquée depuis le début ! Tout s’explique ! J’étais à ses yeux la sale gamine qu’elle se trimballait à cause de toi ! Tu m’as humiliée ! Je te déteste !

— Erika, tu vas parler mieux que ça à ton frère ?! intervient Raphaël avec sévérité, interloqué par la dispute de ses enfants. On reparlera de tout ça à la maison. En attendant, je ne veux plus vous entendre. Quant à toi, Joakim, tu nous expliqueras ce que tu as fait…

— Ta chorégraphie était nulle, Erika, ajoute Joakim sans même prêter attention à ce que son père vient de lui ordonner à lui et à sa sœur. J’ai cru vomir et j’ai eu honte d’avoir cru en toi. Tu ne vaux rien et n’as aucun talent.

— Joakim, ça suffit ! S’énerve soudain Raphaël en donnant une tape derrière la tête de son fils. Encore un mot et tu sors de cette salle ! Toi, Erika, tu t’assois avec moi et je ne veux plus t’entendre !

— Tu… s’apprête à répliquer la jeune fille à son frère, les larmes aux yeux et la rage au ventre, quand tout à coup la musique de What a Feeling d’Irene Cara résonne dans toute la salle.

D’un seul mouvement, elle se retourne en direction de la scène, pour apercevoir son ancienne rivale au sein des Watcha Say faire l’ouverture de la chorégraphie de son école.

Le cœur d’Erika vole en éclats lorsque se mettent à défiler, les uns après les autres, tous ses anciens amis. Kaylah Moore, Joyce Davis… Et même les garçons, Jonathan y compris. Le jeune homme fit une brève apparition à la fin du numéro.

Tous sans exception semblent s’amuser. Ils sont heureux. Leurs visages rayonnent de bonheur. Ils sont réellement en pleine jubilation d’être ensemble pour partager leur passion commune, dans la sérénité la plus totale et sans aucune réelle compétitivité. Erika sent désormais le sol s’effondrer sous ses pieds.

Ils l’ont tous déjà oubliée. La vie avait continué. Sans elle. Ils dansaient, s’épanouissaient en participant à cette compétition qu’ils avaient tant attendue, sans elle.

Son cœur saigne. Bêtement, elle s’est imaginé vouloir rejoindre les rangs des meilleurs, alors qu’au fond, elle reste une Watcha Say dans l’âme. Elle ressent à cet instant une jalousie infinie d’avoir sous son regard cette scène où elle n’a pas sa place. Masochiste, elle s’imagine danser à leurs côtés. Elle aurait tant aimé… être avec eux, lors de cette soirée qu’ils avaient tant répétée dans les rires et la bonne humeur. Il n’y a pas si longtemps de ça.

 Désespérée et non désireuse de continuer de les voir performer avec ce sourire aux lèvres qui trahit un bonheur palpable, elle s’enfuit en courant, les larmes aux yeux et le cœur gros. Elle en a vu assez, ce soir.

Alarich l’appelle tristement alors qu’elle disparaît déjà de la salle, mais Raphaël le retient en le rassurant que sa sœur sera très vite de retour. « Elle part en avance, mais ils la retrouveront chez eux. » Le lieu de la compétition n’est pas très loin de leur domicile, Raphaël ne s’inquiète pas. Il a bien perçu la détresse de sa fille et, connaissant son caractère, il comprend que sa progéniture a besoin de solitude pour digérer son exclusion des Rolling Deep ; cumulée à la vision de ses anciens amis qui dansent sans elle.

— Bon, on va rentrer, informe Raphaël à ses deux enfants en prenant la main d’Alarich pour commencer à se diriger vers la sortie. Allez, viens, Joakim. On n’a rien à faire ici. Rentrons, Erika ne va sûrement pas tarder à revenir, alors autant qu’on soit déjà sur place.

— Je reste jusqu’à la fin, renvoie Joakim sans bouger d’un centimètre.

— Très bien, soupire Raphaël, las. Il n’insiste pas et s’éloigne avec Alarich. Il ne souhaite pas chercher le conflit avec son aîné. Ce soir, il est déjà assez exténué par cette journée difficile ainsi que cette sordide soirée pour ne pas se rajouter du stress superflu.

L'Améthyste

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