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Le lendemain, en milieu d’après-midi, Andreas Cobain bouillonne de rage alors qu’il se précipite chez son ami Noah, animé par une fureur qui lui donne l’énergie de presque rivaliser avec les plus grands marathoniens ! Il arrive de l’université, à pieds, car on lui a confisqué son vélo ! « Soi-disant qu’il valait mieux pour lui qu’il rentre en bus désormais ! » Ou en voiture avec ses parents… « Jamais de la vie ! » avait-il hurlé. « Plutôt crever sur le champ que de subir cette humiliation ! » Il préfèrerait mourir que de voir un adulte venir le récupérer sur le campus. « Ses géniteurs sont complètement tarés, ou quoi ? » Il fulmine de colère et pourrait tout casser !
Les mains tremblantes de rage, il doit parler au blond de son Crew au plus vite. Logiquement et selon ses souvenirs de l’emploi du temps du jeune Beckers, celui-ci devrait le trouver chez lui à cette heure-ci, puisqu’il ne trainait pas avec les autres Drifterz. Andréas craint évidemment que ce traitre soit allé flâner ailleurs… Il aurait alors parcouru tout ce chemin pour rien ! Autant avouer que cette possibilité l’énerve encore plus. L’explosion approche ! Sans attendre, il sonne en trépignant sur le tapis « bienvenue » des Beckers.
— Yo, tonton Spaguetti ! s’exclame joyeusement Noah en ouvrant la porte de chez lui. Tu as eu de la chance, un peu plus et tu ne croisais pas la star ! J’ai rendez-vous avec mon club de fans !
— Je suppose que tu sais pourquoi je suis là ! fulmine Andréas en commençant à serrer les poings jusqu’à en ressentir de la douleur, vu que tu sais tout au sujet de ton Bff, binôme, et blablabla !
Une palpable aigreur, jalousie, rancœur, s’échappe des lèvres du jeune Cobain.
— Je suis censé savoir quoi, au juste ? nie aussitôt Noah en tentant de ne pas perdre sa bonne humeur, mon petit doigt me dit que tu es en colère contre Joakim ! Alors, qu’est-ce qu’il t’a fait cette fois ?! Il t’a piqué un cahier pour colorier des bites dessus ?
— J’ai pas envie de rire Noah !
— Ah zut, dommage…
— Par sa faute, je dois rentrer chez moi immédiatement après les cours, désormais ! Je n’ai plus de vélo et ne dois plus trainer avec le groupe ! Et si je désobéis, ma mère me fera suivre par quelqu’un qui se chargera de me ramener dès la sortie du campus, déballe Andréas dans une tirade nerveuse et désespérée. C’est un connard, pourquoi il m’a fait ça ? Pourquoi ? Est-ce que tu étais au courant, toi ? DIS-MOI LA VÉRITÉ !
— Je ne suis au courant de rien… Mais tu es sûr que ça vient de lui ?
— Oui ! Il a dit à ma mère que trainer avec le groupe est mauvais pour ma santé. Il a ajouté que je n’arrête pas d’abuser avec vous, que je fais des crises d’asthme à répétition et que je vous inquiète terriblement !
— Sérieux… ? s’interloque Noah en se retenant un rire devant une évidente et ridicule plaisanterie.
Il reprend ensuite gentiment pour réconforter son interlocuteur qui trépigne de nervosité :
— eh bien… Peut-être qu’il s’inquiète réellement pour toi…
— Joakim ne s’inquiète pour personne ! crache Andréas.
— Du calme… Je comprends que tu sois en colère, mais il a surement ses raisons.
— MAIS JE N’AI JAMAIS FAIT DE CRISE AVEC LE CREW ! éclate-t-il furieusement. D’où est-il allé chercher ça ? Tu veux que je te dise, il est mauvais et ne voulait que m’évincer ! Il m’a toujours détesté !
— Non, il ne te déteste pas, rassure le blondinet, bref, si je comprends bien, tu veux que je lui parle, c’est ça ?
— Ça serait gentil, oui ! S’il te plait ! Je veux qu’il m’explique !
— Dans ce cas, vas-y et demande-le-lui toi-même, ironise Noah d’un air taquin.
En effet, le jeune Beckers sait bien que, dans leur groupe, personne ne s’adresse jamais directement à Joakim, même lorsqu’ils nécessitent certains de ses services…
— Tu as plus d’influence sur lui, se justifie honteusement Andréas dans un raclement de gorge, du coup c’est mieux que tu lui parles, toi.
— Et du coup, qu’est-ce que tu aimerais que je lui dise ?
— Je voudrais qu’il change d’avis sur l’intérêt de son acte… s’il pouvait parler de nouveau à ma mère pour retirer ses mensonges, elle me rendra surement ma liberté ! Parce que là, je vais devenir fou… je t’en prie, aide moi… je suis à deux doigts de finir à l’asile…
— Je comprends et je pense que je peux faire ça, conclut Noah, peiné par l’évidente détresse de son ami et interlocuteur.