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Temps de lecture : 6 minutes

 

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♪ See another day – CRASH ♪

  

Trisha Hill sort de cours en fin d’après-midi et se rend à Click Models. Cette journée l’a agacée, car une fois de plus, ni son petit ami ni même Amy Wills n’ont daigné se rendre au lycée aujourd’hui. La rouquine commence à en avoir assez de la guerre froide qui persiste entre elle et sa meilleure amie. Elle attend avec impatience de la croiser en face à face et, si cela ne se produit pas, elle se rendra en personne chez la blondinette. Elles ont besoin de parler…

[…] crush my bones, put me on fire. Brise-moi les os, jette-moi dans le feu.

Blow me away with guns for hire. Tire et laisse-moi me vider de mon sang pour pas grand-chose.

Chain me down and leave me dying […] Enchaîne-moi et laisse-moi crever à petit feu.

Elle marche d’un pas lourd vers l’entrée du bâtiment, le cœur lourd et l’air ailleurs. Sa relation avec son petit ami battant de l’aile en ce moment, elle peine à se séparer de cet état de morosité qui la dévore chaque jour un peu plus. Il lui manque tant… Sans même qu’il le réalise et s’en préoccupe. Alors que toutes ses pensées vont vers lui, à chaque instant…

[…] It’s all over me, I just can’t run away. C’est tout autour de moi, je peux juste pas m’en échapper.

I’m in misery, if I’m still here to see another day […] Je suis foutue si je reste ainsi un jour de plus.

Elle entre ainsi dans Click Models, tel un zombie qui vient de réaliser que The Walking Dead, c’est fini. Son supérieur n’attend pas pour se précipiter vers elle, l’air guilleret :

— Trisha, ma belle Trisha, comment vas-tu en cette belle journée ? Tu m’accordes une minute ?

Prononçant cela, Fernando la pousse légèrement, vers l’extérieur de l’entreprise. Il sort avec elle. Trisha ne comprend pas la manœuvre, mais salue tout de même son boss avec politesse. Elle lui offre un sourire crispé et craint qu’il reprenne la parole.

[…] It’s all over me, I just can’t run away.

I’m in misery, if I’m still here to see another day […]

— Alors, alors, ravissante rouquine, où en étais-je… ? chantonne-t-il d’un air enjoué.

Il reprend très vite, avec fermeté et rigueur. Son visage n’a plus du tout l’air enjoué :

— Ah oui ! Je voulais que tu prennes ta journée, au revoir !

— Pa… pardon ? bafouille Trisha, l’air honteux, désemparée Excusez-moi si j’ai fait ou dit quelque chose qui vous déplait, je m’excuse, je…

— Trisha, belle Trisha, as-tu vu ce qu’il y a derrière cette baie vitrée sur ma droite ? questionne Fernando en interrompant ses jérémiades qui le dérangent.

— Je… eh bien, c’est l’agence… hésite timidement Trisha, impressionnée par son boss qui débite ses tirades d’une traite et avec fermeté.

— Bien, chérie, bien ! Derrière la baie vitrée, il y a Click models, le monde de la beauté. Et de l’autre côté, qu’est-ce qu’il y a ?

— Euh… la ville ?

— La ville ! Le dehors ! Le déplaisant ! Le laid ! Le banal ! L’extérieur ! La laideur ! Tu saisis ?

— Euh…

— Alors ton air de chiot dépressif, tu lui dis d’aller voir ailleurs si j’y suis !

[…] It’s all over me, I just can’t run away.

I’m in misery, if I’m still here to see another day.

It’s all over me, I just can’t run away […].

La rouquine en reste bouche bée. Désemparée, elle réalise à quel point son mal-être du moment est palpable et c’est avec une honte infinie qu’elle tente de plonger, l’air penaud, dans le regard de son patron.

— Oh là là, la tête que tu te paies, allez, dégage, va prendre l’air, laideron, tu as ta journée ! Fais ce que tu veux, va à la piscine, va te faire coiffer, manucurer, prends soin de toi ou autres chichis féminins pour te redonner du peps, parce que je te préviens, ne reviens pas ici tant que tu n’es pas à l’image de Click Models ! La mocheté ne passe pas mes murs, sorry ! Et si tu es incapable de retrouver la gueule que tu avais quand tu as signé ton contrat, j’attends ta lettre de démission ! Sayonara, poupée !

Fernando repart à l’intérieur à la fin de sa phrase en laissant derrière lui une jeune fille plus humiliée que jamais qui repart lentement d’où elle est venue.

La rouquine est abasourdie. Le cœur en miettes et l’ego meurtri, ses pas sont lourds et elle retient péniblement ses larmes. Quelques battements de cils l’aident à lutter dans ce but, quand Jay, qui a assisté à la scène de loin et à travers une baie vitrée, sort discrètement de l’agence pour venir dans sa direction, l’air souriant et chaleureux.

— Ma pauvre, tu viens de découvrir que Fernando n’est pas toujours fun ! Tu veux qu’on aille à la plage pour te changer les idées ? Je prends ma journée avec toi !

— Ça ira, merci, tu vas t’attirer des problèmes et je préfère rentrer chez moi, j’ai besoin de rester seule.

— Moi, m’attirer des problèmes ? Impossible, je surfe au-dessus des problèmes et aucun ne m’atteint ! sourit Jay avec un clin d’œil. Allez, ne proteste pas et suis-moi, on se casse d’ici tous les deux et on s’éclate ! Tu n’as pas le droit de me refuser ça, tu ne voudrais pas me briser le cœur, tout de même ?!

[…] I’m in misery, if I’m still here to see another day.

To see another day

To see another day […]

[…] Make my day you fucking liar. Tu remplis mes jours de mensonges, sale enfoiré.

To take you out is my desire. Il faut que je te vire de mes priorités.

Amusée par son ami et heureuse de sa sollicitude, Trisha accepte finalement sa proposition, l’air ému. Ils vont filer à la plage tous les deux. Elle espère que cela lui remonte le moral de penser un peu à elle pour une fois. Elle a besoin de prendre l’air. De tenter de réapprendre à exister sans lui, parce que la fin de leur histoire lui parait désormais inévitable et elle doit savoir rebondir après lui…

N’ayant pas de maillots sur eux, Jay retourne discrètement dans l’agence de mannequinat pour en emprunter, tel un ninja habile, deux de la toute nouvelle collection. 

« Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; ceux qui sont fidèles en connaissent les tragédies. » [Oscar Wilde]

L'Améthyste

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