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*

 

Pendant ce temps, la cible à abattre ne ressent aucun sifflement d’oreilles alors qu’il embrasse langoureusement sa petite amie à Santa Monica Beach !

À force de le supplier, la rouquine lui avait finalement obtenu de s’y rendre avec une serviette de plage sous le bras, pour admirer le coucher de soleil en amoureux !

Une fois sur place, elle lui demandait qu’ils s’achètent de quoi manger ici, histoire de se régaler devant l’entièreté du crépuscule.

L’arnaque passait crème, car Joakim ne craignait pas de rentrer après le repas du soir. Il prévoit de mentir à ses parents, d’affirmer qu’un projet scolaire à travailler chez un ami le retarderait. Un argument qui ne pourrait que combler un paternel préoccupé par ses études.

Allongé sur sa rousse pour lui dévorer la bouche, l’excitation monte. Il la prendrait bien directement sur leur serviette de plage s’ils ne se trouvaient pas devant pas mal de regards indiscrets qui vont et viennent. Sa jupe courte ainsi que son corps, qu’il estime parfait, le provoquent, mais tant pis, il ne la dévêtira pas aujourd’hui…

Sa compagne se délecte de ces échanges de baisers et, surtout, de cette main qui se glisse sous son dos pour le lui électriser. Le cœur battant, le bas-ventre en feu, elle se détache finalement de ses lèvres la première pour lui rappeler, dans un souffle :

— La température doit redescendre…

— Ouais, lui ronchonne un homme frustré pour réponse en se redressant pour s’asseoir derrière elle, les jambes ouvertes pour l’y enfermer.

Ravie, sa rousse se love contre lui et dans ses bras, plus heureuse que jamais de partager ce moment.

 

Un sentiment d’extase que Kristofer Varels ne ressent pas depuis la lecture du SMS de son comparse ; message qui lui apprenait qu’il ne passerait pas chez lui ce soir. Le gérant de l’empire Peninsula en fulmine, de se dire que d’un côté, son plus grand allié niait tout attachement à sa petite amie, quand, de l’autre, il ne la dégageait pas de sa vie ! Alors qu’elle ne devait lui servir qu’à anéantir un abruti de lycéen !

— L.A. est superbe d’ici, s’émerveille Trisha en admirant l’orange d’un crépuscule magnifique, blottie dans les bras musclés de son homme.

— J’avoue, lui répond celui-ci en bâillant.

Il cherche encore les raisons de sa présence, car ce genre de moments l’ennuie terriblement…

— Tu as toujours vécu à L.A. ? reprend sa rousse, en pivotant la tête pour lui déposer un léger baiser sur le bout des lèvres.

— Oui. Et toi ?

— Aussi ! Je demandais ça à cause de ton prénom, qui s’écrit avec un « k », ce qui, avouons-le, est plutôt rare !

— Inspecteur Trisha, le retour !

— Mais euh ! Je m’intéresse à mon chéri ! C’est normal !

— Mes parents sont allemands.

— Ah, tout s’explique ! s’exclame la jeune fille avec un grand sourire.

— Que projettes-tu de faire, l’an prochain ? Des universités en vue ?

— Eh bien… Je ne sais pas du tout, je pense qu’une fois diplômée, je postulerai à l’UCLA* et ensuite à un programme d’études supérieures… que je n’ai pas encore choisi. Tu m’as posé une colle ! Et j’en ai honte…

— En fait, tu prévois juste aller à l’université pour t’amuser ?

— C’est sûr que, dit comme ça…

— Tu as bien une petite idée de ton avenir professionnel, quand même. Je sais que tu n’es pas conne et que tu te montres plutôt brillante sous tes airs de chieuse. Alors, réfléchis : que souhaites-tu faire plus tard ?

— Merci du compliment, et je fais semblant de ne pas avoir entendu la suite ! Moi, chieuse ! Eh, si je l’étais, ça se saurait !

— Je t’ai posé une question, reprend Joakim en s’installant différemment.

Ses deux jambes à droite de son interlocutrice, lui toujours derrière elle, penché sur sa gauche avec son bras droit qui lui enlace le cou pour la ramener contre son visage afin qu’elle frémisse au contact de son souffle chaud et empli de désir.

— Je vais te décevoir, mais je ne sais pas du tout… Je sais que j’aime beaucoup les animaux, la lithothérapie, la mode, le contact avec les gens… Alors peut-être que je pourrais viser une carrière dans le commerce, comme ma mère, qui serait ravie, car elle pourrait m’embaucher. Elle n’attend que ça en plus !

— Je t’ai demandé tes goûts, et tu me parles de ta mère.

— Oui, mais, euh… C’est pour dire que, si moi je ne sais pas quelle direction prendre, ma mère peut m’ouvrir des portes et cela lui ferait même très plaisir, car on partage une grande complicité ! Donc, du coup, je serais heureuse de marcher sur ses pas pour la rendre heureuse !

— Intéressant. Sur ce, on rentre, l’heure tourne, lance Joakim en se relevant d’un bond.

Sa petite amie l’imite aussitôt, tout en lui demandant timidement :

— J’ai dit quelque chose de mal ?

— Non, pourquoi ?

— Ton magnifique visage est redevenu neutre et froid. Et ça, c’est quand je te saoule.

Son interlocuteur laisse échapper un rire amusé, puis reprend :

— Bien vu, mais là, non, mis à part que je te trouve pathétique à ne pas vouloir tracer ton propre chemin.

— Pa-thé…tique ? s’agace la jeune fille, blessée. Tout ça parce que je ne sais pas quoi faire plus tard ? Des tas d’étudiants sont dans mon cas, ce n’est pas un drame de se diriger vers un métier nourricier quand on en a l’opportunité !

— Tu as sûrement raison, se contente de répondre son interlocuteur dans un haussement d’épaules, tout en ramassant les cadavres de leur repas pour s’en aller les jeter dans la poubelle publique.

Sa rouquine l’imite pour l’aider, tout en lui proposant timidement :

— Tu ne veux pas qu’on reste encore un peu ensemble ? Il est tôt…

— Je dois aller chez Kristofer.

— Oh… d’accord…

— Quoi encore ?

— Tu es fâché…

— Non, j’ai dit !

— Si, tu es fâché ! Ça se voit.

— Mais non ! Tu redeviens soulante !

— C’est de ta faute, tu refais ton froid !

— Mais je ne suis pas froid ! se défend son compagnon en s’emparant de ses lèvres pour un long et tendre baiser.

— Tu m’appelles ce soir ? lui demande-t-elle encore timidement dès la fin de leur échange et entre deux battements de cœurs.

— Pourquoi ? On se verra surement demain au lycée !

— L’un n’empêche pas l’autre !

 

Las, il lui assure, dans un soupir, qu’il lui enverra un petit mot au cours de la soirée pour illuminer son visage amoureux, et alors qu’il la ramène chez elle.

 

*

 

Bien entendu, la rouquine digérera très mal qu’il trahisse encore une promesse. Elle se plaindra de lui devant sa mère, qui va lui soupirer rapidement le classique et très agaçant « Tu l’as voulu, tu l’as eu ! ».

De mauvaise humeur, énervée, frustrée, Trisha tournera en rond dans sa chambre pendant une dizaine de minutes, avant de téléphoner à son idiot de petit ami pour lui râler dessus ! 

Le goujat lui raccrochait aussitôt au nez ! À cinq reprises et avant d’éteindre son smartphone !

*University of California, Los Angeles

L'Améthyste