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Quelques jours plus tard, et alors que Joakim se détendait sur la plage devant chez lui avec sa liseuse et son chien post-it, il reçoit un coup de téléphone de quelqu’un à qui il avait justement interdit formellement de l’appeler.
Cette pimbêche d’Amy Wills se croyait décidément au-dessus des lois ! Furieux, il décroche dans le but de l’insulter avec virulence.
— Joakim, s’il te plaît… J’ai… J’ai besoin de toi… lui geint-elle rapidement à l’autre bout du fil et avant même qu’il ne lui crache quoi que ce soit.
— J’en ai strictement rien à foutre ! C’est la dernière fois que tu m’appelles, je te préviens, déclare Joakim, haineux.
— Je suis en train de me couper et je peux plus m’arrêter, il y a beaucoup de sang partout et j’ai peur, mais c’est tellement bon ! Je m’en fiche, je crèverai ici si tu ne viens pas m’aider, je n’ai pas peur de tout ce sang partout. Je vais sans doute mourir !
— Et je suis censé en avoir quelque chose à foutre ?
— Oui, parce que tu ne voudrais pas qu’il m’arrive quelque chose, je le sais ! Ça va faire trois jours que je suis absente au lycée et que tu ne m’as pas revue ! Je sais qu’au fond de toi tu t’inquiètes ! Parce que, fier comme tu es, tu n’as sûrement pas demandé de mes nouvelles à Trisha !
— Eh bien, puisque tu sais tout, je te laisse, amuse-toi bien et vise les grosses veines surtout !
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— Je… te… déteste…, larmoie Amy en se recroquevillant sur elle-même après que son interlocuteur lui a raccroché au nez.
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Quinze minutes plus tard, Joakim pénètre dans la maison Wills en poussant vivement la porte d’entrée ; elle n’était pas fermée et il n’y a apparemment personne dans la pièce principale. Le jeune bauer cherche rapidement la blondinette.
— Pauvre conne… grince-t-il en trouvant finalement la chambre de la prétendue suicidaire.
Il la retrouve assise par terre telle une gamine capricieuse et ne constate pas la moindre goutte de sang autour d’elle.
— Tu vas me payer ça, tu le sais au moins ? la prévient-il, furieux d’avoir été pris pour un idiot.
Il jette aussitôt un regard sur la pièce pour remarquer une décoration plutôt sobre. Étrange, connaissant la personnalité superficielle et très féminine d’Amy Wills : il l’aurait plutôt imaginée dormir dans des draps roses, aux côtés d’une coiffeuse où s’accumulent mille pots de fond de teint entamés et cinq cents tubes de rouge à lèvres hors de prix. Au-dessus de son lit, il remarque quelques photos de Paris, ce qui le surprend, car jamais il n’aurait pu imaginer qu’elle pourrait s’intéresser à autre chose qu’à sa propre personne.
— Comment un être aussi malin que toi a pu se faire berner par une stratégie aussi ridicule ? Tes sentiments pour moi ont été plus puissants que ton intelligence, lui sourit tendrement Amy en levant tristement dans sa direction ses yeux rougis par les larmes.
Son cœur bat à tout rompre comme jamais et c’est avec une tristesse bien palpable qu’elle ajoute :
— Et sache pour ta gouverne que ce n’est pas parce que je n’ai pas fait de bêtise que cela ne peut pas encore se produire ! Tu devrais prendre soin de moi…
— Je vais te faire interner.
— Demande-leur de te réserver une chambre à toi aussi alors, parce que tu ne vaux pas mieux que moi ! assure Amy en lui attrapant soudain la main pour l’inciter à s’asseoir à ses côtés, sur le sol.
— À quoi joues-tu ? Que recherches-tu ? J’avais pourtant cru être clair la dernière fois… soupire Joakim, l’air las, en se laissant glisser le long du mur.
— Tu fais le fort, le fier, tu me regardes avec mépris et pitié, mais tu ne te rends pas compte que tu es aussi cassé que moi. On est pareils.
— Mais bien sûr.