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Joakim visait juste. Son ami Alex visionnait en effet les infos le soir où la Californie apprenait l’incendie de Black Coat Press, mais cela ne lui procurait qu’un étrange sentiment de suspicion et de dégoût. 

Il cherche à présent Trisha au lycée, avec un air sceptique peint sur le visage. Si Hajer, aidé par Joakim, pouvait bruler une maison d’édition réputée, il comprenait que la rouquine devait s’éloigner de celui qui, par ses actions malveillantes et sa mentalité, ne saurait jamais la rendre heureuse. « Joakim est un bon pote, mais certainement pas un conjoint décent. »

Il ne prononcera pas les mots de cette façon devant la jeune fille, préférant d’abord prendre gentiment la température de son couple afin de s’enquérir de son éventuel épanouissement dans sa relation…

Celle-ci se braque immédiatement, exaspérée d’entendre constamment qu’elle et Joakim ne peuvent pas former une union saine et équilibrée. Après Amy, qui lui trouve tous les défauts du monde et Noah qui préconisait de ne pas s’attacher à lui… Voilà qu’un autre camarade vient lui recommander de rompre ! 

Alex comprend sa réaction et s’excuse pour ses paroles, tout en les justifiant par le fait qu’il craint que son collègue de Crew ne lui brise le cœur, parce que Joakim « n’est pas ce qu’elle pense ». Lui qui ne s’officialise jamais et considère les femmes comme des plans cul. Elle doit le savoir, elle qu’il apprécie pour sa droiture. « Elle mérite un mec bien. »

Dans un monde idéal, elle le choisissait pour compagnon, à la place de Joakim,  car elle lui plait depuis le début de l’année… 

Trisha le remercie chaudement de sa sollicitude, de son affection et de son désir de soutien quand il l’imagine malheureuse en amour, tout en le tranquillisant rapidement :

— On est bien ensemble, je t’assure. 

— Vous ne faites pourtant pas grand-chose, tous les deux, rappelle le brun à son interlocutrice et amie, alors que, si mes souvenirs sont bons, tu étais souvent avec ton ex. Non ?

— Ce n’est pas vrai, Joey était beaucoup avec son équipe ! 

— Ah ouais ? Tu es sûre ? Moi, je crois quand même me souvenir que tu le voyais quand même tous les jours, lui ! Et sachant que Joakim ne vient pas toujours au lycée… Bref, je ne l’imagine pas du tout t’envoyer des SMS le soir, ou t’appeler. Je me trompe ?

Alex rit. Visualiser son camarade dans le rôle du compagnon idéal l’amuse, tant l’image lui semble ridicule et impossible. 

— T’es pas sympa, souffle tristement Trisha, en fronçant les sourcils dans un mélange de dépit et de colère. Je te dis que je suis bien avec lui, et tu continues d’essayer de me faire douter de lui. C’est dégueulasse… 

— Je tiens à toi, et je ne veux pas qu’il te brise, lui murmure son interlocuteur et ami dans le creux de l’oreille. Du coup, si tu es heureuse, ça me va. Si tu as besoin de parler de quoi que ce soit qui pourrait t’affecter, comme ce qui arrive à Sanders, je suis là pour t’écouter.

— Je suis triste pour lui, mais il a essayé de se servir de moi pour s’en sortir, du coup, je me fiche de ce qui peut lui arriver, reprend-elle d’un air gêné en le repoussant doucement.

Elle rougit de leur proximité et de son souffle chaud dans son cou. Quelques regards à droite et à gauche la rassurent sur le fait que personne ne les observe : elle ne souhaite pas que Joakim ressente, à tort, un éventuel sentiment de jalousie devant une scène pareille !

— T’inquiète, il est en bas avec Hajer, rit Alex avant de se préparer à tourner les talons pour s’éloigner. Du coup, je te laisse, mais on se revoit à la pause !

Il sourit et détale à grandes enjambées, tandis qu’elle se dirige vers sa propre salle de cours en espérant y retrouver rapidement son compagnon.

De son côté, Alex reste dépité de la réaliser accro à son comparse Drifterz. S’il n’appréciait pas autant Hajer et Joakim, il aurait pu les faire tomber tous les deux, pour la récupérer. « Parce qu’il n’est pas dupe devant cette histoire de maison d’édition cramée ! Il la voit d’ici le scénario, lui ! Le neuneu du Crew a pété les plombs en brulant Black Coat Press, avant d’appeler Joakim à l’aide, car terrifié à l’idée de finir en taule ! » Les mains profondément enfoncées dans les poches, Alex soupire en espérant qu’un jour, Joakim lui sauvera aussi la mise ! « Pour ne pas être bon qu’à lui piquer des meufs ! » Il se remémore ensuite que l’an dernier, son comparse proposait à son père un nouvel emploi, une semaine après son licenciement… Trop heureux pour son paternel, Alex n’avait pas cherché à comprendre comment il lui avait déniché ce poste. Il en soupire désormais encore plus, blasé de se souvenir que celui qu’il juge très négativement aujourd’hui reste un incroyable allié sur qui l’on peut toujours compter…

L'Améthyste