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Au même moment, Joakim coince son ancien collègue de Crew dans un couloir isolé de son lycée.
Celui-ci en bégaie quelques phrases maladroites, dont un « pousse-toi », ainsi qu’un « qu’est-ce que tu veux, bouge de là ! »
Il est stressé de voir son ex-ami planté devant lui, avec toujours ce petit air malveillant des mauvais jours qu’il aime tant esquisser pour impressionner…
Mickaël le connait bien, cet enfoiré qui lui exprime actuellement sa sensation de victoire.
— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, annonce calmement le jeune Bauer en vérifiant qu’autour de lui il n’y a pas d’oreilles indiscrètes.
— Lâche-moi les couilles, cingle le Drifterz déchu. Je suis au courant pour l’équipe de foot, mais tu fais erreur sur mon compte, et…
Il s’interrompt avec surprise, car la main de son interlocuteur se jette soudain sur son cou pour l’agripper furieusement et le soulever du sol. Il s’en étrangle, en tousse et essaie de se débattre, mais Joakim le maintient dans les airs et le fusille d’un regard noir :
— Je sais tout, alors économise ta salive et disparais. À tout jamais.
— Et puis quoi encore ! répond Mickaël en gesticulant.
Énervé, il tente de lancer son pied dans l’abdomen de son ancien ami, qui le plaque fortement contre le mur derrière, avec plus de violence.
— Je t’ai dit que tu vas disparaître ! Et dans le silence, en plus ! Dès la fin de la journée, tu n’existeras plus dans cette ville ou même ailleurs. Pour ton bien et celui des tiens, il ne faudra jamais que je te retrouve. Tu m’as bien compris ?
Joakim débite sa réplique avec tant d’assurance que son interlocuteur en reste perplexe et terrifié. Une fois reposé sur le sol, il bafouille, avec stress et angoisse :
— Mais ça ne va pas la tête ? ! Si… Si tu veux te venger de l’autre soir, viens, on s’en colle deux dans la gueule, boum boum boum, et on n’en parle plus ! Sois fair-play ! Sale lâche ! crache-t-il avec courage.
Il termine sa phrase en se protégeant aussitôt le visage avec ses avant-bras, comme s’il se préparait à recevoir des coups. « Ce connard est une brute, il le sait ! », se souvient-il avec terreur.
— Ça serait trop facile, rit Joakim avec sadisme. Je préfère que tu perdes tout, et surtout cette sœur que tu aimes tant. Après, si tu veux que je m’occupe d’eux, je peux le faire… Mais tu peux aussi les épargner et choisir de souffrir seul.
— Va chier, j’ai pas peur de toi ! Je sais où tu habites ! Alors, fais pas le con !
— Toi, tu n’as peut-être pas peur, mais elle, à ton avis… Que ressent-elle ?
Le monde s’effondre sous les pieds du brun quand son ex-camarade lui montre soudain, via son iPhone, quelques photos de sa sœur, blessée au visage, ligotée, dans une pièce sombre. Un garage, sans doute…
— Joyce ! Oh bordel, comment as-tu osé ? Espèce d’enfoiré ! C’est ma sœur, sale fils de pute !
— Tout comme Alarich est mon frère.
— Je… je… balbutie Mickaël avec effroi, choqué que son ex-ami sache pour l’agression qu’il a commise.
Il en déglutit de honte, l’air gêné, désemparé. Il pâlit, se racle la gorge puis reprend :
— Tu, tu… Tu n’aurais jamais dû faire ça, on ira voir les autorités, tu as signé ta perte ! Tu te rends compte que tu te balades avec une photo de Joyce blessée dans ton portable ! Je t’ai connu moins crétin que ça ! Tu es foutu !
— Si tu es si sûr de pouvoir me faire tomber, pourquoi trembles-tu ? sourit le jeune Bauer, l’air serein.
— Où est ma sœur ! ! Libère-la sur-le-champ ! Tu as commis trop d’erreurs ! Tu es foutu, on te dénoncera, je te dis !
Il tente le bluff, se gratte le menton de stress et tente de fusiller son interlocuteur, avec une terreur palpable cependant. Ses jambes flageolent et trahissent sa panique.
— Je ne commets jamais d’erreurs, soupire Joakim. Mais si tu veux la mettre en danger pour essayer de me défier, vas-y. Sache que j’ai juste un mot à envoyer pour lui faire subir les pires atrocités. Parce que ces quelques plaies ne sont rien à côté de ce qui pourrait lui arriver dans quelques minutes. Tu me connais, tu sais que je n’hésiterai pas, en plus… Tu veux vraiment qu’il arrive quelque chose à ses jambes ? Alors qu’elle a peut-être une longue carrière dans la danse qui l’attend ?
— Fils de pute… Tu n’oserais pas.
— Donc, tu me défies ? C’est ton dernier mot ?
Le regard du jeune Bauer brille d’un feu ardent. Son interlocuteur le ressent et se pétrifie sur place.
— Arrête ! craque-t-il avec désespoir. C’est bon, tu as gagné, libère-la, pitié…
Il s’effondre et tremble de tous ses membres. Ses paumes se plaquent sur son visage pour cacher ses larmes…
— Disparais ce soir sans laisser de traces, et si je ne te retrouve jamais, il n’arrivera rien à ta famille. Par contre, si jamais j’ai le malheur de te recroiser, rien qu’une seule fois… je peux te dire que là… tu envieras le destin de Sanders.
— Admettons que j’accepte, que feras-tu de ma sœur…
— Elle sera libérée sur le champ et reprendra le cours de sa vie. Comme si de rien n’était.
— Et qu’est-ce qui me prouve que tu dis vrai… ?
— Absolument rien ! C’est à toi de voir si tu veux tenter de me défier ou pas.