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Pendant ce temps, Andréas Cobain, chez lui, fulmine de ne pas avoir pu rejoindre ses amis aujourd’hui.
Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus eu une telle crise d’asthme et cela l’effraie aujourd’hui, car il avait commencé à prendre goût à cette vie presque normale qu’il possédait depuis son entrée dans l’adolescence. Son asthme allait en s’améliorant et il n’avait presque plus rien à s’interdire. Il était fier d’avoir défié les pronostics des médecins en étant capable, parfois, de courir un cent mètres ! Il était même souvent cité en exemple par eux, lorsqu’ils devaient remonter le moral à d’autres asthmatiques : « Accroche-toi mon garçon, je connais un jeune homme, Andréas Cobain, eh bien tu sais qu’il… »
Et voilà que désormais le destin décide de lui retirer ce qu’il semblait lui avoir accordé.
Dans un coup de rage, il se leva alors d’un bond de son canapé pour courir dans son jardin dans le but d’enchainer quelques figures de breakdance.
S’il devait retomber dans cette « vie de merde », autant qu’il crève dès aujourd’hui !
Il ne tolérera plus jamais cette vie de petit assisté faible et fragile, tout cela est révolu. Il n’a plus la personnalité pour être cette larve. Celui que l’on met de côté pour tout à cause de ses « poumons pourris », comme lui-même les désigne toujours avec rage.
Plus jamais il n’ira une fois par jour chez son médecin, plus jamais. Son entourage ne pourra comprendre ses réactions, il en est conscient, parce que personne ne réalise ce que peut être sa vie ! Il s’effondre soudain au sol en respirant difficilement après une figure compliquée, il respire bruyamment, puis se relève péniblement pour se trainer à l’intérieur afin d’apaiser ses poumons en feu grâce à sa ventoline.
Kurt arrive à ce moment-là, inquiet d’avoir entendu son fils tousser et suffoquer. Ces crises sont sa hantise la plus profonde.
— Andreas ? Ça va ? Il demande avec appréhension tout en se rapprochant de son enfant unique pour s’asseoir à ses côtés sur le canapé.
— Oui, t’inquiètes, papa, je me sens déjà beaucoup mieux, ment sans attendre. Andréas en dévisageant son père avec émotion.
Il se souvient de ce qu’il avait dû endurer pour se tenir devant lui aujourd’hui.
Comment avait-il fait ? Andréas ne se sent pas capable de marcher sur les traces de l’héroïsme de son père. De cet homme qui s’est remis d’une tumeur au cerveau, luttant au fil des années pour recouvrer toutes ses capacités intellectuelles. La vie n’avait pas épargné ses parents et Andréas le réalise encore aujourd’hui. Qu’il n’est pas donné à tout le monde d’accomplir des exploits.