— Tu veux boire quelque chose ? propose gentiment Raphaël une fois dans le salon avec son fils.
Quelques collègues passent et repassent autour d’eux.
— Non merci, lui répond son rejeton avec nonchalance.
— Je te fais visiter ? On a du temps à tuer, ma réunion a été annulée, alors si tu veux, je peux t’emmener au studio d’enregistrement et te faire découvrir mon métier !
— Tu joues à quoi papa ? Est-ce que j’ai l’air d’en avoir quelque chose à foutre ? Envoie sèchement Joakim avant de se laisser tomber sur le canapé de la salle d’attente.
Il regrette désormais de ne pas avoir fait demi-tour à l’instant où il a aperçu les manifestants commencer à se rassembler…
Dix minutes plus tard et tandis que son paternel a rejoint ses collègues, un quadragénaire arrive joyeusement vers lui pour s’exclamer dans sa direction.
— Bonjour ! Tu es Joakim ?
— Aux dernières nouvelles, oui.
— Ah ah j’en étais sûr, je t’avais reconnu ! Je suis Mike Keller ! Mais tu ne dois pas te souvenir de moi, alors que je t’ai connu tout petit !
Un rire énervant accompagne la réplique et le lycéen en souffle de lassitude, tandis que lui reprend avec entrain :
— Ma femme est la meilleure amie de ta mère, tu dois la connaître un peu mieux, elle ! Paula !
— En effet, soupire Joakim avec désintérêt afin de montrer à son interlocuteur qu’il pourrait aller trainer ailleurs.
— Tu veux que je te fasse visiter nos locaux ?
— Hum, pourquoi pas ! Je commençais justement à m’ennuyer ! Accepte brusquement le jeune Bauer dès qu’il réalise que son père l’observe au loin.
À cet instant, le cœur de Raphaël se serre de le voir ainsi filer avec son ami. Il continue toutefois de poursuivre sa conversation avec un autre de ses collègues, tout en se sentant humilié par le comportement de son rejeton.
Vingt minutes plus tard, Joakim revient de sa petite virée. Il affiche un large sourire et semble discuter cordialement avec son guide.
Raphaël s’intrigue alors et n’attend pas pour se diriger vers eux d’un pas rapide.