~ 063 ~

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Après la fin des cours, en milieu d’après-midi, Trisha et Amy réalisent que les jardins de leur lycée semblent plus agités que d’ordinaire…

Les Drifterz utilisent les lieux comme terrain pour leur parkour du jour. Le regard de la rousse, pétillant d’amour et d’admiration, se précipite immédiatement sur Joakim, tandis que celui de son binôme évite Noah pour rester dans le vague, ou sur n’importe qui, ou n’importe quoi. Cette attitude entraîne une suspicion évidente : 

— Est-ce qu’il y a quelque chose dont tu voudrais me parler ? 

— De quoi ?

— Toi et Noah, tu es sûr que ça va ?

— Oh, tu ne vas pas recommencer avec ça ! souffle Amy en réponse, agacée.

— J’ai vraiment l’impression que tout n’est plus comme avant entre vous, tu as l’air distante avec lui et il n’a plus l’air de t’émerveiller…

— N’importe quoi ! On a juste terminé l’étape du tout beau tout niais, où on piaille d’excitation en permanence.

— Mouais… Vos « débuts » n’auront pas duré un mois… Tu vas me dire que vous êtes déjà un vieux couple ?

— En plus, je ne vois même pas sur quoi tu te bases pour dire qu’on n’est plus comme avant. Si c’est parce que je ne m’enjaille plus dès qu’il saute partout, ça ne veut rien dire… C’est juste que ça ne m’émoustille plus. Il est croisé avec un kangourou, même quand on est juste tous les deux, et ça m’insupporte. Mais ça, tu ne peux pas comprendre, car ton mec, lui, il sait se tenir en société.

— Tu vas un peu loin, rit Trisha avec étonnement, ce n’est pas parce que Noah est énergique qu’il est ridicule, au contraire ! 

— Alors, vas-y, sort avec lui, je t’en prie ! Laisse échapper son binôme avec aigreur en se surprenant elle-même une fois que ses lèvres ont lâché sa bombe.

— Je vois, soupire la rouquine en continuant de fixer son petit ami qui escalade un mur avec le blondinet du Crew. Il te saoule, tu en as marre de lui, tu ne le supportes carrément plus. Tu as prévu de rompre ?

— Non, car je l’aime bien. Je suis bien avec, il est adorable, cool, gentil… Mais tu ne peux pas me comprendre, parce que, toi, tu as chopé l’inaccessible qui a, en plus, une classe folle. Tu peux donc te vanter fièrement à ses côtés, en sachant que tout le monde t’envie encore davantage qu’à l’époque « Joey » ! Tandis que moi, je me coltine l’autre…

La compagne du jeune Bauer écarquille ses grands yeux bleus et dévisage sa meilleure amie d’un air ahuri :

— C’est moi ou tu idéalises Joakim ? Et où est-ce que tu vois que je me pavane à ses côtés ? C’est à peine si l’on est ensemble, au lycée, quand il daigne y venir ! Il est si distant qu’il m’arrive même de me demander si l’on est réellement un couple, ou si je suis sa poupée gonflable qu’il appelle quand il s’ennuie, quand il a un trou à meubler dans son temps libre ! Tu dois arrêter de l’idéaliser en rabaissant ton copain plus que parfait, car tu ne pouvais pas rêver mieux que lui !

— Je sais, et c’est justement ça le problème, il est trop parfait.

— Moi qui pensais que tu avais changé et avais pris goût aux canards, plaisante la rouquine pour égayer leur conversation. Bref, il va falloir que tu le quittes…

— Nan, je te dis que j’aime bien sa présence.

— Oui, mais non, tu ne le respectes pas et il ne doit pas être ta peluche qui occupe tes longues soirées d’ennui. C’est dégueulasse !

— Bah si, il le peut. La preuve !

— Arrête, c’est pas drôle, s’agace Trisha en fusillant sa meilleure amie du regard.

— Ne t’inquiète pas, s’il était malheureux, il m’aurait quittée, lui sourit-elle avec fierté. Il me garde parce que je suis un bon coup, et moi, parce que c’est un canard dévoué ! Tout le monde y trouve son compte !

 Son interlocutrice feint de rire, mais cette conversation la dérange au plus haut point. En effet, dans le comportement de son binôme, elle revoit la façon dont Joakim la traite elle-même… Les deux se ressemblent énormément et semblent considérer leurs partenaires comme des jouets à utiliser quand ils le désirent.

L'Améthyste