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Trisha revient chez elle, peu après avoir emmené chez le vétérinaire la boule de poils qu’elle adore déjà.
Elle en a eu pour 180 dollars, mais elle songe que le prix en valait la chandelle, puisque la piqûre administrée au chaton semble lui avoir fait beaucoup de bien. Il ne tremble plus, ronronne désormais dans ses bras et il lui a été prescrit, en plus, quelques cachets à lui faire avaler une fois par jour.
Alors que la rouquine le pose au sol, elle lui explique que s’il ose uriner sur la moquette du salon, son espérance de vie pourrait chuter en moins de deux.
Elle file ensuite lui acheter le minimum syndical à son bien-être ; un bac à litière, les gravillons qui vont avec, un grattoir pour ses griffes ainsi qu’un jouet en forme d’oisillon sur lequel elle craque complètement en l’imaginant déjà jouer avec.
Sa mère pousse la porte de l’appartement une demi-heure plus tard alors qu’elle joue avec le chaton, tout en réfléchissant au prénom idéal qu’il pourrait porter.
— Est-ce que tu te moques de moi ? déglutit Maya dès qu’elle aperçoit l’intrus de la maison.
— C’est un chaton abandonné, on l’a récupéré avec Joakim. Il était mal en point, justifie Trisha en se relevant du sol, l’air suppliant. « Il est tard, on le garde que pour cette nuit… »
— Et ? Renvoie Maya sans se laisser attendrir.
— Je l’ai pris avec moi le temps qu’il aille mieux, mais ne t’inquiète pas, je lui trouverai un foyer très vite.
— Trisha, as-tu oublié notre devise : pas d’animaux dans l’appartement??? À quoi joues-tu encore ? Es-tu devenue folle ?!? Est-ce que c’est encore une idée dingue dictée par Joakim ?!
— Non, c’est moi qui ai pris l’initiative de le ramener à la maison après le véto. Mais maman, je…
— Ah, parce que tu l’as, en plus, emmené chez le véto ! Tu es devenue la bienfaitrice de tous les animaux errants de Los Angeles ?!
— Maman… S’il te plait… Pour une fois, sois sympa, supplie Trisha, lasse de la mauvaise volonté évidente de sa mère. Ce n’est qu’un minuscule chaton, je ne vois pas ce qu’il y a de mal à le garder quelques jours, juste le temps qu’il aille mieux.
— Tiens, de « cette nuit », nous sommes passées à « quelques jours » !! Tu me fatigues, Trisha, tu me fatigues ! grince Maya en retirant nerveusement son blazer avant de se laisser tomber dans son canapé. J’ai eu une journée éreintante au boulot et voilà ce que tu me fais subir lorsque je rentre chez moi, merde, alors ! Il a un nom au moins, ce truc moche et puant qui va me pourrir tout l’appart ?!
— J’étais justement en train d’y penser, alors si tu as une idée, n’hésite pas ! Se presse de sourire Trisha en esquissant une bouille attendrissante.
— Clodo ? SDF ? Mocheté ? propose Maya en haussant les épaules avec désintérêt. Vieux rat dégueulasse, peut-être ?
— J’ignore pourquoi, mais je l’attendais ! soupire Trisha en dévisageant son interlocutrice.
— Réservoir à pisse sur pattes ?
— Je vais te tuer…