~197 ~

Temps de lecture : 6 minutes

— Et le mannequinat, c’est comment ? Questionne Maya, l’air sceptique.

— J’adore ! Je suis contente que tu m’en parles, car j’avais envie de te dire à quel point tout le monde est génial là-bas !

— Tu ne fais vraiment pas ça pour suivre les idées de Joakim, alors ?

— Non, pourquoi dis-tu ça ? s’intrigue Trisha, crispée J’ai une personnalité, tu sais. Joakim ne m’oblige à rien.

— Oui, mais tu es tellement gentille et douce que tu acceptes toutes les propositions que l’on te fait, même si au fond cela ne te correspond pas du tout, alors je m’inquiète.

— Je sais ce que je fais, maman, et je te promets que si je n’avais pas voulu me lancer dans le mannequinat, j’aurais envoyé balader Joakim.

— Dire que tu rêvais de suivre mes pas… J’étais prête à te faire rejoindre ma boîte ! Tu y brillerais, ça serait tellement mieux qu’un métier de mannequin chronophage que tu fais désormais en parallèle des cours.

 — Encore une fois, je sais ce que je fais, maman. Pourquoi est-ce que, depuis quelque temps, j’ai l’impression que tu ne crois plus du tout en moi ? Depuis quand doutes-tu autant de moi ? J’ai l’impression que c’est depuis Joakim.

— Peut-être, avoue très sincèrement Maya sans la moindre hésitation.

— Je comprends, mais j’aimerais vraiment te rassurer sur ce point, car même si ma relation avec Joakim te semble fusionnelle, elle ne l’est pas. Je sais lui dire non !

— Je t’avoue que je peine à le croire, mais si tout ce que tu me dis est vrai, je suis ravie.

— Et d’ailleurs, je peux te confier un truc ? ajoute timidement Trisha en rougissant légèrement.

— Oui ?! Une confession entre filles ? Un secret capital gardé depuis des décennies ?! Vas-y, ma fille, envoie ! jubile Maya, les yeux pétillants d’impatience.

— Eh bien, en fait, c’est embêtant, parce que j’ai l’impression que c’est mal, ce que je vais te dire, mais en même temps, j’ai trop envie de t’en parler, alors…

— Parle maintenant, horrible fille ! Tu n’as pas honte de faire languir ainsi une pauvre femme ?!

— Bon… Puisque tu insistes ! Un de mes collègues me plait terriblement. Voilà, c’est dit ! Je suis odieuse, je sais ! Vas-y, dis-moi que je te fais honte !

— Tu as une photo de lui à me montrer ?

— Tu devrais avoir honte ! rit aussitôt Trisha, soulagée par la réaction de sa mère.

— Mais ! Regarder, ce n’est pas tromper, une philosophie que tu avais toi aussi y a pas si longtemps de ça ! Et puis je me suis toujours demandé si tu pouvais trouver plus beau que Joakim…

— Faut voir, sur certains points, oui ! Au niveau du physique, Jay est carrément magnifique et sûrement plus que lui, oui ! Niveau corps, il est foutu comme un dieu grec ! Puis ses yeux, mon dieu, il a un de ces regards ! Ses cheveux, d’un brun ébène sublime. Je meurs d’envie d’y glisser mes doigts pour les lui caresser ! Niveau taille, il est plus petit que Joakim, mais niveau carrure, un peu plus large ! Il doit être plus musclé ! Enfin, je crois… Termine Trisha avec une honte soudaine décuplée.

Au moment où elle s’est mise à comparer son petit ami avec un autre, une douleur dans la poitrine l’a assaillie.

— On dit toujours qu’il n’y a pas que le physique qui compte, mais on sait tous que ça importe beaucoup quand même, sourit Maya avec amusement. Et alors, il te plait, ce Jay ? Mais, rassure-moi, est-ce que tu le trouves intéressant pour autre chose que sa divine beauté ?

— Il vaut mieux que j’arrête d’en parler, c’est dégueulasse pour Joakim ce que je fais, arrête-moi quand je suis aussi nulle, s’il te plait ! marmonne Trisha, honteuse.

— Pour que tu aies été capable de t’extasier autant sur ce garçon, c’est que ça ne se passe plus très bien avec l’idiot du village, je me trompe ? soulève discrètement Maya.

— C’est compliqué… Mais je ne veux pas nous enterrer prématurément. Enfin, je n’en sais rien. Parfois, je me dis que Joakim est merveilleux, qu’il est le meilleur des petits amis au monde et que j’ai une chance incroyable de l’avoir. Et quelques heures plus tard, je dégringole de mon nuage et me dis qu’il se fiche de moi et ne tient absolument pas à notre histoire. Au fond, j’ignore quoi penser, j’aimerais tellement avoir un petit signe de sa part, un petit quelque chose qui me ferait me dire « oui, il tient à moi ». Je n’attends pas de lui des déclarations enflammées, ni même qu’il me dise « je t’aime » de vive voix, face à face, mais juste un petit signe, au moins… J’aimerais pouvoir penser qu’il a peur de me perdre.

Devant la détresse palpable de sa fille, Maya sent son cœur se serrer tout en nourrissant désormais une haine croissante pour l’objet des tourments de son enfant. Elle accuse aussi une honte douloureuse de ne pas avoir constaté auparavant à quel point sa progéniture pouvait souffrir, en ce moment… Elle se sent minable, à cet instant. Comment a-t-elle pu être aussi aveugle, ces derniers temps ?

— Je suis tellement désolée, ma chérie, marmonne-t-elle d’une petite voix.

— Pourquoi ça ? s’interroge Trisha, perplexe

— J’aurais dû être à tes côtés ces derniers jours, au lieu de te bouder bêtement à cause de ton choix de carrière. J’ai été tellement égoïste que je te demande pardon. Mais, je te promets que désormais, je serai là. Avec toi. Comme avant.

— Tu as eu raison de me bouder, puisque je t’ai déçue en décidant de faire quelque chose que tu n’approuvais pas. Alors, si tu le désires, je poserai ma démission demain.

— Surtout pas. Tant que tu aimeras être mannequin sans que cela ne nuise au reste de ta vie, je veux que tu continues ! Mais je veux que tu saches t’arrêter le jour où tu réalises qu’ils te transforment en ce que tu n’es pas, ou si ta santé ne suit plus, ou autre.

— C’est noté alors, merci maman.

— Bon, on réfléchit ensemble au nom du truc poilu ?!?

— Crevette ?

— Pourquoi pas andouillette tant que tu y es !

 

Le téléphone de Trisha sonne peu après et elle se presse de répondre, entre deux éclats de rire avec sa mère.

— Oh, coucou, ça va ? envoie-t-elle à son petit ami.

— Euh, oui, tu sembles heureuse, dis donc.

— On cherche un prénom pour le chaton, avec ma mère ! Pourquoi m’appelles-tu, toi ? Tu voulais quelque chose ?

— Eh bien, j’étais censé t’appeler pour que l’on prévoit quelque chose ce soir, alors…

— Ah zut, c’est vrai ! Mais j’ai la flemme de sortir, là, je suis avec ma mère, on s’occupe du chaton, mais on peut se voir demain, au pire !

J’ai accepté par erreur.

Ton invitation

— OK.

J’ai dû me gourer dans l’heure.

J’ai dû m’planter dans la saison.

L'Améthyste

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