♪ Parfois on recule – Buridane ♪
♪ J’veux pas savoir, j’veux pas connaître la suite.
La fin de l’histoire ne m’intéresse pas, me panique.
Pourquoi ce qui parait ordinaire a des allures d’équilibre précaire ?
Aux sempiternels « que choisir ? Que faire ?
Le silence qui s’ensuit me désespère. ♪
Blessée par la froideur, voire l’indifférence de son petit ami, Trisha retourne vers le groupe en essayant de dissimuler sa peine. Il lui sort réellement par les yeux, parfois…
Elle ne le comprend pas, plus. Parfois ils avancent, parfois ils reculent… Alors que tout semble aller pour le mieux entre eux, tout semble aller au plus mal aussi, et, alors qu’ils discutent, ils s’ignorent également en parallèle. Leur relation semble être un étrange paradoxe… Elle n’a pas signé pour cela. Cette indécision à son sujet la tue à petit feu, à tel point qu’elle commence à l’imaginer infidèle. Cela expliquerait pas mal de choses…
♪ J’veux pas savoir, j’veux pas connaître la suite.
Merci, mais l’issue n’est pas ce qui m’excite.
Se convaincre des choses puis de leur contraire.
Aller se paumer, comment satisfaire ce besoin du toujours plus, toujours plus vert.
Un jour à l’endroit, l’autre à l’envers. ♪
Alex sent bien son désespoir sous ses faux sourires enjoués et c’est sans attendre qu’il lui passe un bras autour des épaules pour l’inciter à danser avec lui.
♪ Parfois, on recule : la peur de l’échec ou celle du ridicule. Parfois, on recule / De peur que les choses basculent / On recule… ♪
Il aimerait lui faire comprendre qu’il sera toujours là pour elle, parce qu’elle mérite le meilleur… Il se sent furieux de la savoir prise dans une relation qui ne lui apportera jamais rien de bon, alors que lui pourrait lui décrocher la lune…
♪ J’veux pas savoir, pas qu’on m’explique, que ce déroulement suit la logique, qu’il faut que la transition opère.
Un peu d’patience y’a rien d’autre à faire, que plus tu freineras des quatre fers et plus tu en feras un enfer. ♪
♪ Parfois, on recule / La peur de l’échec ou celle du ridicule / Parfois, on recule / De peur que les choses basculent / On recule… ♪
♪ Jveux pas savoir, j’veux pas connaître la suite.
Mais soit je m’arrête, soit je m’implique. ♪
Consciente que son partenaire de danse est toujours amoureux d’elle et qu’il n’a qu’une seule idée en tête à cet instant, la rouquine se ressaisit soudain et se gifle mentalement, le cœur gros. Elle décide de refuser le meilleur, lui dépose un baiser sur la joue, avant de repartir auprès du pire…
♪ On voudrait bien qu’il arrive quelque chose, se résoudre à des fins, même à l’apothéose. ♪
— Joakim ? Je souhaite te parler.
— Rah… Quoi encore ? T’as pas assez d’amis dans le coin pour me lâcher la grappe un peu ? !
♪ Casser la routine pour que la roue tourne. Pas rater le tir et repartir pour un tour. ♪
— J’ai embrassé Alex, et c’était bon. chuchote-t-elle pour ne pas que le concerné l’entende.
La réaction de Joakim est immédiate et spontanée. Il se redresse d’un bond, l’air furieux.
— Pardon ? ? ! !
Ses yeux manquent de jaillir de leurs orbites et Trisha en est surprise. Il semble blémir, elle en jubile, puis éclate de rire.
— Je plaisante, bien sûr. Je voulais juste voir si tu m’écoutais encore.
— Tes blagues à la con, tu te les mets là où je pense la prochaine fois, merci.
Il se révèle furieux, impliqué, et sa colère fait battre le cœur de la rouquine. Sous ses réactions de crétin, il lui prouve sans même le réaliser qu’il tient sincèrement à elle.
Agacé, boudeur, il se rallonge sur le sable, sans prononcer un mot de plus. Sa rousse vient de lui hérisser les poils et il n’a pas du tout apprécié cette sensation désagréable.
Heureuse de sa réaction, celle-ci se couche à son tour à ses côtés, tandis qu’il lui passe un bras autour de la taille pour l’enlacer et la serrer un peu plus contre lui.
Merveilleux et fragile petit écosystème…
« Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. » [Pierre Reverdy]