— Ri..Riley… ? Qu’est-ce que… ? Bafouille maladroitement Erika, le cœur battant, dès que sa meilleure amie lui rend enfin ses lèvres.
L’adolescente cligne des yeux d’un air interloqué et cherche désespérément quelques réponses dans ceux de son interlocutrice qui vient surement de lui faire une plaisanterie de très mauvais goût.
— Je crois que je n’ai pas besoin de te faire un dessin. Et comme tu peux le voir, je ne peux plus être ton amie, Erika, parce que je veux être plus que ça. Alors, si tu ne partages pas cette idée, tu dois t’en aller maintenant, et m’oublier, annonce calmement Riley, sans l’ombre d’une hésitation et avec une assurance qu’elle a rarement possédée.
Erika en reste dubitative.
Dos au mur, elle balbutie quelques interrogations, tout en faisant un pas en arrière. Un frisson lui parcourt l’échine et ses doutes et angoisses se bousculent dans son esprit, quand soudain, sa réflexion s’arrête brusquement et son corps décide pour elle. Elle a un choix à faire et une chose est sure, ce n’est pas en restant bêtement plantée qu’elle le fera, alors…
Maladroitement, elle se laisse tomber sur son interlocutrice pour l’embrasser timidement, le cœur battant à tout rompre. Après tout, cela n’engage à rien. Cela ne mange pas de pain. Il faut simplement se laisser aller… Ne pas vraiment réfléchir. Se laisser porter par cette vague étrange emplie de sensations nouvelles. La vie est faite d’aventures…
Et puis elle pourrait accepter l’éventualité de la perdre, elle aussi.
Cuz all that you are… / Parce que tout ce que tu es
Is broken inside… / N’est qu’une brisure
But they’ll never know… Mais ça, ils ne le sauront jamais.
They’ll never know… / Non, ils ne le sauront jamais.
Ravie du déroulement des évènements, Riley approfondit tendrement son baiser, tout en l’enlaçant avec tendresse. Dès la fin de leur echange, elle lui prend délicatement la main pour l’emmener dans sa chambre ; sa demi-sœur ne devrait plus tarder à rentrer et elle ne veut pas qu’elle les surprenne.
— Ce soir, on fête l’anniversaire de l’autre cruche, mais j’ai invité quelques d’amis moi aussi, tu veux venir ? propose Riley, l’air enjoué, une fois dans son antre.
— Moi, aller à la fête de Molly ? grince aussitôt Erika, presque avec dégoût. Je préférerais encore me couper un membre, je crois !
— C’est plus un prétexte pour faire la fête qu’autre chose, lui assure Riley en riant. Ne crois pas que je vais la calculer non plus ! Nos parents ne sont pas là, ça va être une soirée de folie ! Allez vient, stp !
— Mais il y aura surement les Watcha Say… grince Erika, amère.
— Certains, oui, enfin je pense, je n’en sais rien, soupire Riley, haussant les épaules. Mais tu t’en fiches, car tu seras avec moi ! On restera avec les autres, et puis voilà. Allez, dis oui !! S. T. P. !!! Pour moi !!
— Manipulatrice… Mais d’accord, Ok. Soupire Erika, un peu perdue et rougissante, esquissant ensuite un petit sourire timide, tout en dévisageant de la tête aux pieds son interlocutrice. Dis, tu m’en veux beaucoup si je te dis que les cheveux lisses, ça ne te va pas du tout ?! Enfin, c’est pas moche non plus, mais ça te…
— Pas la peine de faire ta petite tête! rit aussitôt Riley pour l’interrompre dans sa tirade, avant de sauter sur ses lèvres rosées et pulpeuses, l’air souriant et heureux. Promis, je vire mon lissage avant ce soir, mais toi, de ton côté, tu me coiffes tes merveilleux cheveux et tu révèles ta beauté naturelle ! Marché conclu ?!
L’air gêné, Erika bafouille une acceptation timide entre deux battements de cœur. Elle ne sait plus où se mettre tant sa gêne est immense, mais paradoxalement, cet enchevêtrement de sentiments nouveaux et étranges ne lui déplait pas tant que cela non plus…
Très vite et après quelques discussions échangées, les deux jeunes files éclatent de rire dans une osmose telle que la jeune Bauer n’a jamais eu avec personne d’autre. C’est ce qu’elle se dit à cet instant, dans un soudain moment de lucidité qui la rend soudain très heureuse. Elle est à sa place, entre ses bras…
« Aimer, c’est le métier des femmes. » [Claude-Joseph Dorat]
Si l’amour était un délit nous serions deux coupables. Moi de t’adorer, et toi d’être adorable.