Ces trois minutes passées à danser avec ce type, qui savait à la fois l’excéder et l’envoûter comme personne, feront partie des plus beaux moments de la vie d’Amy Wills. Durant ce court instant, elle se laissera complètement aller, en laissant même tomber ses armes et ses barrières, pour se blottir très vite et tendrement contre lui. Le tout, dans le plus grand des silences. Aucun des deux ne prononcera le moindre mot. Pour la première fois depuis tellement longtemps, Amy éprouvera enfin un sentiment d’épanouissement. Entière. Légère. À sa place. Sur un nuage… Les lueurs du night-club camoufleront habilement ses joues empourprées et c’est sans la moindre honte qu’elle sentira soudain, en plongeant dans le regard du jeune Bauer, son cœur battre la chamade comme il avait rarement battu.
Mais, toutes les bonnes choses ayant une fin, ce slow langoureux s’achève à la fin de la chanson de renom de Céline Dion, et Joakim n’attend pas une minute pour revenir vers son canapé dans le but de se servir un nouveau verre. Il est assoiffé. Sa partenaire revient avec hâte s’asseoir à ses côtés, l’air guilleret. Poli, il lui sert alors à elle aussi un nouveau verre. Sans prononcer un mot, il le lui fait aussi corsé que le premier, et ce, même s’il la sait déjà saoule. Les filles ne tiennent décidément très mal l’alcool… qu’il rit en pensée, en réalisant que malgré son désormais manque de sobriété bien flagrant, sa voisine boit une fois encore son verre cul sec. Il insiste de nouveau et avec ironie sur le fait qu’il ne la raccompagnera pas lorsqu’elle ne sera plus en mesure de rentrer chez elle et qu’elle ne doit pas compter sur lui pour cela. Cependant, elle éclate de rire et se jette sur lui avec un regard pétillant d’une nouvelle intensité, ce qui surprend le jeune Bauer sur le moment.
— T’es vraiment un connard, lui sourit-elle, affectueusement en plus, juste avant de s’emparer de ses lèvres pour un baiser langoureux que Joakim ne refuse pas, allant même jusqu’à le prolonger, à la caresser vicieusement…
La température grimpant très vite, Joakim susurre alors avec perversion :
— Je connais un hôtel pas très loin…
— Qu’est-ce qu’on attend, alors ? Lui renvoie aussitôt sa partenaire, le bas-ventre déjà en ébullition, tout en lui mordillant sensuellement le lobe de l’oreille.
Ils se relèvent du canapé à l’unisson et filent vers la moto du jeune Bauer, puis dans une chambre d’un petit hôtel de plage… Le tout sans échanger la moindre parole. Joakim reste silencieux, Amy respecte son désir de silence, elle n’ose tenter quoi que ce soit qui mettrait fin à une soirée qu’elle considère magique…
La façon dont il l’a poussée en avant sur le lit pour la prendre par derrière, juste après s’être déshabillé et enfilé un préservatif, a quelque peu choqué Amy, mais elle arrive toutefois à prendre du plaisir dans ces brusques pénétrations. Elle ne s’attendait pas à des mots doux ni à être déshabillée sensuellement avant de passer à l’acte, mais elle doit avouer qu’elle n’espérait pas se voir ainsi considérer comme un objet sexuel. Il semble la traiter tel quel et, après l’avoir secouée pendant quelques minutes en levrette, il la retourne et lui indique de se mettre sur le dos, sur le lit. ravie, elle obéit, espérant un deuxième round en missionnaire, avec de longs échanges de baisers excitants…
[ Le manipulateur est un dealer, il vous livre ses doses, vous rend dépendants, et s’enrichit en vous méprisant. – J. Eldi]
C’est mal connaitre Joakim. Il lui attrape les jambes et les pose sur ses épaules à lui, pour les maintenir en l’air et la prendre en hauteur. Ainsi, elle ne peut approcher son visage quand lui a une pleine vue sur le sien secoué de spasmes et ses seins qui ballotent de haut en bas avec vivacité, entrainés par ses vifs coups de bassins. Elle en crie d’excitation. Ces deux positions restent une première pour la blondinette, mais elle les adore, avec lui ! Noah n’a pourtant jamais osé la prendre ainsi, sans doute parce qu’il ne vaut pas son cousin au lit ! Elle halète, gémit, sue et hurle son premier orgasme.
[ Il y a deux sortes de femmes. La femme-bibelot que l’on peut manier, manipuler, embrasser du regard, et qui est l’ornement d’une vie d’homme. Et la femme-paysage. Celle-là on la visite, on s’y engage, on risque de s’y perdre. – Michel Tournier ]
Il passe à la vitesse supérieure et lui grimpe dessus. Ravie, ses cuisses l’enserrent rapidement. Elle adore sentir désormais son bas-ventre cogner contre le sien à chaque pénétration, elle voudrait lui attraper les lèvres pour l’embrasser, mais il lui maintient les avant-bras au-dessus de sa tête, avec sa main droite. La gauche maintient le haut de son corps en l’air pour lui donner de l’impulsion pour la secouer toujours plus. Son cœur s’affole, elle lâche un deuxième orgasme dans un cri strident. Elle est folle de lui…
[ C’est souvent avec une femme idiote qu’on peut vivre en bonne intelligence. – Albert Willemetz ]
Dès la fin de l’acte, il s’assoit sur le rebord du lit le temps de reprendre son souffle ; elle tente de se rapprocher de lui pour lui embrasser ses épaules nues et musclées qu’elle adore. Il la repousse légèrement. Pas trop de proximité non plus. Elle comprend le message et se recule au milieu du lit.
Hésitante à prendre une douche, avec lui de préférence, elle le voit se relever et commencer à se rhabiller. L’air intrigué, mais également un peu inquiet, elle le questionne timidement :
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Ça ne se voit pas ? Je m’habille.
— Oui, je sais, mais pourquoi ?
— Parce que je n’ai plus rien à faire ici, mais la chambre est payée jusqu’à demain, alors tu peux rester si tu veux. Bonne nuit ! termine-t-il dans une dernière tirade avant de s’éclipser de la pièce.
Il laisse derrière lui une jeune fille qui va commencer à se faire rattraper par la réalité de ses actes. Quel couteau dans le dos vient-elle de planter dans le dos de deux êtres pourtant chers à son cœur ? Elle finira la nuit dans cette chambre, plus seule que jamais et lasse de réaliser que finalement, elle ne vaut pas mieux que sa dépravée de mère. Deux êtres solitaires et destructeurs qui savent saisir leur bonheur quand celui-ci leur est accordé. Pourtant, et malgré cette sombre constatation des moins flatteuses, la jeune fille n’éprouve aucune culpabilité pour cette nuit délicieuse. Quelqu’un d’autre s’effondrerait et pleurerait toutes les larmes de son corps d’avoir été traité comme de la chair humaine, tandis qu’elle est plutôt satisfaite de ces deux orgasmes. « Elle a finalement eu ce qu’elle voulait ! Elle l’a eu dans son lit, lui ! Tout le reste n’a plus d’importance. »