*
Quelques heures plus tard, elle rentre chez elle afin de se changer, de prendre une douche, avant de se rendre à son lycée. Elle se sent confiante et de bonne humeur, assez heureuse au souvenir de ce qu’elle a vécu la veille.
Joakim accapare la moindre de ses pensées alors qu’elle ouvre son casier pour y ranger son sac de la veille. Elle repense à ses lèvres, à ses coups de reins… Quand soudain son petit ami la prend dans ses bras en arrivant par derrière. Il la salue avec tendresse, l’embrasse, avant de repartir dans son propre couloir.
Elle en meurt de honte, de sa gentillesse. Comment a-t-elle pu l’oublier ainsi ? « Que lui a-t-elle fait… » Elle redescend sur terre et réalise.
Trisha qui arrive à son tour vers elle, rayonnante et souriante, riant de potins après l’avoir enlacée, lui brise aussi le cœur. « Que lui a-t-elle fait, à elle aussi… »
— Ça ne va pas ? questionne la rouquine, l’air sceptique. Tu as une petite mine. Tu n’es pas malade, tout de même ? Je viens de te dire que California for Queens vient d’être renouvelée pour une 3ᵉ saison et tu n’as même pas bronché. Je m’inquiète ! Qui êtes-vous, jeune fille ? Rendez -moi ma meilleure amie !
— Je… je suis juste un peu crevée, j’ai mal dormi hier !
Mentir ainsi est horriblement douloureux. La blondinette en a l’estomac retourné.
Joakim arrive à cet instant pour enlacer délicatement sa rousse. Il l’embrasse avec douceur, devant la blondinette qui se fige en silence devant la scène. Elle l’observe avec détresse alors qu’il ne lui offre, à elle, qu’un profond désintérêt, comme d’habitude.
Elle comprend aussitôt que leur petite folie de la veille ne devra jamais être révélée, mais pourtant, son cœur saigne désormais comme jamais. Joakim Bauer sait réellement se montrer cruel et insensible, mais il ne la surprend pas ; elle commence à le connaitre. Son palpitant se serre au souvenir de ses caresses et elle s’en veut qu’il batte autant pour ce monstre…
Il s’éloigne de sa rousse après leur échange de baisers. La blondinette n’attend pas pour attraper les deux mains de sa meilleure amie, le regard suppliant, les larmes aux yeux. Elle s’excuse pour tout : son comportement, sa méchanceté, les paroles idiotes proférées chez elle, nourries par une ignoble et infondée jalousie… et autre chose, uniquement en pensées. À ce souvenir, elle en a encore honte, d’aimer le même homme que sa plus grande alliée dans la vie…
— Je t’en prie, ce n’est rien, c’est déjà oublié ! sourit Trisha en la serrant fort contre elle.
— Je suis tellement désolée, tellement désolée… bafouille Amy dans ses bras. Pardonne-moi… Pardonne-moi… Pardonne-moi… Pardonne-moi…
— Je te promets que tu es pardonnée ! Alors arrête de pleurer, tu vas faire couler ton maquillage, rit Trisha d’un air gêné.
Elle ne comprend pas la réaction de son binôme, qui lui parait heurtée pour des broutilles, alors que des accrochages d’un acabit similaire, elles en ont connu d’autres ! Sans jamais se détester ni se séparer pour autant !