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– Trisha ? Ça ne va pas ?!! Qu’est-ce qui t’arrives ?? Intervient Maya en sortant de la salle de bains après y avoir passé près de 45 minutes ; les jours de congé avec Maya, c’était toujours farniente devant la TV et occupation quasi constante de la baignoire.

Sortant de sa léthargie, Trisha raccroche brusquement sa conversation sans dire un mot de plus dans le combiné et avant de se forcer à marmonner péniblement en direction de sa mère,

– Joakim m’a trompé, avec Amy. On dit que les trahisons viennent toujours des plus proches insoupçonnés. Si j’avais dû avoir un doute, un jour, sur la fidélité de Joakim, ça n’aurait jamais été avec Amy, mais comme quoi, tu vois ! D’ailleurs, tu sais, à un moment, j’avais déjà eu une sorte de petite angoisse, mais je me suis très vite reprise en me disant que non, pas avec Amy ! Cela ne pouvait pas être elle, elle avait des défauts, mais jamais elle ne me ferait ça, pas à moi, j’étais bien idiote, mais c’était ma meilleure amie !! Puis, j’ai regardé Joakim droit dans les yeux et je me suis dit que j’étais conne de douter de lui, qu’il m’aimait vraiment, que plein de petits détails me le prouvaient et que jamais il ne pourrait me faire une chose pareille. Tu vois maman ? Je ne suis qu’une connasse. Depuis le début, Joakim se fiche de moi.

– Oh mon dieu, ma chérie… En bafouille d’incompréhension Maya avant de se jeter sur sa fille pour la prendre dans ses bras et la serrer le plus fort possible contre elle.

– Je l’aimais, maman… Balbutie Trisha d’une petite voix anéantie,

– Je sais ma chérie, les garçons à cet âge, y a rien de plus con, tu sais..

– Pendant tout ce temps, il s’est moqué de moi… Je.. J’ai tellement cru en lui que j’ai abandonné Click Models… Je suis morte de rire… Et j’ai laissé Jay aussi !! Putain qu’est-ce qui ne va pas chez moi maman..  Tout le monde avait raison à son sujet, et moi, je l’aimais quand même… Comme une grosse conne de première…

– Je ne sais pas quoi te dire ma chérie… Mais sache que je suis là.. Et si ce petit con n’a pas compris à quel point tu étais extraordinaire, eh bien.. Tant pis pour lui… c’est lui le perdant dans l’histoire, tu sais ?

 -Avec Amy en plus…

Lorsque l’on parle du loup, on en voit la queue. Terminant sa réplique, Trisha et sa mère réalisent qu’Amy Wills pénètre dans l’appartement, puis peu après dans la cuisine, l’air de rien et un large sourire sur les lèvres, juste avant que sa mine heureuse ne se transforme en une paniquée,

– Il se passe quoi ici ?! Trisha ?!

Maya n’attend pas une seconde pour mordre, tournant vivement la tête dans la direction de la blondinette, elle crie et cingle avec férocité,

– Tu as cinq minutes pour ramasser toutes tes affaires et dégager de chez nous, ou c’est moi qui te vire à coups de pied dans ton petit cul de pétasse !

– Hein ?! Mais qu’est-ce que j’ai fait ?!

– Maman, est-ce que tu peux nous laisser cinq minutes, stp.. ? Marmonne Trisha à sa mère, – on doit parler toutes les deux. Elle doit me dire ce que ça fait de trahir sa meilleure amie, je suis curieuse de savoir. Elle a beaucoup de choses à m’apprendre.

Le sol s’ouvre soudain sous les pieds d’Amy à cet instant et son cœur commence à battre comme un fou, exprimant ainsi la panique bien réelle de la concernée. Qu’était-il en train de se passer ici… ?

– Je te laisse. Je serais dans ma chambre à me faire les ongles si tu as besoin de moi, réponds Maya en direction de sa fille et se mettant en chemin, tout en cinglant Amy dès qu’elle arrive à son niveau,

– Et la petite merde là, elle dégage de chez moi ensuite. C’est pas l’armée du salut pour le premier SDF seul au monde, ici.

Maya se voulait humiliante en employant ces mots. Parlant ainsi, elle rappelait à la sale gamine qu’elle n’avait plus rien aujourd’hui et qu’elle ne vivait dans cet appartement que par charité.

Blessant l’amour de sa vie, Amy Wills avait commis l’impardonnable et elle avait désormais cessé de mériter le respect aux yeux de cette mère outrée.

*

Et pendant que son monde continue de se fissurer un peu plus à chaque instant, Joakim, lui, dort toujours comme un bébé grassouillet, bien-heureux et insouciant.

L'Améthyste