~ 041 ~

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La vision de son cadet qu’il retrouve finalement, couché face contre terre, dans un coin reculé de la plage où personne ne traine jamais, lacère le cœur de Joakim. Il hurle aussitôt avec effroi : 

— Alaaarich ! 

Il tremble de tous ses membres devant ce spectacle ignoble. Le sol s’effondre sous ses pieds alors qu’il se réalise, pour la première fois de son existence, impuissant face aux évènements…

Sans attendre, il s’agenouille auprès de son frère pour lui balbutier avec désespoir, tout en le tapotant délicatement. Avec terreur, dans un bégaiement maladroit, il le supplie :

— Dis-moi que tu es vivant… Pitié…

— Joa-im… lui renvoie immédiatement son cadet d’une petite voix, avec son habituelle difficulté à prononcer les « K ».

Il reprend lentement connaissance et semble apeuré.

Son aîné pousse une longue inspiration de soulagement et l’attrape au plus vite pour l’enlacer chaudement. Il l’aide ensuite à se relever sur ses petites jambes. 

Du bout des doigts, il lui nettoie le sable qui salit son tendre minois et l’observe de haut en bas pour s’assurer qu’il va bien, mais il aperçoit soudain une vilaine écorchure sur son arcade sourcilière droite… Joakim voit rouge.

Un gouffre s’ouvre de nouveau sous ses pieds. Qui a osé ?

Son impuissance à défendre les siens lui serre la gorge alors qu’il se perd dans de sombres idées de vengeance. 

Il tente cependant de garder son calme devant son frère afin de ne rien laisser transparaitre. Il ne doit pas l’effrayer…

— Peux-tu me raconter ? lui demande-t-il d’une voix plus douce en lui remettant en place une mèche de cheveux brun ébène, comme sa mère. 

— Donné mot, balbutie Alarich en ouvrant sa paume droite pour dévoiler un papier froissé que Joakim récupère vivement.

— Toi pas échant, ajoute immédiatement le petit brun avec angoisse.

Ses yeux s’humidifient devant la haine qu’il voit bruler dans le regard de son aîné. Il ne veut pas…

Désespéré, il sanglote et lui agrippe son sweat-shirt tandis que Joakim s’esclaffe de façon machiavélique devant le message… Dont l’auteur vient de signer sa perte !

« Reste loin de Trisha et le triso vivra heureux ! »

Joakim en reste béat, choqué de réaliser l’absurdité de l’agression de son ange. « Un abruti jaloux aurait donc osé toucher à son frère en s’imaginant lui dicter sa conduite, par la peur et les menaces ? », analyse-t-il, hagard. Il hallucine, serre ses poings si forts que les jointures de ses doigts en blanchissent.

— Oa-iim ? Toi pas méchant, répète son cadet dans un sanglot. 

Il ne veut pas que son aîné s’énerve, il cherche à le rassurer, à lui garantir qu’il va bien, avant de lui demander, armé de son plus tendre sourire, de revenir chez eux. « Qu’il a froid et souhaite retrouver Eri-a ! »

Dans un état second, enveloppé par cette haine qui le consume lentement, Joakim réfléchit déjà aux futurs sévices de Joey Sanders pour avoir osé toucher à son frère. Ce type doit payer pour sa connerie ainsi que sa folie !

— On y aaa ? l’interpelle de nouveau Alarich en fronçant désormais les sourcils. Mai-on !

— On rentre, oui, réagit enfin son interlocuteur dans un soudain retour à la réalité.

Il attrape doucement la main de son petit frère pour revenir tranquillement chez eux.

— Toi pas mé-ant ! insiste encore Alarich avec anxiété. 

— Bien sûr ! Ne t’inquiète pas, lui ment Joakim pour le rassurer.

Il lui offre un sourire affectueux, alors qu’une promesse, qu’il se formule à lui-même, résonne déjà dans son esprit embrumé par la haine…

« Je te détruirais, Joey Sanders. Je vais tout te retirer, t’arracher tout ce que tu chéris le plus, jusqu’à ta liberté, et c’est dans ta gerbe, tes larmes, que je te regarderais te rouler, implorant la mort de venir te sauver de l’horreur de ta vie anéantie. Tu as signé ta perte, ce soir. »

 « Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle ? »

[Bouddha]

• Parodie •

L'Améthyste