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Furieuse, elle ne laissera pas passer ce comportement odieux ! Un coup d’œil sur son iPhone lui permet de constater l’heure et de décider de se rendre illico chez son compagnon pour le voir en personne !

Elle arrive devant la demeure Bauer vers vingt heures dix avec une certaine appréhension dans laquelle se mélange un peu de honte, saupoudrée par une évidente angoisse. « Zut, pourquoi n’avait-elle écouté que sa colère et sa rancœur ? Sortir ainsi avec rage alors que sa mère l’a prévenue que son idée restait ridicule et impolie vis-à-vis des parents de son petit ami ? Ils dinent peut-être tous en famille actuellement et la jugeront surement très négativement pour sa venue à l’improviste… »

Elle trépigne face à la maison aux grandes baies vitrées, sans oser descendre les quelques marches devant elle, malgré qu’elle entende de la musique alternative se diffuser : il y a quelqu’un à l’extérieur ! Sur la terrasse en contrebas ! 

Motivée de réaliser cela, elle pénètre dans la salle de danse d’Erika pour l’y trouver en tenue de sport. La jeune fille en soupire de soulagement, moins honteuse que si les parents de son petit ami la surprenaient trainer devant chez eux.

— Coucou, Erika ! lance-t-elle très vite en arrivant vers l’adolescente qui bondit soudain dans sa direction.

— What the fuck, Trisha ? Qu’est-ce que tu fous là ?

— Bonjour, d’abord ! Enfin, bonsoir ! Je… comment dire…

— Il n’est pas encore rentré, il doit être chez Kristofer ! lui apprend d’une traite son interlocutrice avec assurance. Vous aviez rendez-vous et il t’a posé un lapin ?

— Du tout… Je voulais juste le voir.

— Je vois… Hum… Évite à l’avenir ce genre de visite imprévue, il déteste ça ! Alors du coup, je ne lui dirais rien, pour ta survie. Fais de même !

— Vraiment ? grince la jeune fille rousse, blessée. Je ne suis pas n’importe qui, quand même…

Son cœur se serre puis elle reprend, d’un air bougon, mais également avec une infinie tristesse :

— Je sais ce que tu penses de moi… Et, comme tu peux le voir, oui, je me suis accrochée… Malgré tes paroles… Et tu penses que je n’aurais pas dû…

— Uuuuhhh… Je sais que j’ai été un peu méchante avec toi, la dernière fois. Alors, je te présente mes excuses ! renvoie Erika avec un petit sourire penaud et taquin. Je voulais surtout l’embêter, lui, parce qu’on venait de se disputer pour une broutille. Ce n’était vraiment pas contre toi ! Par contre, je dois m’entrainer avant qu’on passe à table, alors tu dois filer ! Déso ! 

— Il n’y avait donc pas le moindre soupçon de vérité dans tes paroles ? Vraiment ? Reprends la rouquine avec suspicion et intérêt, tu peux me le dire, tu sais, ça ne changera rien à ma relation avec lui, alors s’il y a quelque chose que je dois savoir, s’il te plait…

Son interlocutrice l’interrompt pour lui clarifier la situation :

— En fait, je n’ai jamais vu de filles entrer réellement dans sa vie. C’est la seule chose que je voulais dire, de façon très maladroite, je te l’accorde, mais cela ne veut rien dire, ne t’inquiète pas ! Tu es peut-être la bonne, qui sait ? Je n’ai simplement pas l’habitude, moi, en tant que sœur, de le voir dans une relation sérieuse. Alors, surprends-moi !

La rouquine sourit et reprend espoir suite à ces paroles qui lui réchauffent le cœur. Elle se sent soudain très heureuse. Ragaillardie. Son côté enjoué revient au galop :

— On va essayer, alors ! Du coup, tu ne saurais pas où habite Kristofer, toi ?

— Oh mon dieu, tu veux aller là-bas ? Je t’ai proposé de me surprendre, pas de te suicider… s’esclaffe l’adolescente brune.

— Mais je gère, ne t’inquiète pas pour moi !

— Il vit à Long Beach, je peux t’écrire l’adresse, si tu veux !

— Ça sera parfait ! Merci, merci ! Tu es géniale ! s’extasie de joie Trisha, aux anges.

— D’accord, je te fais ça, sourit la danseuse en attrapant une feuille de papier et un stylo dans son sac à dos posé près de sa chaine hifi. Par contre, je ne te demande qu’une seule chose en retour de ce service : c’est de ne JAMAIS lui dire qu’il vient de moi.

— Comment ça ? En quoi est-ce que cela est un crime ?

— Parce qu’il ne me l’a donnée qu’en cas d’urgence, s’il se passe un truc grave à la maison, quand nos parents sont absents. J’ai interdiction d’y aller, sauf s’il est question de vie ou de mort. Je dois aussi m’abstenir de divulguer cette adresse à quiconque… 

— Oh là là, le casse-pieds, je ne vois pas en quoi il fait un tel monde de l’adresse de son pote !

— Ah bah ça, c’est Joakim, tu te rendras vite compte qu’il est très secret. Comme là, ce soir, mes parents croient qu’il bosse un projet pour le lycée, chez un pote ! Il n’y a vraiment qu’eux pour être aussi aveugles à son sujet !

— En tout cas, merci encore, tu es adorable ! sourit Trisha en récupérant l’adresse écrite sur un bout de papier, par son interlocutrice.

— De rien, c’est ma façon de me faire pardonner pour ma méchanceté à ton égard ! Mais je compte sur toi en retour pour ne pas me balancer, car je suis à l’aube de ma vie et j’aimerais vivre encore quelques années de plus !

L'Améthyste