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— Je vais rouler doucement, lui assure Joakim d’une voix plus chaleureuse.

Il s’amuse de la voir se tortiller derrière lui pour essayer de se caler correctement. Il se retient d’en rire.

— T’inquiètes, c’est pas grave. Je serais coiffée comme un hérisson à l’arrivée, c’est tout, boude-t-elle. Une heure de brushing pour rien, pas de soucis. Et avec un peu de chance, je ne perdrais pas un talon en com…

— Tu n’as besoin ni d’une coiffure ni d’artifices pour être la plus belle, l’interrompt Joakim en se retournant vers elle pour lui tendre son casque. Tiens, mets ça.

— Oh, merci. Mais, et toi ? sourit-elle en rougissant, touchée par ses compliments.

Elle se love ensuite contre son dos et l’agrippe doucement.

« Finalement, il reste gentil, au fond… », songe-t-elle, émue, tandis qu’il démarre son véhicule, sans un mot de plus.

— Il y aura qui, ce soir ? lui demande-t-elle en relevant la visière de sa protection de tête.

Elle parle fort pour qu’il l’entende, tandis qu’il roule à une vitesse très raisonnable ; lui qui d’ordinaire se plaît à frôler la contravention…

— Que tu connais ? Euh… personne, répond-il en s’arrêtant à un feu.

Il pose un pied à terre et attend qu’il passe au vert.

Trisha en profite pour continuer la conversation :

— Il y aura surement le fameux Kristofer, du coup !

— Toi, tu as trop trainé avec le crew, souffle Joakim d’un air blasé.

Dès qu’il pourra repartir, il accélérera jusqu’à ce que le vent contre ses oreilles l’isole de ces insipides ragots féminins… « Il n’a pas signé pour ça, bordel ! »

— Je plaide coupable ! s’amuse Trisha.

— Dis-leur d’aller se faire foutre quand tu les entends parler de moi.

La jeune fille rit d’un air gêné, puis reprend.

— Oh, mais ils ne disent jamais rien de grave…

Le feu passe au vert et Joakim redémarre, à une vitesse qui force désormais la rouquine à s’agripper plus fermement à lui, en silence.

— On est arrivés, informe le jeune homme dix minutes plus tard.

— Waouh ! Je savais que tu habitais à Santa Monica, vu que Noah nous a dit un jour que vous étiez voisins, mais waouh ! Tu es carrément sur la plage ! s’émerveille-t-elle en relevant de nouveau sa visière pour admirer l’océan sur lequel se reflète la lune.

Son partenaire dégaine sa clef qui ordonne aux portes automatiques du garage de s’ouvrir. Il range rapidement sa sportive à l’intérieur et ajoute :

— En effet. Le sale blond vit dans la maison à gauche.

— Oh, énorme ! Mais en fait, comment ça se fait que des fois, même lui, n’a plus de nouvelle de toi pendant des jours, alors qu’il est juste à côté ?

— J’ai besoin d’un Doliprane… souffle Joakim en s’étirant après avoir rangé sa moto. 

— Tu es en train de me dire que je parle trop, là, ou je rêve ?

— Tu ne rêves pas, rit Joakim en traversant le couloir intérieur de chez lui pour aller ouvrir la porte principale de sa maison.

— En fait, je vais faire comme si je n’avais rien entendu ! La bave du beau gosse n’atteint pas la merveilleuse princesse ! renvoie Trisha sur un ton faussement hautain.

Elle le suit et ajoute, heureuse : 

— Votre salon est joli ! J’adore ces baies vitrées partout !

— Tu ne t’arrêtes décidément jamais.

— Et si je le faisais, tu te sentirais comment ? Parce que moi, je peux te le dire ! 

— Ravi ?

— Que tu es petit, Joakim Bauer, petit ! Tout petit ! Minuscule ! réplique Trisha en mimant une voix de sorcière de contes pour enfants.

Ils rient, grimpent au deuxième étage, puis empruntent un passage extérieur qui mène à une large salle insonorisée, dédiée aux fêtes de la famille. Piste de danse, décorations festives, cabine de DJ, fauteuils en alcôve, lumières de boite de nuit : l’endroit parfait pour tout type de célébrations…

Prenant la main de sa rousse, Joakim l’entraine au fond de la pièce et se rapproche pour lui parler contre l’oreille à cause du volume de la musique avec lequel Kristofer semble jouer…

— Tu m’excuses deux minutes ? En attendant, fais comme chez toi.

Sa phrase terminée, il abandonne la demoiselle pour s’en aller discuter avec son ami.

Trisha patiente sagement sur un tabouret de bar, devant une table en verre, intimidée par l’endroit et par ces visages qu’elle ne reconnait pas. Des invités du gérant de l’empire Peninsula. Pas réellement des camarades, juste de la masse afin de créer une foule festive.

Alors qu’elle s’apprêtait à envoyer un message à Amy pour savoir comment se déroule sa soirée de son côté, avec Noah et d’autres Drifterz, elle sursaute en réalisant qu’une jeune fille s’adresse à elle :

— Coucou, tu es sa nouvelle poupée, je suppose ? lui grince Erika avec une grimace de dégoût.

Elle observe son frère aîné d’un air blasé.

— Euh… Enchantée, moi c’est Trisha ! Et toi, tu es ?

— Erika. La sœur du type qui va bientôt te sauter avant de te jeter comme une merde.

— Euh… Pardon ? Je ne te permets pas, s’offusque Trisha en remettant nerveusement son téléphone dans son sac à main.

Elle n’aura finalement envoyé qu’un smiley à sa meilleure amie.

L'Améthyste