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Encore sous le coup de la colère, folle de rage et de détresse et peu après que son ancienne meilleure amie ait pris ses clics et ses clacs pour libérer le plancher et détaler de chez elle, Trisha qui a besoin de se confier, n’hésite pas une seule seconde pour appeler Noah dans le but de tout lui révéler. Elle a besoin d’un allié, d’un ami, de crier avec quelqu’un, de critiquer voire d’insulter et de se faire soutenir par une personne qui ressentirait autant de peine qu’elle en moment et se fiche de trahir qui que ce soit. Si des clans devaient se lever ce soir, elle serait leader de la révolution !!!! 

Pendant ce temps, Joakim détale en direction de la sortie de l’hôpital pour en sortir et ne pas y revenir, furieux contre sa sœur cadette. En chemin, un homme travaillant pour l’un des plus grands laboratoires de recherches l’interpelle soudain pour essayer de s’entretenir avec lui quelques instants. 

L’homme souhaite en effet mettre le grappin sur le fameux génie qui avait alimenté beaucoup de conversations à l’hôpital, ces derniers jours. 

Sa proposition envers Joakim est plutôt alléchante ; en clair, il lui offre un cursus complet dans une école du MIT pour jeunes HPI « haut potentiel intellectuel » située à New-York. Cette institution a des places limitées et des exigences incroyables pour y entrer et Joakim y serait comme un poisson dans l’eau, dans cet établissement, car la poignée de jeunes qui en sortent sont toujours destinés à des avenirs glorieux, ce sont eux qui façonnent le monde… Les artisans de l’évolution, en quelques sortes.

La seule condition pour que Joakim ait immédiatement une place dans ce cursus, c’est qu’il s’engage à signer un contrat d’embauche à durée indéterminée avec le laboratoire qui lui offre cette opportunité.

Il commencerait à travailler pour eux dès la fin de son incroyable formation.

 Toujours sur les nerfs et de très mauvaise humeur, Joakim n’a, sur le coup, pas vraiment envie de se pencher sur la question, mais il prend toutefois la carte de l’intermédiaire, Mr Douglas Villar, en promettant au concerné de réfléchir à tout cela…

 *

Désormais seule au monde et ne sachant plus à quelle porte frapper pour croiser un allié, quelqu’un chez qui se précipiter, Amy fonce chez son manager et c’est valise en main que celui-ci la trouve devant chez lui, sur son perron, les yeux pleins de larmes et un air de détresse gravé sur le visage. Elle tremble sur place et sanglote silencieusement, l’air complètement désemparé.

– Amy ? Quelque chose ne va pas ? S’inquiète-t-il alors sans attendre.

Aïe. L’homme visait juste avec sa question et l’adolescente explosait bruyamment en sanglots. Que quelque chose n’aille pas ? Non. Puisque c’était sa vie entière qui partait en fumée ! Elle pleurait sans interruptions, d’abord sur le perron, seule au monde, puis à l’intérieur de la maison de son manager, dans le creux de ses bras où elle se blottissait pour y trouver de l’aide.

 Anéantie, elle craquait et lui racontait tout, dans plusieurs tirades maladroites et presque inaudibles, car entrecoupées de bruyants sanglots et reniflements.

 – Tri.. Trisha me hait, No.. Noah va me haïr, Joakim va me mépriser. L’ensemble des Drifterz me cracheront dessus, ce connard de Kristofer à détruit ma vie !!!

 L’adolescente ne s’arrêtait plus et Richard ne savait plus quoi lui dire pour la faire se sentir mieux, alors, dans une ultime tentative, il lui propose soudain,

– Tu sais, si vraiment, tu crains de côtoyer tes anciens amis, j’ai encore un pied-à-terre en Utah, alors si ça te dit, on pourrait s’y rendre quelque temps. Le temps que tu te ressources loin de L.A., tu verras, le coin est magnifique, et les conditions seront optimales pour qu’on se recentre sur ta carrière, loin de tout ce qui te fait souffrir. Est-ce que ça te dit ? De faire un break ?

– Je.. Je.. Mais c’est possible ? S’interloque Amy, surprise, tout en ravalant ses larmes, – co.. Comment… ?

– Eh bien, il suffit de prendre l’avion, tu sais, ces grosses machines qui volent dans le ciel !

– Arrête de te moquer de moi !!

– Désolé, sourit Richard avec amusement et avant d’ajouter, l’air serein, – en tout cas, si ça te tente, on part quand tu veux.

– Ce soir, c’est possible ?

– Hein ?! Si vite ?! Attends, il faut qu’on s’organise quand même ! Que je prévienne la prod ‘ et tout !

– Tu m’as dit que c’était quand je veux !!

– Certes… Abdique Richard en ouvrant le clapet de son ordinateur portable, – Bon eh bien, je vais voir si on peut avoir deux places dans le premier avion en partance pour Saint-Georges.

– Merci Richard… Recommence à sangloter Amy alors que son manager pianote déjà son clavier,

– Y a pas de quoi, fillette.

*

Au même moment, un vieil homme suffoque au chevet de sa fille adoptive. Très faible et entre deux vertiges, il prononce ses dernières paroles tandis qu’une ambulance appelée par Ashelia est déjà en route, et ce, malgré que Garett lui ait soupiré que cela ne servait à rien qu’elle se donne cette peine. Il savait bien que quoiqu’il soit tenté, il ne verrait plus le soleil se lever à nouveau.

Il paraît qu’on le sait, lorsque c’est la fin…

– Ma chérie.. Écoute-moi.. Tu vas prendre l’enveloppe dans ma table de nuit de gauche et te rendre à l’adresse inscrite dessus, mais tu ne vas pas l’ouvrir…. Je t’interdis de l’ouvrir, tu m’entends ?.. Elle n’est pas pour toi.

– Arrête de parler, tu dois rester calme en attendant qu’ils arrivent.

– Promets-moi de te rendre à l’adresse et de lui donner la lettre, sans essayer de la lire, promets-le-moi Ashelia, promets-le-moi…

– Qu’est-ce que tu as encore fait, tu es allé trouver l’adresse de l’autre connard et tu veux tout lui dire sur moi, c’est ça ? Je t’ai déjà dit que je ne voulais rien savoir de lui, que je m’en fous de lui ! Et puis ça sert à rien, car tu vas t’en sortir, arrêtes juste de parler et attends patiemment en te reposant. Ils ne vont plus tarder.

– Non, c’est fini Ashelia, je le sais. Alors promets moi d’aller là-bas et de lui donner la lettre sans la lire toi-même, je compte sur toi. Ne me laisse pas mourir dans l’angoisse de te laisser seule, je t’en prie, c’est ma dernière volonté, respecte ça !!!

– J’entends l’ambulance, je vais aller leur ouvrir, renvoie Ashelia sans se préoccuper des paroles de son père de cœur. Il était inconcevable pour l’adolescente qu’elle le perde aujourd’hui, cela ne pouvait pas se produire et elle ne voulait pas l’imaginer. Il était vieux et malade, certes, mais il n’était pas encore bon pour la casse. Il avait encore de longues années devant lui et ça, Ashelia le savait ! Que sous ses rides et son air abîmé par la vie, il y avait encore de la ressource ! Elle croyait en lui, car c’était un battant ! Il en avait vu d’autres dans sa vie bien remplie et il était certain que dans quelques jours, il serait remis de tout ça. Ils en rigoleraient ensuite tous les deux, de ce délire de donner une lettre à un abruti.

L'Améthyste